Tom Clancy’s Rainbow Six Siege : Ubisoft donne l’assautTest JV

Tom Clancy’s Rainbow Six Siege : Ubisoft donne l’assaut

Après plusieurs semaines de bêta-test intensif, Rainbow Six Siege se soumet enfin au verdict des amateurs de FPS multijoueurs. Motivé par la double ambition de retrouver les racines tactiques de la série tout en l’inscrivant dans la modernité, le titre d’Ubisoft Montréal parvient-il à s’imposer comme une référence du genre ?

Si la licence Rainbow Six dégage une indéniable sympathie, ce n’est pas seulement pour son statut de précurseur dans le domaine du FPS tactique. C’est aussi parce que depuis ses débuts, elle ne s’est jamais laissée enfermer dans une zone de confort et a connu bon nombre de mutations, quitte à faire débat. De la planification ultra-tactique des premiers épisodes à l’approche spectaculaire et relativement scriptée des deux Vegas, elle a subi des évolutions plus ou moins heureuses, notamment lorsqu’elle s’est confrontée au marché des consoles de jeu. Avec Rainbow Six Siege, la série semble vouloir revenir à ses fondamentaux, mais dans le cadre d’un multijoueur compétitif. Avec ses faux airs de Counter-Strike dopé au MOBA, le titre d’Ubisoft Montréal parvient cependant à faire valoir sa propre personnalité grâce à l’accent mis sur le concept de siège. S’appuyant sur un vaste choix de classes (les opérateurs), des environnements entièrement destructibles et un gameplay assez pointu, il délivre une expérience fraîche et originale, dépourvue de sensation de « déjà-joué », ce qui constitue déjà un bon point.

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Les drones ont effectué leur reconnaissance, l’équipe attaquante peut lancer son assaut.

Rainbow Six Siege oppose deux équipes de cinq joueurs dans un contexte classique d’affrontement entre terroristes et forces spéciales. Quelle que soit la mission proposée (désamorçage de bombe, extraction d’otage ou sécurisation de zone), les modalités restent les mêmes : l’équipe assaillante doit parvenir à investir, dans un temps limité, le lieu que l’équipe en défense tente de tenir. Là où cela devient intéressant, c’est que le concept d’environnement destructible, qui a traditionnellement valeur de vitrine technologique, n’a ici rien d’accessoire, tant il innerve le gameplay jusque dans la moindre de ses facettes. Dans un jeu où une simple balle – ou au pire, une courte rafale – suffit à sécher sa victime, sans respawn possible, il convient d’évoluer avec une extrême prudence. Le décor environnant devient alors un appui indispensable dont il faut apprendre à tirer le meilleur parti. Barricader les portes et les fenêtres, renforcer les murs de solides rideaux de fer, piéger les moindres recoins, poser des déflecteurs de grenades et des brouilleurs électroniques… Les défenseurs ne manquent pas de gadgets pour protéger le spawn de départ aléatoire dont ils sont tributaires (impossible de déplacer l’otage, les bombes ou le conteneur biochimique), et le rendre aussi létal que possible pour les assaillants. Ces derniers disposent heureusement de leurs propres ressources pour venir à bout de ce nid de guêpes : masses, explosifs, charges thermiques, boucliers d’intervention, grenades flash ou fumigènes, sans oublier ces drones radiocommandés, voués à repérer les lieux pendant que l’adversaire installe sa défense. Cette phase de localisation préalable ne doit pas être négligée, car elle permet aussi d’identifier les opérateurs adverses.

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Pendant ce temps, l’équipe adverse blinde sa place forte et organise sa défense.

