Silence : The Whispered World 2Test JV

Silence : The Whispered World 2

À une époque où les point and click se tournaient pratiquement tous vers la 3D, les allemands de Daedalic persévéraient dans la bonne vieille 2D en alignant une tripotée d’aventures faites à l’ancienne. À l’ombre de sa série phare, Deponia, le studio livrait ainsi en 2009 The Whispered World, l’histoire d’un clown triste destiné à détruire le monde féerique autour de lui. Bien plus profond qu’il ne le laissait paraître de prime abord, le scénario de Whispered World en aura séduit et surpris plus d’un par le délicat décalage omniprésent entre l’humour de surface et la sombre thématique en toile de fond.

L’aventure du clown Sadwick n’est cependant pas terminée puisque des années après, Daedalic rouvre le portes du monde de Silence pour une seconde histoire intimement liée à la première. Par conséquent, il convient peut-être déjà de répondre à la question qui doit déjà vous brûler les lèvres :faut-il avoir joué à The Whispered World pour apprécier Silence ? C’est en effet préférable. Se lancer dans cette suite sans prérequis nuira clairement à la compréhension générale de l’histoire. Si un joueur n’est pas familier avec le parcours de Sadwick, sa relation avec Noah et les raisons qui l’ont poussées à détruire le miroir de Silence, il passera à côté de tous les enjeux de cette seconde aventure. Vous le savez, un jeu d’aventure dont on ne comprend pas les enjeux se subit plus qu’il ne s’apprécie. Du coup, de tels joueurs ne saisiront pas forcément toute l’importance de la mission de sauvetage entamée par Noah, bien décidé à retrouver sa petite sœur projetée dans Silence. Vous voilà prévenus.

silence_0008Mais les autres, les joueurs ayant parcouru The Whispered World, que peuvent-ils attendre de Silence. Pour commercer un changement évident d’esthétique. Comme dit en introduction, The Whispered World faisait encore partie de la gamme de jeux Daedalic réalisés en 2D. Ce n’est plus le cas avec Silence qui cède finalement aux sirènes de la 3D. Si les décors sont réellement somptueux et que le design des personnages est réussi, la réalisation globale peine tout de même à convaincre et à nous transporter pleinement dans les contrés de Silence. Comme souvent avec ce type de productions c’est du côté des animations que cela pêche. Caricaturales, lentes, peu naturelles, celles-ci nous extirpent sans cesse de l’immersion souhaitée et donnent l’impression d’assister à un mauvais spectacle de marionnettes. Les voix n’aident n’aident guère plus. On sent que les acteurs font de leur mieux mais q’ils leur a probablement manqué un peu plus de contexte durant la prise de son, pas toujours dans le ton.

silence_0003Outre le changement esthétique, Silence diffère aussi de son prédécesseur dans le registre de jeu choisi. On reste dans l’aventure, mais nous sommes ici dans un style bien plus simpliste, reflet évident d’un changement de direction voulu par les développeurs. Dans les grandes lignes, disons que ces derniers ne souhaitent pas piéger les joueurs face à des énigmes trop complexes. En lieu et place, ils comptent avant tout leur raconter une histoire fantastique et les transporter dans le monde de Silence. Ne vous attendez donc pas à un point and click classique avec foison d’items à dénicher. Il n’y même pas d’inventaire à gérer ; lorsque l’un des personnages ramasse un objet, c’est qu’il’doit l’utiliser juste à côté, généralement dans la même scène. L’icône principale se transforme alors pour afficher la silhouette de l’objet en question, ce qui indique que l’item doit être utilisé à cet endroit précis de l’écran. Il y a bien quelques puzzles à franchir, mais qui se résument finalement à trouver dans quel ordre agir avec les différents éléments mis à notre disposition. Rien d’insurmontable donc, et grosso modo, il faudra entre 5 et 6 heures pour terminer ce nouveau chapitre dans le monde de Silence [NDLR : pour les briscards du P’n’C].

silence_0002Les ambitions narratives se retrouvent aussi dans la construction même du titre qui entraîne sans cesse les joueurs vers la prochaine scénette. Il n’y a pas de grandes zones à passer au peigne fin, ni d’aller retour contraignant à effectuer entre plusieurs écrans, juste des tableaux qui se succèdent les uns aux autres, comme les pages d’un livre que l’on tournerait pour connaître la suite de l’histoire. La comparaison n’est pas fortuite car à bien y regarder, Silence passerait presque pour l’un de ces livres interactifs où l’utilisateur est encouragé à cliquer un peu partout dans l’espoir de déclencher des animations à droite à gauche.

silence_0001Et c’est malheureusement là où le bât blesse. Puisque les énigmes sont en retrait et puisque l’interface est pensée pour encourager le joueur à cliquer sans vraiment réfléchir, on se retrouve à résoudre une collection de situations sans queue ni tête. Voyez-vous, si le joueur n’a pas à se creuser la tête, aussi peu que ce soit, pour surmonter des puzzles, le jeu n’a pas non plus à veiller à garder un certain sens de la logique pour le mener sur le chemin de la résolution. Dans Silence, on clique simplement et on observe le résultat, sans trop savoir ce que le résultat sera. L’avantage est que le jeu se montre extrêmement accessible. L’inconvénient, c’est qu’on ne se sent réellement détaché de ce qu’il se passe à l’écran. Si à la rigueur l’aspect narratif se montrait à la hauteur des ambitions, ce ne serait pas vraiment un problème. Hélas, ce n’est pas le cas. Silence ressemble à une collection de scénettes mises bout à bout dans l’espoir de créer un voyage riche en péripéties. Mais en enfilant maladroitement les séquences et en multipliant les ellipses narratives, on se retrouve vite avec un scénario totalement décousu et rempli de personnages dont a vraiment du mal à comprendre les motivations et l’importance de la mission qu’ils se donnent. En résulte donc une aventure que l’on suit de loin, sans s’investir intellectuellement, car il n’y a pas de réels puzzles, ni émotionnellement car la narration n’est pas au niveau. Il y avait pourtant matière à faire beaucoup mieux, en recadrant notamment l’histoire sur les personnages et l’importance de leur mission principale.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Daedalic Entertainment
  2. Editeur : Daedalic Entertainment
  3. Genre : Aventure, Point'n Click
  4. Support : PC, Mac, Xbox One, PS4
  5. Date de sortie : 15 novembre 2016
  6. PEGI : 12 ans
  7. Site officiel : http://www.daedalic.de/
  • silence_jaquetteD'un côté, Silence fait beaucoup penser à ces films d'aventure des années 80 comme Labyrinthe ou L'Histoire sans Fin. Comme eux, le titre de Daedalic nous entraîne dans un monde fantastique intimement lié à la réalité, et nous fait découvrir une accumulation de petites scènes en compagnie de plusieurs personnages extraordinaires. Hélas, Silence manque le coche à plusieurs niveaux et notamment dans sa narration, loin d'être maitrisée. Celle-ci souffre de multiples ellipses qui laissent un véritable goût d'inachevé dans la tête du joueur, convaincu que le sujet méritait un traitement plus approfondi.
2
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

Soutenez ExtraLife

A voir aussi

Réponse