The Room Three : La chambre des secrets

En deux jeux à peine, le studio Fireproof Games s’est taillé une solide réputation chez les amateurs de jeux à énigmes. The Room et sa suite étaient tous deux des petits bijoux, forgés avec soin par des joueurs visiblement nostalgiques de la série Myst et de ses multiples puzzles. The Room Three poursuit dans la droite continuité du second volet en ouvrant davantage le côté exploration et en forçant le trait sur la narration, bien que celle-ci demeure encore très brumeuse. Évidemment, les casse-tête sont toujours de la partie, bien plus nombreux et aussi plus variés.

Au départ, il y avait une simple boîte placée au centre d’une unique pièce. Difficile de se douter que ce joli réceptacle pouvait cacher autant de mystères. Et pourtant, cette boîte serait le ticket d’entrée pour découvrir l’inquiétant et envoûtant univers de The Room. Le terrible secret renfermé au cœur de l’objet était la clé pour pénétrer dans un monde énigmatique, fait de mécanismes complexes et de puzzles alambiqués. Trois ans après, nous abordons le troisième épisode d’une série qui gagne en densité à chaque nouvelle itération. Dès l’épisode deux, la simple pièce de départ avait déjà laissé sa place à de multiples lieux à visiter, et la boîte unique s’était vue dupliquée pour multiplier le défi. The Room Three continue sur cette lancée et, à l’image des différents mondes de Myst, nous permet d’explorer plusieurs zones marquées chacune par une thématique propre. Le jardin, la bibliothèque, l’observatoire, le bureau, l’atelier… Chaque environnement propose ses propres défis concoctés par un mystérieux personnage qui se fait appeler l’Artisan. L’ensemble de l’histoire tourne d’ailleurs autour de cet énigmatique protagoniste qui dit vouloir nous tester à travers ses énigmes.

Comme toujours dans la série, les puzzles sont de diverses natures, brassant des réflexions basées sur l’observation, la mémoire, ou l’utilisation d’objets. Le dosage de ce troisième volet est absolument remarquable et invite ainsi le joueur à toucher un peu à tout en le laissant parfois même s’occuper de plusieurs puzzles à la fois. Face à cette multitude d’énigmes, et probablement aussi parce qu’on ne se sent plus confiné à une petite pièce, l’impression de progresser est bien présente tout au long de l’aventure.

Aventure. Le terme convient admirablement à cet épisode, bien plus d’ailleurs qu’aux deux précédents. Plus que jamais, The Room Three se rapproche de ce que les jeux d’aventure pouvaient proposer de meilleur avant que les jeux d’objets cachés ou autres niaiseries du genre ne viennent tout gâcher. À aucun moment, The Room Three se permet de prendre le joueur pour un idiot. Même si un système d’indices est présent à tout moment pour aiguiller la réflexion, le titre parvient à trouver la juste mesure au niveau de sa difficulté pour atteindre une durée de vie tout à fait correcte. Le jeu propose même quatre fins différentes pour récompenser ceux qui s’écarteront de la simple ligne droite et passeront un peu plus de temps que les autres à explorer chaque recoin de ce qui les entoure.

Beau et intelligent, The Room Three n’est vraiment pas loin du sans faute, mais le frôle seulement. Car il faut bien l’avouer, en dépit de sa réalisation exemplaire et de l’ingéniosité de ses puzzles, il arrive quelques fois que la maniabilité tactile connaisse des ratés malvenus. On pense notamment à ces rares fois où le jeu ne détecte pas nos mouvements, ou nos impulsions, nous faisant penser qu’il n’y a rien à faire à cet endroit précis de l’écran, alors qu’il est bien possible d’interagir. Fort heureusement, ces quelques petits accrocs n’empêchent pas d’apprécier le voyage dans son ensemble et on se perd volontairement dans cet univers qui appelle encore à une suite.