Monopoly Gamer : Champignon sur rueTest JDS

Monopoly Gamer : Champignon sur rue

Tout le monde connaît Monopoly. À chacun ses histoires d’horreur liées de près ou de loin à ce classique du jeu de société. Parties jamais terminées, banquiers peu honnêtes, dés non coopératifs, banqueroute dès les premières minutes, la liste des plaies à même de transformer la moindre partie en longue séance de torture est longue. En clair, Monopoly a fait son temps et les joueurs sont passés à autre chose depuis belle lurette. Pour toutes ces raisons, et aussi parce que nous faisons un peu ce que nous voulons, jamais nous n’aurions ne serait-ce qu’un instant imaginer parler de Monopoly. Et puis Monopoly Gamer est arrivé.

Ce n’est pas tant le fait que cette version soit grimée aux couleurs de Mario et compagnie qui nous a fait changer d’avis. Après tout, les Monopoly Nintendo, Pokémon, et même Zelda nous ont toujours laissé de marbre. Non, c’est plutôt le fait qu’il s’appelle Monopoly Gamer qui éveille la curiosité. En plus de nous interpeller directement, nous autres joueurs, le titre traduit surtout un fait désormais inattaquable : jusqu’alors, Monopoly n’a jamais été un jeu pour joueurs.

Alors que nous réserve ce Monopoly pour joueurs ? Déjà une refonte majeure dans le système qui se joue désormais aux points. Points ou argent, c’est du pareil au même direz-vous. Oui et non, car sans placer l’argent au cœur de la machine, les joueurs ne risquent plus l’élimination directe et peuvent donc rester en course jusqu’à la fin. La fin, justement, est désormais fixée d’avance et calibrée pour qu’une partie ne dépasse pas l’heure. Généralement, on se situe même aux alentours de la demi-heure ou des quarante-cinq minutes de jeu. Une véritable révolution dans le monde de Monopoly ! Comment cela se passe ? Par un nombre prédéterminé de boss à battre. À chaque fois qu’un joueur fait un tour de plateau et franchit la case de départ, un nouveau boss apparaît. En configuration maximale, c’est-à-dire à quatre joueurs, il y a huit boss en tout. Cela signifie qu’en moyenne, chaque joueur réalisera deux tours de plateau puis ce sera terminé. On est loin, très loin des incalculables tours de pistes de l’édition normale !

Le temps de jeu restreint entraîne forcément quelques autres refontes dans l’approche de la partie. Par exemple, les joueurs n’auront plus vraiment le temps de capitaliser sur les propriétés achetées, qui reprennent au passage les différents niveaux de l’univers Mario, avec les châteaux de Peach et de Bowser pour remplacer la rue de la Paix et les Champs Elysées. Le mécanisme de loyer à payer si on atterrit sur une propriété appartenant à un autre joueur est toujours d’actualité, mais avec seulement deux tours de piste devant soi, il ne faut pas vraiment compter sur de grosses rentrées d’argent. À la place, les joueurs investiront dans les différentes propriétés pour obtenir les points que chaque case peut leur rapporter.

L’autre grosse nouveauté de cette version, c’est l’apparition d’un dé de pouvoirs, à lancer à chaque tour en plus du dé lié aux déplacements. Libre aux joueurs d’avancer puis de déclencher le pouvoir, ou de faire l’inverse, d’utiliser le pouvoir avant d’avancer. Dans tous les cas, les faces du dé correspondent à différents bonus ou attaques donnant un petit goût de Mario Kart à la partie. La carapace verte permet de viser le joueur directement devant soi, tandis que la carapace rouge permet de cibler n’importe qui sur le plateau. La victime choisie devra alors lâcher trois pièces et les poser à ses pieds. Le prochain joueur à passer sur cette case empochera ces sous. À noter qu’en fin de partie, cinq pièces sont automatiquement transformées en dix points. Pour en revenir aux pouvoirs, le dé permet aussi d’activer un POW pour pénaliser l’ensemble des joueurs, de voler directement des pièces à n’importe qui avec le bloups, ou bien de récupérer trois sous auprès de la banque. Et ce n’est pas tout, puisque chaque personnage dispose aussi d’un boost associé à l’une ou l’autre des faces du dé. Mario par exemple, gagnera quatre pièces au lieu de trois s’il obtient les pièces sur le dé de pouvoir. Pour sa part, Peach fait lâcher quatre pièces à sa cible si elle obtient la fameuse carapace rouge.

