Quantum Break mon tripTest JV

Quantum Break mon trip

Une chose est certaine, Remedy aime prendre son temps lorsqu’il s’agit de développer un jeu. Souvenez-vous, il a fallu patienter cinq longues années avant de voir Alan Wake pointer le bout de sa torche. Si le délai a été plus court pour Quantum Break (annoncé durant l’E3 2013), l’attente suscitée par l’œuvre de Sam Lake et de son équipe a été aussi grande. En effet, le projet mêle jeu vidéo et série télévisée sur fond de « rupture du continuum espace-temps », dans lequel certains choix effectués par le joueur ont un impact direct sur le déroulement de l’aventure. Un cocktail détonnant sur le papier, mais décevant manette en main…

Jack Joyce (Shawn « Iceberg » Ashmore) décide de rentrer à Riverport après six ans d’absence. Son meilleur ami, Paul Serene (Aidan « Littlefinger » Gillen), a besoin de son aide pour tester sa toute dernière création, une machine à remonter le temps. Malheureusement, l’expérience tourne mal lorsque William (Dominic « Merry » Monaghan), le frère de Jack, intervient et les met en garde sur les dangers d’une telle entreprise. Mais il est trop tard, une explosion survient et engendre une fracture temporelle. Conséquences directes de cette catastrophe, de fréquentes interruptions se produisent, figeant l’espace et le temps. Jack, qui a survécu à l’explosion, semble y être insensible et découvre que celle-ci lui a même conféré certains pouvoirs. À lui d’en faire bon usage pour réparer l’irréparable et éviter la fin du temps.

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Une des nombreuses interruptions qui se produisent durant le jeu.

Soyons clairs, le scénario de Quantum Break n’est pas un modèle d’originalité. Il en est de même pour son gameplay, qui reprend les codes essentiels du TPS sans pour autant s’adjuger un système de couverture digne de ce nom. Le système de visée quelque peu capricieux vient compléter un tableau déjà assez terne, mais l’ensemble s’avère correct une fois la sensibilité réduite et les différentes aides désactivées. Les pouvoirs du héros sauvent la mise et donnent droit à des séquences d’action plutôt plaisantes, surtout lorsqu’on apprend à maîtriser leur complémentarité. Enfermez un ennemi dans une bulle temporelle, enchaînez avec une accélération pour prendre son acolyte à revers, déclenchez votre bouclier pour absorber les dégâts du sniper hors de portée… Les possibilités sont multiples. On ne peut alors que déplorer leur sous-exploitation dans les phases d’exploration, qui occupent pourtant une large partie du jeu. La faute sans doute à un level design trop restrictif. L’atmosphère « pré-apocalyptique » créée par les nombreuses interruptions s’avère convaincante, en dépit d’une surabondance d’effets visuels nuisant parfois à la visibilité. Cela étant dit, on s’engage volontiers dans cette course contre la montre.

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La bonbonne de gaz astucieusement bien placée. Un grand classique.

Une course qui s’étale sur cinq chapitres, entrecoupés de quatre épisodes d’une mini-série à prise de vue réelle mettant en scène les acteurs qui ont prêté leurs traits et leur voix aux personnages du jeu. Attendu de pied ferme, le mélange entre support vidéoludique et série télévisée déçoit malheureusement sur de nombreux points. La réalisation, d’une part, moyenne dans son ensemble et manquant de panache et de personnalité. La mise en scène, d’autre part, qui enchaîne les clichés et les pointes d’humour ratées. L’idée de présenter les événements du point de vue opposé et ainsi de creuser un autre arc narratif est excellente, mais ne suffit pas pour convaincre le spectateur. Et ce n’est pas le casting, solide mais terni par des doublages inégaux, qui parviendra à rehausser le niveau global de la série. Qu’à cela ne tienne, le système de junction points est présent pour renforcer l’aspect cross media du titre. Ou pas.

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Les effets visuels des différents pouvoirs sont particulièrement réussis.

Chaque épisode est précédé d’une petite phase de gameplay dans laquelle le joueur incarne Paul Serene. Celle-ci se termine systématiquement par un choix crucial, aux conséquences a priori diamétralement opposées. Pourtant, on s’étonne (à moitié) de voir que telle ou telle décision n’a finalement que peu d’impact sur le déroulement du jeu et de la série. Pire encore, on se rend compte que les développeurs ont fait appel à des subterfuges maladroits (on remplace un personnage disparu par un autre, parfois sans réelle cohérence) pour symboliser les conséquences de nos actes. Tout cela pour aboutir à une conclusion identique, dont le twist final un peu trop grossier ne laisse planer aucun doute quant à la sortie d’un ou plusieurs DLC ou d’une suite. Dommage, car comme à son habitude, Remedy soigne la narration et l’univers qu’il crée, en témoignent les très nombreux et très intéressants fichiers vidéo, audio et autres e-mails disséminés ça et là. C’est d’ailleurs ce qui permet de parcourir l’intégralité de l’aventure sans s’ennuyer, même si le sentiment de jouer à un TPS spatio-temporel somme toute conventionnel finit par prendre le dessus.

 

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Remedy
  2. Éditeur : Microsoft
  3. Genre : TPS spatio-temporel
  4. Date de sortie : 5 avril 2016
  5. Supports : Xbox One, PC
  • Quantum Break n'est pas un mauvais jeu. Il livre une expérience sans heurt ni défaut rédhibitoire, mais il déçoit sur de trop nombreux points : scénario bateau, gameplay classique, level design peu inspiré, mini-série médiocre… Même si cela n'est pas une surprise au vu de l'ampleur de la tâche, la composante cross media ne remplit pas le cahier des charges annoncé. Au final, même en ayant bouclé l'aventure deux fois, il est difficile de citer ne serait-ce qu'un passage ou un aspect du jeu réellement marquant. Et ce n'est clairement pas bon signe…
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2 commentaires

  1. Eric
    Eric
    19 avril 2016 à 23 h 55 min

    Merci Sylhas ! Le test ne donne pas très envie d’y jouer, mais ça dois être justifier.

  2. Lautriche
    Lautriche
    22 avril 2016 à 22 h 16 min

    Le retour de Tests bien écrits et francs! Merci!

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