Figment : Le labyrinthe des méninges

Nombreux sont les jeux d’action-aventure à faire voyager notre esprit dans tous les coins du globe et de l’univers, mais rares sont ceux à pratiquer « l’espriception », en nous poussant à vagabonder dans notre propre tête. Figment se propose d’emmener le joueur dans un monde haut en couleur, au rythme d’une bande-son enjouée afin qu’il découvre le processus à l’œuvre dans la reconstruction de soi suite à un traumatisme.

En voilà une carte originale !

L’entrée en matière est particulièrement marquante par sa simplicité et nous permet de prendre pleine conscience de la puissance du hors-champ. Le jeu commence par les paroles d’un enfant au cours d’un trajet en voiture, témoins par excellence du traumatisme vécu lors de la perte de proches. Si la séquence débute par une banale discussion, elle se poursuit par le bruit de la tôle qui se froisse, pour finir par les gémissements d’un petit garçon qui tente de réveiller ses parents. Le traumatisme installé, les développeurs nous emmènent dans son esprit.

Nous découvrons alors notre avatar, Dusty, censé représenter le courage de l’enfant dans les moments difficiles. Accompagné de Piper, la voix de l’optimisme, Dusty part à l’aventure pour retrouver son scrapbook volé, recueil des souvenirs de ses parents que l’on va devoir réunir afin de finaliser le deuil. Et cette aventure, nous la vivons dans un univers plein de contrastes.

En effet, Dusty est un personnage rondouillard et bougon, armé d’une épée de bois qui se bat pourtant contre des créatures cauchemardesques, le tout dans un monde coloré et aux musiques joviales qui donnent un côté enfantin assumé à l’univers de Figment. Cette opposition entre l’univers, les actions du joueur et le thème abordé constitue en réalité un moyen puissant de véhiculer le message de base et de sensibiliser les joueurs à la problématique du deuil. Difficile de ne pas ressentir une forme de malaise face à la contradiction qui sépare la forme du jeu de son sujet, tout comme il semble difficile de ne pas être troublé par le fait qu’un enfant innocent ait à faire face à la perte de proches et au deuil. Et c’est justement ce malaise qui joue parfaitement le rôle de catalyseur au message.

Au fur et à mesure de nos pérégrinations, les éléments du décor nous rappellent encore et toujours le véritable objet de notre périple : surmonter le deuil au sein de notre propre tête. Ainsi, nous croisons nombre de maisons qui correspondent à des émotions, comme la maison de la colère, celle de la tristesse, ou encore de l’acceptation. Celles-ci symbolisent les étapes et les manières de réagir face aux événements de la vie.

Cependant, tout n’est pas rose dans ce monde de clair-obscur. Là où Figment excelle dans sa direction artistique et dans sa manière de traiter sa thématique, son gameplay pèche par sa facilité. Il s’agit d’un jeu d’action-aventure où le joueur progresse principalement en résolvant des énigmes. Dusty dispose d’un inventaire constitué de différents objets glanés çà et là, qu’il lui faut utiliser pour progresser. Par exemple, certains mécanismes ne s’activent que lorsqu’ils sont équipés d’une pile de la bonne couleur, ou un ascenseur ne fonctionne que s’il possède une plateforme. Ainsi, si elles nécessitent parfois de se creuser un peu la tête, les énigmes ne représentent que rarement un véritable défi. Et il en va de même pour les affrontements, souvent d’une facilité déconcertante et qui ne présentent pas grand intérêt. Il s’agit donc d’un titre à deux vitesses, intéressant pour les amateurs d’expériences originales, mais un peu moins pour les joueurs recherchant un minimum de défi. Dans l’ensemble, Figment attire donc davantage pour son univers artistique et sa thématique que pour sa nature vidéoludique.