Oxenfree : Loin des yeux, loin du cœur Test JV

Oxenfree : Loin des yeux, loin du cœur

D’abord, il y a cette direction artistique qui flatte la rétine. Des personnages crayonnés que l’on penserait tirés d’un joli film d’animation et qui évoluent dans des décors presque pastels faisant penser, de par leur style et leur perspective forcée, à ce que l’on pourrait trouver dans des livres pour enfants. Cet univers charmant est celui de l’aventure fantastique d’Oxenfree, première création de Night School Studio.

Le pitch d’Oxenfree fait dans le classique. Cinq adolescents se retrouvent sur une île isolée pour passer du bon temps mais leurs plans tournent courts lorsque des éléments surnaturels commencent à faire flipper tout le monde. On oublie alors la soirée tranquille à boire de la bière et à jouer au jeu de la vérité pour tenter de trouver un moyen de quitter l’île au plus vite. Voilà comment démarre cette nuit plutôt mouvementée.

Cinq ados, des bières, une plage isolée... Que peut-il bien se passer ?

Cinq ados, des bières, une plage isolée… Que peut-il bien se passer ?

Sans s’étendre plus que nécessaire sur le sujet, il est intéressant de noter que Night School Studio regroupe d’anciens de Disney et de Telltale, ce qui explique donc la sublime patte visuelle, mais également le style de jeu choisi, largement centré sur la narration et plus particulièrement sur les dialogues. Les discussions entre personnages représentent le pivot central du gameplay d’Oxenfree. À l’instar de bien des jeux narratifs, et notamment les jeux Telltale, le joueur guide le cours des choses en intervenant (ou non, puisque le silence est toujours une option) dans les conversations autour de lui, parfois même sans le savoir puisque la moindre remarque peut avoir quelques répercussions plus tard. Au passage, les réfractaires à l’anglais, peuvent d’ores et déjà passer leur chemin car voix et sous-titres ne les attendront pas. Tout défile rapidement sans aucune possibilité de modifier la langue.

Optez toujours pour la réponse qui vous semble la plus juste à vos yeux.

Optez toujours pour la réponse qui vous semble la plus juste à vos yeux.

Trois choix de réponses sont généralement donnés, il suffit d’opter pour celui qui nous parle le plus afin que le dialogue suive son cours comme si de rien n’était. À ce niveau, Oxenfree réalise d’ailleurs un excellent boulot. Les acteurs livrent une performance impeccable qui donne beaucoup de vie et de caractère à l’ensemble des personnages. Le résultat brille de naturel et se trouve d’autant plus impressionnant que les protagonistes sont constamment en train de causer. Ils commentent bien sûr des choses importantes directement liées aux événements étranges qui se déroulent sous leurs yeux, mais discutent aussi de tout et de rien, comme le ferait n’importe quel groupe d’amis. On apprend ainsi à connaître Alex, l’héroïne principale et l’unique personnage à contrôler, son beau-frère Jonas, son meilleur ami Ren, la gentille Nona et la garce de service Clarissa. Chacun a sa petite histoire, sa personnalité et son rôle à jouer dans la trame générale.

Certaines fréquences de radio émettent de drôles d'ondes.

Certaines fréquences de radio émettent de drôles d’ondes.

Sans le moindre puzzle à résoudre, en dehors d’une radio portative à régler sur des fréquences particulières de temps à autre, Oxenfree mise donc tout sur les conversations mais également sur la marche à pied. En effet, vous passerez le plus clair de votre temps à trotter d’un bout à l’autre de l’île en fonction du plan d’action mis en place par le groupe, qui lui-même s’adapte à vos choix, et donc à vos impulsions dans les dialogues. Durant cette longue balade d’environ quatre heures, le passé de l’île et de ses habitants finira par se dévoiler pour donner un peu de sens au scénario. Ceci dit, il faut bien reconnaître que l’ensemble reste encore assez flou au bout du compte puisque même au terme de l’aventure, bien des pans de l’histoire restent encore dans le noir. il s’agit bien entendu de pousser les joueurs à rejouer une seconde fois pour explorer d’autres sentiers et peut-être en apprendre plus sur les points encore inexpliqués. Par ailleurs, Oxenfree ne propose aucun moyen de sauvegarder manuellement sa partie ni même un chapitrage qui aurait pu permettre de rejouer des séquences dans l’espoir de mieux les comprendre. La seule solution consiste donc bel et bien à tout reprendre depuis le début pour tout voir, tout comprendre.

Un km à pied, ça use le gameplay.

Un km à pied, ça use le gameplay.

