Shiness: The Lightning Kingdom – Quand la lumière projette trop d’ombresTest JV

Shiness: The Lightning Kingdom – Quand la lumière projette trop d’ombres

Son univers, ses personnages, ses couleurs, son système de combat mêlant JRPG et Versus Fighting, tout annonçait Shiness: The Lightning Kingdom comme un bijou. Fier de sa campagne Kickstarter réussie, ce JRPG français se présentait comme une délicieuse baguette artisanale indé qui sentait bon le levain et dont le croustillant faisait rêver. Sur le papier, sa recette avait tout d’un mets gastronomique, porté par l’amour inconditionnel de ses boulangers passionnés ! Malheureusement, lorsque ceux-ci ne parviennent pas à maîtriser la technique, le résultat tombe à plat.

Time to Shiness

Shiness: The Lightning Kingdom est un JRPG français parsemé de plateformes et de versus fighting. Il s’agit du premier jeu développé par le studio indépendant Enigami. Ce titre présente un univers aux atours attrayants, dont la flore et la faune atypiques sont les garants d’une véritable cohérence. On peut par exemple citer les Wakis, une race de petits êtres poilus très sensibles et farceurs, mais dont la force en étonnera plus d’un, ou encore les Shelks, aussi poilus que les Wakis, mais bien plus imposants en termes de stature et de caractère. L’esprit fertile des développeurs a également assorti cet univers d’une mythologie riche, où la nature se trouve par exemple personnifiée en petits esprits adorables. Bref, un monde tel que celui-là a tout pour faire rêver.

Le jeu commence aux côtés du personnage principal : Chado, un jeune Waki rêvant d’aventure et dont les excès de personnalité rappellent un peu Naruto. Aux prises avec des turbulences aériennes, il connait des divergences d’opinion avec son compagnon de voyage, Poky, quant à la manière de survivre. Poky décide de sauter et bardaf, c’est l’embardée. Les deux amis se retrouvent alors séparés, mais feront par la suite en sorte de se retrouver. Après peu de temps, nous apprenons que Chado est capable de parler à un esprit de la nature qu’il est le seul à voir. Il désire trouver les terres de la vie, une sorte de lieu divin. Naturellement, à cause de ses histoires loufoques, son clan l’a rejeté (encore un parallèle avec Naruto). Bref, il est le petit personnage dont personne n’attend rien, mais qui fera la différence dans une histoire qui, au départ, semblait le dépasser totalement. Et lorsqu’il fait connaissance avec Rosalya, une princesse qui a fui un roi au capital sympathie pour le moins limité, nous comprenons rapidement que notre petit poilu va se retrouver au milieu de luttes entre différentes factions. Une quête divine, ce n’était pas assez après tout !

Le character-design est très certainement l’un des points forts de Shiness, en grande partie responsable de l’engouement de la communauté. Les personnages sont tous dotés d’une personnalité attachante, ont un style certain et sont affublés de capacités spécifiques. Chado, notre petit Naruto-like, déborde d’énergie et est aussi adroit au combat que Jet Li. Il peut également apporter son menhir à l’édifice en faisant apparaitre d’énormes pierres qui servent à résoudre des énigmes. Poky, plus court sur pattes et plus froussard, ne se débrouille pas aussi bien en combat rapproché que son ami Chado. Il est un peu le mage de l’équipe et a la capacité de jouer avec les champs magnétiques et les courants électriques. Nous pouvons également citer Kayenne, un télékinésiste plutôt taciturne et aux allures désagréables, qui pique en combat, mais qui donne des impressions de lenteur en raison de sa différence de taille avec les autres personnages. Bref, chaque personnage est unique et bien différencié des autres en termes de caractère et de gameplay.

Arène ton char

Les combats se déroulent en 1v1 et s’avèrent plaisants en début de jeu. Les attaques sont fluides, le système de combat simple à comprendre, ça se présente bien. Il est possible de se déplacer partout dans la zone de combat, à l’instar des affrontements de la série des Naruto Ultimate Ninja Storm, et l’on change de personnage à volonté pendant l’affrontement selon les besoins. Cependant, plus on progresse dans l’aventure, plus les choses se corsent.

Une fois le combat lancé, les personnages se retrouvent au centre d’une arène qui change régulièrement de couleur. Ces couleurs sont d’une importance primordiale, car elles correspondent aux magies élémentaires associées aux différents personnages et en fonction de la couleur, les héros peuvent recharger leurs points magie à la manière de super sayans afin de lancer divers sorts. Si les magies sont plutôt intéressantes, on regrette qu’elles accusent un temps de cast un peu trop long au vu de la vitesse des combats.