Les personnages ont également tous une capacité spéciale qui ne s’active que lorsqu’ils s’arrêtent sur une case Étoile. Et c’est à ce niveau-là que l’on remarque surtout l’équilibre bien précaire sur lequel repose le jeu. Alors que l’étoile permet à Donkey Kong de voler trois pièces à chaque adversaire (donc de trois à neuf pièces en fonction du nombre de joueurs), Mario doit lancer le dé et obtenir autant de pièces que son résultat plus cinq. Yoshi peut quant à lui ramasser toutes les pièces déposées sur le plateau, et Peach a le droit de réclamer le loyer pour chaque propriété en sa possession. De grosses disparités entre les personnages, donc, encore accentuées avec les personnages bonus, achetables séparément. Car oui, il est bien possible d’investir dans de nouvelles figurines vendues à l’unité pour gonfler le casting. L’édition de base compte ainsi quatre personnages (Mario, Peach, Yoshi et DK) et il est ensuite possible d’obtenir Mario boule de feu, Mario Tanuki, Luigi, Toad, Rosalina, Diddy Kong, Boo et Wario. À près de quatre dollars le personnage, on se retrouve avec un Monopoly complet bien onéreux… Sachez que l’enseigne Gamestop a l’exclusivité sur une édition collector qui remplace les pièces en carton de l’édition classique par des sous en plastique, et ajoute surtout Bowser aux quatre personnages de base.

Tout n’est pas mauvais dans Monopoly Gamer, à commencer par la qualité du matériel, et le temps de jeu bien écourté. Même si les combats contre les boss n’ont rien de bien palpitants (on lance un dé et puis voilà), leur présence permet donc d’imposer une limite raisonnable aux parties. Le mode Party est lui aussi intéressant puisqu’il confie un groupe de deux ou trois personnages à chaque joueur. C’est certes un peu plus chaotique sur le plateau, mais cela ajoute une très fine couche tactique lorsque les joueurs doivent gérer leur troupe en fonction du tirage de dés, et du personnage qu’il est plus avantageux d’utiliser à ce moment-là.

En marge de tout cela, c’est surtout l’intention de faire évoluer Monopoly qui se dégage le plus de cette boîte. Tout n’est pas encore parfait, et il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour transformer le classique en véritable jeu pour joueurs, mais Monopoly Gamer est une étape significative qui va dans le bon sens. Il ne tient qu’à Hasbro de creuser encore le sujet pour libérer pleinement Monopoly de toutes les vieilleries du passé, injecter de nouvelles règles capables de valoriser les décisions des joueurs et finalement aboutir à un vrai jeu de plateau à même de séduire les joueurs un peu plus chevronnés. L’éditeur l’a déjà fait avec Risk (Risk Europe, Risk Legacy), alors pourquoi pas avec la gamme Monopoly ?

L’édition collector et les Power Packs de personnages bonus.

L'avis d'extralife
  1. Éditeur : Hasbro
  2. Genre : Parcours
  3. Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
  4. Durée de la partie : 30 à 45 mn
  • Monopoly Gamer n'est pas une réinvention totale de Monopoly puisqu'on y reconnaît le système de jeu traditionnel auquel on aurait greffé quelques nouvelles idées pour le rafraîchir un petit peu. Si le résultat est un jeu hélas très déséquilibré en raison des pouvoirs de chaque personnage, cette version se distingue tout de même par un temps de jeu raccourci et un mode Party rappelant presque le chaos d'une course de Mario Kart. Il y a du mieux, mais il reste malgré tout encore des ajustements à opérer pour attirer les joueurs plus expérimentés.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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1 commentaire

  1. Silam
    Silam
    3 août 2017 à 15 h 10 min

    Comment ont-ils pu avoir l’idée de mélanger Monopoly aux personnages de l’univers de Mario ?

Réponse