L’un des atouts de Rainbow Six Siege, c’est d’offrir le choix entre 20 classes jouables (10 assaillants, 10 défenseurs). En fonction du type de mission, de la map attribuée, du rôle dans la manche (attaque ou défense) et de la stratégie adoptée, on s’orientera vers les unes ou les autres, sachant que les affinités personnelles devraient idéalement passer après la synergie de groupe. Les 20 opérateurs disponibles couvrent cinq groupes d’intervention très connus : le GIGN français, les SAS britannique, le GSG 9 allemand, le SWAT américain et les Spetsnaz russes. Les agents issus de ces différentes forces en reflètent généralement bien la philosophie (quelque peu brutale pour les Russes, plutôt défensive pour les Français, etc.). Chaque opérateur possède ses armes de prédilection, à sélectionner avant de débuter la mission, ainsi qu’une capacité bien spécifique. Qu’ils soient formés dans le domaine de la reconnaissance, de la démolition ou du combat rapproché, tous ont leur utilité, et si les plus polyvalents sont en général les plus prisés, il convient de ne pas négliger les autres. Spécialisée dans la détection à distance des pièges et des gadgets électroniques, IQ peut faire gagner un temps précieux lorsque la défense n’a pas été localisée. A contrario, les charges à sous-munitions si populaires de Fuze, capables de traverser les murs et de nettoyer une pièce sans même y pénétrer, peuvent représenter un danger pour l’otage à extraire. Certains opérateurs défensifs contrecarrent les capacités d’un assaillant donné (Jagger vs Fuze, Castle vs Sledge, Bandit vs Thermite, IQ vs Kapkan, etc.), mais l’impossibilité d’anticiper les picks de l’adversaire amène à privilégier le teamplay plutôt que les stratégies à la DOTA.

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Le renforcement et la destruction de l’environnement sont au cœur du game design.

La coordination est primordiale : que ce soit en attaque ou en défense, il vaut mieux rester groupé et évoluer prudemment, même s’il ne faut pas négliger la possibilité d’envoyer un ou deux électrons libres prendre les adversaires à revers. Les dix maps du jeu, assez variées et fort bien conçues à une ou deux près (on pense au Club House trop labyrinthique), sont destinées à favoriser les assauts rapides et le combat rapproché, sachant qu’un timer pousse de toute façon l’équipe attaquante à ne pas traîner en chemin. La variante jour/nuit conduit à nuancer les approches, l’éblouissement lié aux contre-jours et l’absence (inexplicable) de lunettes de vision nocturne jouant pas mal sur la réactivité et la précision. Les sensations de tirs, très agréables, s’appuient sur un recul des armes notable ainsi qu’une dispersion et une balistique crédibles. La destruction de l’environnement est astucieusement mise à profit : devoir garder un oeil sur le plafond est un réflexe atypique dans le genre, tout comme tirer à travers les murs pour atteindre l’adversaire dont on a deviné la position, ou encore trouer les parois friables à coups de crosse pour créer des spots de snipe souvent fatals ! Autant dire que dans ces conditions, le sound design revêt une importance considérable ; et la bonne nouvelle, c’est qu’il est tout aussi excellent que la bande-son dynamique se montre convaincante. De multiples petits détails agrémentent encore le gameplay, comme la possibilité, une fois mort, de continuer à épauler ses équipiers en leur signalant la position des ennemis, que ce soit en se servant des caméras de surveillance (défense) ou des drones encore opérationnels (attaque). Ce n’est peut-être pas très réaliste, mais ici, les exigences du gameplay priment sur l’immersion.

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Le lean remplace avantageusement le système de couverture de Rainbow Six Vegas.