Le risque avec les jeux narratifs à embranchements et à choix multiples, est de se retrouver avec des cheminements moins intéressants que d’autres. Par malchance, il semble justement que les décisions prises pendant la partie m’aient porté sur ce type de chemin, sans que je sache réellement ce qu’il aurait fallu faire ou dire différemment pour raviver la flamme de l’intrigue. Alors que j’attendais avec une grande impatience Oxenfree, et alors que le point de départ laissait présager d’une aventure solidement ficelée, je n’ai pu que constater mon intérêt s’amenuiser au fil de la partie. Passée la première heure de jeu, et donc la mise en place plutôt intrigante, je me suis retrouvé de plus en plus déconnecté et détaché de l’histoire. Il faut dire que la caméra, toujours très distante de ses personnages et un peu flottante, comme si elle-même perdait de sa concentration, n’est d’aucune aide pour aider à rentrer dans le scénario. Des efforts de mise en scène sont bien consentis par-ci par-là, mais tout est finalement observé de si loin que l’on éprouve les plus grandes peines du monde à s’investir plus que cela dans le sort des personnages. On se sent littéralement loin d’eux. Dans ces conditions, l’histoire contée, du moins celle que j’ai découverte, est restée très plate, jusqu’à un dénouement dont je n’avais finalement plus vraiment rien à faire.

Outre la caméra, signalons aussi une tripotée de bugs plus ou moins gênants venant gâcher l’expérience. Entre l’héroïne qui reste bloquée hors champ alors qu’il faut choisir une réponse (que l’on ne voit pas du coup), les personnages qui se coincent au milieu d’une paroi ou encore ceux qui traînent la patte et ne parviennent pas à nous suivre alors qu’une discussion est toujours en cours, sans compter les chutes de framerate constatées, Oxenfree accumule les tares. La plus grande restera toutefois celle de ne pouvoir garantir une intrigue passionnante de bout en bout, quelles que soient les décisions prises par le joueur.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Night School Studio
  2. Genre : Aventure
  3. Date de sortie : 15 janvier 2016
  4. Supports : PC, Mac, Xbox One
  • oxenfree_jaquetteTout en reconnaissant les grandes qualités du titre, à commencer par sa direction artistique léchée, ses voix toujours très naturelles, mais aussi ses musiques vraiment très chouettes, Oxenfree restera comme synonyme d'une jolie déception. Peut-être l'attente était trop grande ou peut-être les décisions m'ont simplement conduit sur la voie la moins intéressante du jeu ? Difficile à dire. Reste que le pouvoir narratif d'Oxenfree n'a pas fonctionné et que l'envie de le reprendre pour clarifier les zones d'ombre n'était pas présente.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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5 commentaires

  1. Garrett
    Garrett
    26 janvier 2016 à 23 h 03 min

    Merci pour la découverte.
    J’ai regardé la bande-annonce après avoir lu ton article et elle donne l’impression qu’il y a des phases d’actions du genre fuir un monstre ou sauter par dessus des gouffres façon jeu de plate-forme par exemple. Des éléments qui pourraient amener du souffle à l’aventure. Y a-t-il ce genre de phases ou est-ce seulement des événements que l’on subit passivement ?
    L’ambiance a l’air vraiment excellente aussi, dommage que tu ne sois pas tombé sous son charme.

    1. Jihem
      Jihem
      27 janvier 2016 à 17 h 09 min

      Non, il n’y a pas de phases de plates-formes. En tout cas, pas dans le sens traditionnel. Il y a des crevasses au dessus desquels tu peux sauter, mais tu ne peux pas tomber et autant que je me souvienne, tu n’es jamais pressé par le temps.

  2. Bruno
    Bruno
    27 janvier 2016 à 16 h 09 min

    La lassitude des trips adolescents resservis à toutes les sauces aussi, non ? FarCry 3, Gone Home, Life is strange, les devs arrêtent pas de fantasmer sur les séries américaines 90’s depuis un moment et nous ressortent tous les clichetons de l’époque.

    Les garces qui s’avèrent sympas, les geeks qui s’avèrent courageux, les sportifs qui s’avèrent pleutres… Après pour un ado d’aujourd’hui c’est surement plus intéressant que de végéter devant NJR12 à regarder des cons se bronzer la pilule mais pour les trentenaires et plus c’est juste chiant toute cette redite.

    P.S.: Tu as accordé ta conclusion au masculin, c’est l’envie qui t’a manquée et qui n’était pas présent(e). ;)

    1. Jihem
      Jihem
      27 janvier 2016 à 17 h 12 min

      Il y a peut-être un peu de lassitude, même s’il faut reconnaître que les personnages d’Oxenfree ne sont pas forcément des clichés. Ils ont tous une personnalité, mais je n’ai pas senti que les dev aient particulièrement forcé le trait, en dehors de Clarissa peut-être. En tout cas, j’ai été surpris quelques fois par des remarques ou des actions entreprises par des personnages que je pensais justement bloqués dans un cliché facile et déjà vu et revu.

      Merci pour l’accord. C’est corrigé.

  3. alioth
    alioth
    11 octobre 2016 à 14 h 32 min

    J’y ai joué cette nuit et j’ai bien aimé… Seul regret : finir le jeu avec une impression de flou sur les détails de l’histoire.. en effet, même avec un bon anglais il faut s’accrocher pour tout suivre tellement ça va vite, et tout n’est pas expliqué ! Je n’irai pas jusqu’à refaire le jeu mais j’ai apprécié l’aventure, c’était chouette, sans plus non plus, mais voilà quoi : c’était chouette :P

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