ADR1FT : la d3riv3 au cœur de l’ennuiTest JV

ADR1FT : la d3riv3 au cœur de l’ennui

Depuis son annonce, combien sommes-nous à attendre avec une impatience non dissimulée de pouvoir enfiler le scaphandre d’ADR1FT et d’aller faire une balade en apesanteur ? Hein, Combien ? Bon je ne sais pas mais certainement beaucoup, le jeu de Three One Zero ayant largement, à dessein ou pas, profité du succès du film Gravity et venant qui plus est s’emparer d’un créneau où l’on ne manque pas de place dans le monde du jeu vidéo : la balade spatiale réaliste.

Le parallèle avec le film de 2013 est difficile à éviter tant leurs pitchs et leurs approches des événements sont similaires, soit dit essentiellement pour vous aider à vous représenter l’objet. Dans un avenir proche, une vaste station spatiale se trouve dévastée et tranchée en pièces et débris par un “événement catastrophique”. Un désastre dont seule la commandante Alex Oshima sortira saine et sauve, n’ayant plus qu’un seul et unique objectif : éviter l’asphyxie et remettre en état le module d’évacuation d’urgence. Tâche qui lui imposera de dangereux déplacements, aussi bien à l’intérieur des segments épars de la station que dans le vide de l’espace, en quête notamment de précieux éléments qui pour une raison qui nous échappe n’ont pas été produits en double, défiant la sacro-sainte redondance de la NASA.

Floating in the most peculiar way

Le système de propulsion puisant dans votre réserve d'oxygène oblige à ne pas se déplacer à la va-vite.

Le système de propulsion puisant dans votre réserve d’oxygène oblige à ne pas se déplacer à la va-vite.

Le premier accomplissement remarquable de Three One Zero dans ADR1FT est sa représentation des déplacements au sein d’un environnement dépourvu de gravité. Il n’y ici ni haut, ni bas, pas plus que de gauche ou de droite, ce qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs émus de Descent aux estomacs les plus sensibles. Pour se mouvoir, on fait appel aux nombreux propulseurs de la combinaison E.V.A (pour ExtraVehicular Activity). Oshima peut avancer, reculer, dévier sur la gauche ou la droite, monter ou descendre, en n’oubliant pas que dans le vide, par la magie de l’inertie, la moindre poussée vous laissera dériver sans plus d’effort. On progresse donc par petites pressions sur les touches, compensant ça et là afin d’obtenir la trajectoire souhaitée, en évitant les collisions ou les manœuvres trop brutales qui ont tôt fait de vous lancer dans un tourbillon dont on ne sort qu’au détriment d’une sacrée désorientation et d’un gaspillage de gaz précieux. Ne cachons pas que la prise en mains peut se révéler délicate durant les premières minutes mais une fois le système maîtrisé, on se prend à apprécier la concentration souvent nécessaire pour atteindre son but. D’autant plus que les erreurs de trajectoires ne sont pas gratuites. Petit avertissement aux plus pressés d’entre vous, les déplacements dans ADR1FT sont d’une extrême lenteur.

Il faut que tu respires

Attends, laisse-moi deviner... faut que je le change c'est ça ?

Attends, laisse-moi deviner… faut que je le change c’est ça ?

Malheureusement pour la jeune Oshima, la station n’est pas la seule a avoir subit des dégâts, sa propre combinaison E.V.A déraille à plein gaz, c’est le cas de le dire, ses propulseurs puisant à chaque utilisation dans le même container d’oxygène que celui qui permet à son utilisateur de respirer. Non seulement votre réserve d’oxygène décroît naturellement mais chaque mouvement la réduira encore un peu plus. D’où l’importance d’éviter autant que possible les boulettes coûteuses. Une mécanique intéressante qui conjugue la délicatesse d’un système de déplacement à une menace permanente de suffocation. Un danger particulièrement oppressant lors des sorties entre deux modules. Pour éviter la mort, il faut donc savoir repérer les nombreuses petites recharges d’oxygène flottant joyeusement un peu partout. Seulement voilà, cet aspect survie et stressant d’ADR1FT ne dure qu’un temps. Premier problème, il arrive que tenter d’attraper ces fameuses recharges soit un fichu cauchemar qui au final vous coûte plus qu’il ne vous rapporte et surtout, après quelques heures, la réparation partielle de la combinaison et l’activation de postes de recharge finissent par limiter aux seules grossières erreurs de navigation le décès par asphyxie. On en vient alors à ne se servir de ces canettes qu’en cas d’urgence. Exit le côté survival d’ADR1FT auquel il reste cependant l’aspect aventure. Enfin…

Tu sais où tu peux te le mettre ton Cerebrum ?

Une fois les postes de recharge activés et le recevoir optimisé, l'aspect oppressant tend à s'effacer pour devenir une bête contrainte.

Une fois les postes de recharge activés et le réservoir optimisé, l’aspect oppressant tend à s’effacer au profit d’une bête contrainte.