En marge de sa magie, le joueur doit apprendre à gérer la jauge de Shi, indispensable au bon déroulement du combat. En respectant le bon timing, cette jauge de Shi permet de parer les attaques ennemies et même de les interrompre. Il s’agit d’ailleurs la plupart du temps de la seule manière de vous sortir d’un combo. Cette jauge fourre-tout sert également à lancer des attaques spéciales qu’il est possible de débloquer grâce à des disciplines : des parchemins que les héros peuvent équiper et maitriser. Le Shi sert enfin à lancer les hypers, des sortes de finish moves puissants qui vident intégralement la jauge. Malheur donc à celui qui néglige son Shi !

Esquive, pouvoirs, combos, super attaques… le système de combat promettait d’être grandiose mais dans la pratique, il s’avère surtout frustrant et difficilement lisible, la faute à des ennemis aussi agressifs que des écureuils enragés dopés aux amphétamines et à une caméra plus que capricieuse, en dépit d’un système de lock pourtant bienvenu. L’ergonomie laisse aussi à désirer, comme le prouve la touche de garde qui, associée à une direction, déclenche une esquive. Dans le feu de l’action, il arrive donc fréquemment d’esquiver involontairement au lieu de se protéger… Les combats sont également contrariés par une IA très inégale : tantôt votre adversaire ne vous laisse pas une milliseconde pour souffler, tantôt l’ennemi tape dans le vide à trois bons mètres de nous. Bref, les affrontements, au départ aguicheurs, se trouvent gâchés par un mauvais équilibrage.

Une expérience plus light que lightning

Esthétiquement, Shiness: The Lightning Kingdom s’en tire plutôt bien. Les décors sont beaux, colorés et donnent corps à un univers charmant. Quant aux musiques et à la bande-son dans son ensemble, un sinesthète dirait qu’elles sont aussi chatoyantes que les environnements. Cependant, il en va autrement du level-design pénalisé par de fréquents allers-retours inutilement longs. Afin de varier l’expérience de jeu, les développeurs ont tout de même eu la brillante idée de parsemer l’environnement de petites énigmes reposant sur les pouvoirs des personnages. Par exemple, les menhirs de Chado permettent d’activer des boutons ou de briser des murs, tandis que Poky peut activer des portes en manipulant le courant électrique et que Kayenne se sert de la télékinésie pour déplacer des objets sur son chemin. À partir d’un moment, les énigmes nécessitent même de combiner les capacités des personnages. Cependant, la grande facilité de la plupart d’entre elles rend ces petits puzzles un peu anecdotiques.

Plus gênant, les faiblesses techniques fondent sur le joueur de toutes parts lors des phases d’exploration et de déplacement. Par exemple, il n’est pas rare que les personnages passent à travers le sol dans les pentes ou soient frappés d’une crise aigüe d’épilepsie lorsqu’ils prennent un ascenseur. Si ces bugs d’affichage ne sont pas catastrophiques en l’essence, ils laissent tout de même un goût d’inachevé. Les phases de plateformes ne sont pas épargnées. En plus de contrôles imprécis, elles souffrent d’une caméra infernale et du choix très discutable d’infliger des dégâts de chute lors de sauts mal exécutés.

Au final, ce sont tous ces défauts plus ou moins lourds qui viennent gâcher un JRPG dont la richesse de l’univers n’avait rien à envier à des productions AAA. Alors que Shiness: The Lightning Kingdom se hisse petit à petit vers des sommets en début d’aventure, la chute n’en est que plus dure lorsque les faiblesses techniques s’amoncèlent et lui font lâcher prise.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Enigami
  2. Éditeur : Focus Home Interactive
  3. Genre : JRPG
  4. Nombre de joueurs : 1
  5. Date de sortie : 18 avril 2017
  6. Supports : PC, PS4, Xbox One
  • Dans l'ensemble, Shiness: The Lightning Kingdom est un beau premier projet, doté d'un univers riche et intéressant. Grâce à un character-design réussi, les personnages sont attachants et nous aident à nous plonger dans une histoire somme toute classique. Malheureusement, le plaisir est incessamment gâché par des faiblesses techniques récurrentes et par un système de combat très frustrant qui ternissent l'expérience de jeu.
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