Shadow of the Tomb Raider – L’éclipse totaleTest JV

Shadow of the Tomb Raider – L’éclipse totale

Quasiment trois ans après un deuxième épisode très décevant, Eidos Montréal et Crystal Dynamics associent leurs talents pour clore la trilogie reboot de la saga Tomb Raider. Cette fois, Lara quitte les terres glacées de la Sibérie pour se rendre en plein coeur de la jungle péruvienne, théâtre d’une prophétie maya annonçant la fin du monde. L’occasion pour l’héroïne d’empêcher l’apocalypse et de mettre un terme aux agissements des Trinitaires.

De toute évidence, Shadow of the Tomb Raider se veut bien plus sombre que ses prédécesseurs, tout du moins plus contrasté. Le choix du titre n’est clairement pas anodin, mais ce parti pris se retranscrit également dans le traitement du personnage central. Alors que Lara a vécu une première descente aux enfers dans le reboot de 2013, elle incarne cette fois-ci la source de tous les maux (elle déclenche une série de cataclysmes après avoir mis la main sur un artefact), ce qui la plonge dans la tourmente et l’amène à se questionner sur le bien-fondé de ses actes. Cette tentative de remise en question de la part des développeurs s’avère intelligente et louable, mais est malheureusement tuée dans l’œuf, Lara se voyant irrémédiablement contrainte et forcée de faire fi de ses états d’âme pour survivre dans une jungle luxuriante, étouffante, mais surtout hostile. Entre les différents panoramas façon carte postale, tous plus sublimes les uns que les autres, et les cryptes, tombeaux et diverses cavernes souterraines à explorer à pied ou sous l’eau, les décors jouent plus que jamais sur le clair-obscur, quitte à plonger parfois le joueur dans le noir complet. Cette ambivalence se retrouve également chez l’antagoniste principal, qui n’hésite pas à sacrifier de nombreuses vies pour sauver son peuple et parvenir à ses fins.

Pour couper court à cette entreprise apocalyptique, notre héroïne devra une fois de plus faire montre de ses talents, que ce soit lors des phases de plates-formes ou de combat contre les Trinitaires (entre autres), qui s’appuient sur un level design sans grand génie, mais efficace. L’accent est d’ailleurs mis sur la furtivité (une idée brillante, tant les combats à l’arme à feu sont lourds et imprécis) et l’archéologue a désormais la possibilité de se cacher une fois repérée par l’ennemi et de s’enduire de boue pour échapper au regard des soldats. Malheureusement, le jeu s’embourbe dans des mécaniques certes bien huilées (le fameux arbre de compétences à trois branches), mais manquant cruellement d’originalité et d’inspiration. Le titre donne alors l’impression d’avoir tout donné à la moitié de l’aventure, cette sempiternelle structure narrative alternant exploration et action étant d’autant plus pénible lorsque l’évolution du personnage est si peu sensible.

Où chercher un peu de lumière dans ce marécage d’obscurité ? Certainement pas dans le scénario, bien trop convenu et avare en rebondissements, ni dans les quêtes annexes, peu intéressantes. Il est donc fort regrettable (quoique logique, pour une série intitulée Tomb Raider) de ne trouver la véritable lueur que dans les tombeaux, plus nombreux et plus aboutis que par le passé. Maigre lot de consolation pour les fans, qui étaient en droit d’en attendre plus. Le défi était peut-être trop difficile à relever. En effet, comment mettre un point final aux origines d’une héroïne si profondément ancrée dans le coeur des joueurs ? Un dilemme particulièrement sensible une fois les premières heures écoulées, comme si Eidos Montréal et Crystal Dynamics n’étaient pas parvenus à laisser libre cours à leur créativité afin de rester fidèles à la licence. Au bout du compte, c’est un goût teinté d’amertume qui reste en bouche une fois l’aventure bouclée et le final sans surprise révélé…

L'avis d'extralife
  1. Développeurs : Eidos Montréal/Crystal Dynamics
  2. Éditeur : Square Enix
  3. Genre : Action/aventure
  4. Date de sortie : 14 septembre 2018
  5. Supports : PC, PS4, Xbox One
  • Assurément, Shadow of the Tomb Raider est l'épisode du contraste, au sens propre comme au sens figuré. S'appuyant sur des mécaniques de gameplay solides, un level design soigné et une direction artistique de grande qualité, le titre livre une expérience sans accrocs majeurs, mais ne parvient jamais à briller complètement. À trop vouloir décrire les étapes qui ont conduit Lara à devenir ce qu'elle est aujourd'hui, les développeurs se sont enfermés dans leur propre histoire, figeant la trilogie, ou plutôt le deuxième et le troisième volets, dans un immobilisme coupable. Subsiste néanmoins le plaisir d'explorer les nombreux tombeaux de la jungle péruvienne, véritables bouffées d'air frais qui viennent briser la monotonie du scénario et apporter de la couleur à une oeuvre un peu trop terne.
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