Pour parvenir à son but final, Alex Oshima doit parcourir chaque section détruite de la station afin de remettre en service le module d’évacuation (appareil que l’on aurait cru plus autonome mais passons). Voilà donc cette brave commandante consultant un terminal de diagnostic qui lui apprend qu’elle a besoin d’un cœur de Cerebrum tout neuf pour réparer un bidule pété, puis un autre terminal qui l’aidera à remettre en marche un système de refroidissement puis un autre… Quand soudain, la joie, la première réparation est effectuée. Youpi ! Il n’y a plus qu’à refaire exactement la même chose ad nauséam, d’autres terminaux, affichant exactement les mêmes images, les mêmes avaries simplement répartis en des lieux différents. Et quand on dit “différents,” il faut bien comprendre que l’on cause localisation et se tenir prêt à traverser des environnements se ressemblant comme deux gouttes d’eau, au point que l’on puisse parfois se demander si on ne s’est pas laissé désorienter pour atterrir dans une pièce déjà visitée. Seules les sorties extra-véhiculaires permettent de profiter d’un peu de fraîcheur visuelle et d’un spectacle magnifique. Il ne fait pas de doute que la décoration intérieure ne soit pas la priorité de l’architecte d’une station spatiale et qu’il y a potentiellement là un soucis de réalisme, mais entre les objectifs redondants et les environnements copié-collés, ADR1FT a vite fait de vous mettre en orbite autour de vous-même. Pire, en l’absence de tout point de repère et de réelle compréhension de l’environnement global, on avance la plupart du temps en suivant bêtement le radar du HUD. Malgré tout, l’aspect atypique de l’expérience, de l’absence de gravité et de l’inertie, parvient à éviter au joueur de sombrer dans un véritable ennui, mais pas d’esquiver une réelle monotonie et quelques soupirs de lassitude la 6ème fois qu’on entend l’ordinateur de bord expliquer que “le cœur de Cerebrum est corrompu“.

Les sorties offrent un spectacle souvent mémorable, que l'on peut revivre dans un mode libre.

Les sorties offrent un spectacle souvent mémorable, que l’on peut revivre dans un mode libre depuis le menu.

Oui, il faut savoir que l’ordinateur de bord parle, enfin disons qu’il lit, ne comptez pas trop sur lui pour vous faire la conversation ou vous apprendre des choses sur ce qui a conduit au bazar dont vous essayez de sortir. Pour ça, vous pourrez miser sur les terminaux personnels remplis d’e-mails ou sur des audiologs qui flottent un peu partout. Un système narratif qui a déjà fait ses preuves mais qui peut également s’avérer assez laborieux. Énormément de messages ne présentent que peu d’intérêt ou se répètent et seule une poignée ont une réelle importance dans la compréhension des événements. Pire, les audiologs, tout comme les fameuses recharges d’oxygène, peuvent par moments être un calvaire à saisir, pour au final ne pas nous apprendre grand-chose de capital. Même en cherchant à en savoir un maximum, le récit de ADR1FT n’est pas franchement passionnant même si on doit lui accorder un très bon point que l’on ne peut malheureusement pas dévoiler ici sans le ruiner.

In fine, que reste-t-il d’ADR1FT ? Une promenade qui sort de l’ordinaire ludique, riche à l’occasion de splendides panoramas mais un peu chiche dans les autres domaines. Si certains titres savent “occuper” le joueur sans pour autant lui donner quantité d’activités (pensons au récent Firewatch), le bébé de Three One Zero a bien du mal à suivre ces brillants  modèles.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Three One Zero
  2. Genre : Aventure
  3. Date de sortie : 28 mars 2016
  4. Supports : PC, PS4, Xbox One
  • logo_adr1ftEn son temps, Gravity fût loué pour son esthétique et souvent critiqué pour son scénario abracadabrantesque. ADR1FT partage avec lui cette cruelle dichotomie. On apprécie cette façon inhabituelle de se mouvoir à coups de « pschitt pschitt » et plus encore le sublime spectacle qui nous est offert lors des sorties, fait de débris tournoyant, de morceaux de station, de rayonnements avec en bonus vue sur la planète bleue. Las, cela ne suffit pas à faire un jeu. Pensé avec la réalité virtuelle en tête, ADR1FT fait figure de vitrine pour cette dernière, voire de démo, plus que de jeu d'aventure palpitant. Une expérience surprenante, atypique, mais qui montre bien vite ses limites.
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Dinowan

Blogueur beauté, Youtubeur megalol, Selfie addict, InstaFoodie

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4 commentaires

  1. Saruhud
    Saruhud
    6 avril 2016 à 15 h 04 min

    Et pour la durée de vie cela donne quoi? (merci pour ces tests francs)

  2. Alouxator
    Alouxator
    6 avril 2016 à 15 h 47 min

    20€ c’est encore un peu cher pour une expérience de 5 heures…

  3. Nalix
    Nalix
    7 avril 2016 à 15 h 11 min

    Merci pour le test, le jeu me faisait de l’œil, mais a en voir ce test, ce n’est pas un jeu sur lequel je passerais des heures, alors à 20€ ça fait cher.

  4. dotcom
    dotcom
    8 avril 2016 à 13 h 47 min

    bref c’est plus de la merde qu’autre chose.

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