L’opposition entre deux équipes hétéroclites de forces spéciales n’a de toute façon rien de très cohérent, et génère même parfois quelques friendly fire dans les situations les plus confuses. Pour permettre d’aborder doucement le 5 vs 5, qui constitue le coeur du jeu, Rainbow Six Siege propose deux modes alternatifs qui font plus ou moins office de tuto. Le mode Situations est constitué d’une série de missions solo destinées à familiariser le novice avec l’ensemble des opérateurs, des maps et des mécaniques du jeu. Vient ensuite le mode coopératif Chasse aux Terroristes, qui nous met en relation avec 4 autres joueurs afin de lutter contre un groupe de terroristes contrôlés par l’IA. Dommage que cette dernière, très erratique, oscille un peu trop entre omniscience éhontée et hébétement préjudiciable. Cette possibilité de s’entraîner seul ou en coopération reste toutefois bienvenue, d’autant qu’elle est l’occasion d’engranger de l’expérience et des points de renommée avant de se lancer dans le Versus. Lesdits points servent à débloquer les 20 classes d’opérateurs (prérequis nécessaire pour pouvoir les incarner), mais également des éléments de customisation pour leurs armes (accessoires de visée, compensateurs de recul, skins…). Il faut quelques heures de jeu pour débloquer l’ensemble des opérateurs, ce qui n’effraiera que les plus impatients – à qui il reste possible de passer à la caisse. Les mêmes seront sans doute chagrinés par l’impossibilité de jouer des matchs classés avant d’avoir atteint le niveau 20, ce qui est pourtant une excellente idée au vu de notre expérience sur ces parties, où on passe à un degré supérieur de skill et de planification tactique (micro-casque et logiciel de chat vivement conseillé).

Outre sa plastique pas folichonne et son faible nombre de maps, le réel défaut du jeu se situerait plutôt dans la performance inconstante de ses serveurs : le matchmaking est parfois fastidieux, et le code réseau, pas toujours irréprochable, est générateur de frustration et de ragequits post-killcams. Ces problèmes restent toutefois ponctuels, et lorsqu’il fonctionne bien, Rainbow Six Siege est un bon FPS multi, inventif et exigeant, vers lequel on revient facilement – ce qui ne trompe pas.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Ubisoft Montréal
  2. Editeur : Ubisoft
  3. Genre : FPS
  4. Multijoueur : mode coop 5 joueurs en local ou en ligne, mode versus 10 joueurs en ligne
  5. Date de sortie : 1er décembre 2015
  6. Supports : PC, Xbox One, PS4
  • rainbow_six_siege_jaquetteRainbow Six Siege est une agréable surprise, qui fait souffler un vent de fraîcheur sur le FPS multijoueur compétitif. Non que le titre d'Ubisoft Montréal renouvelle le genre, mais il se montre suffisamment inventif, cohérent et pointu dans son game design pour convaincre les adeptes d'oppositions tactiques et dynamiques. Il est d'autant plus regrettable que l'expérience soit entachée par la performance inconstante des serveurs. Rien qui n'empêche de profiter du jeu, mais on espère voir ces problèmes réglés dans les futures mises à jour.
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4 commentaires

  1. Siflo
    Siflo
    22 décembre 2015 à 11 h 37 min

    A savoir que siège a quant même pas mal de problème.

    Du genre des bug de pied qui passe au travers des murs ou pire un Netcode à la ramasse. Il y a parfois des décalage monstrueux, on peut se faire tué alors que l’adversaire n’est même pas affiché à l’écran. Ou encor pire les tres nombreux cheater qui pullulent sur la version PC.

    Bref le jeu est vraiment bon mais est vendue à l’état de béta vu le nombre de bug qui ruine l’expérience de jeu.

    1. Paulop
      Paulop
      22 décembre 2015 à 17 h 02 min

      Le dernier patch corrige pas mal de problèmes et il y aura un patch par mois pour améliorer constamment les choses.

  2. Spider
    Spider
    27 décembre 2015 à 13 h 36 min

    Gros coup de cœur pour moi que ce R6, un vrai vent de fraîcheur, ça faisait très longtemps que j’avais pas eu de telles sensations dans un jeu multi/coop.

  3. Flo
    Flo
    22 février 2016 à 17 h 24 min

    Pour ma part ça fait plus de 2 mois que j’y joue , j’ai baissé un peu le pied ces derniers jours, mais ça fait du bien, comme dit dans le test, c’est “un vent de fraîcheur” dans le monde du FPS.
    Le problème habituel avec Ubi c’est les bug, cette fois ci c’était les problèmes serveurs qui sont récurrents tout de même, bien que cela ait diminué.

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