Need for Speed : This town is coming like a ghost townTest JV

Need for Speed : This town is coming like a ghost town

Certaines licences n’en finissent plus de jouer la carte du renouveau ou du retour aux sources. C’est par exemple le cas des Need for Speed, une série qui ne sait visiblement pas trop sur quel pied danser entre la recherche de nouvelles formules et la tentation de capitaliser sur les acquis de la série. Pour la dernière fournée, les équipes de Ghost Games ont visiblement cherché à ménager la chèvre et le chou en proposant un reboot qui reprenait certaines bases de la série mais prenait aussi pas mal de liberté avec son esprit original.

Sur le papier, le dernier épisode en date avait tout pour plaire. En effet, Ghost Games n’est pas tout à fait un inconnu puisqu’on lui doit déjà le précédent opus de la série, un certain Need for Speed Rivals développé en collaboration avec les équipes de Criterion. Le titre remettait sur le tapis l’éternelle guerre entre les chauffards et les patrouilles de police, le tout dans un monde ouvert plutôt réussi. Bref, a priori on pouvait être confiant en apprenant que le même studio se chargeait du nouveau volet, qu’il s’agirait d’un reboot mettant à l’honneur les courses de nuit en milieu urbain et le tuning, un peu comme l’avait fait le fameux Need for Speed Underground il y a plus d’une dizaine d’années. Seulement voilà, à sa sortie en novembre dernier ce nouvel épisode a reçu un accueil des plus mitigés. Faut-il vraiment jeter le bébé avec l’eau du bain ou reste-t-il des éléments à sauver ?

J’étais sur la route toute la sainte soirée

Voici l'étrange équipe qui se charge de vous faire découvrir Ventura Bay.

Voici l’étrange équipe qui se charge de vous faire découvrir Ventura Bay.

Commençons par revenir rapidement sur le point de départ de cet épisode : on y incarne un amateur de courses de rue fraîchement débarqué dans la ville de Ventura Bay où il fait rapidement la rencontre d’un « crew » local. Entendez par là qu’une bande de pilotes assez disparate va lui mettre le grappin dessus et lui proposer une succession de défis de plus en plus corsés. Chacun d’entre eux a sa petite spécialité, à se demander d’ailleurs ce qui les réunit à part leur tendance prononcée pour le harcèlement téléphonique et pour les boissons énergisantes. Les épreuves consisteront donc à jauger votre capacité à foncer, à réaliser de beaux drifts, à narguer les forces de l’ordre ou à customiser votre bolide pour améliorer ses performances. Chaque personnage propose en fait une petite carrière indépendante qui se conclut généralement par une confrontation avec l’une des stars de la discipline (Ken Block, Magnus Walker, Akira Nakai…) et nous donne même la possibilité de mettre la main sur les voitures fétiches de ces derniers. On note au passage qu’une sixième carrière est disponible depuis le mois de décembre et qu’elle met en scène un certain Eddie que les amateurs de Need for Speed Underground connaissent bien.

Débloquer les voitures des stars du milieu constitue un peu la carotte au bout de la campagne.

Débloquer les voitures des stars du milieu constitue un peu la carotte au bout de la campagne.

La filiation avec cet épisode mythique était déjà évidente avant cette mise à jour étant donné que notre reboot repose sur les trois piliers que sont la conduite de nuit en milieu urbain (le soleil ne se lève jamais sur Ventura Bay, une aubaine pour les vampires…), le drift et le tuning. Ce dernier point a toutefois de quoi laisser perplexes les aficionados du tournevis : certes, on peut modifier indépendamment de nombreux éléments tant décoratifs que liés aux performances de la voiture, mais on n’a jamais vraiment un choix extraordinaire pour les différentes pièces. Il en va de même pour les vinyles proposés qui manquent cruellement de diversité, il est peu probable que les amateurs d’itasha ou de looks réellement originaux y trouvent leur compte. On a aussi l’impression d’avoir affaire à un contenu un peu chiche lorsque l’on s’intéresse à l’aire de jeu : certes Ventura Bay est un monde ouvert, mais on fait assez rapidement le tour de l’agglomération et les défis nous entraînent d’ailleurs encore et toujours vers les mêmes spots. On reste un peu sur sa faim question contenu, mais ce n’est pas le point qui a suscité le plus de critiques, on a surtout reproché au jeu de trahir l’esprit de la série.

Quand la fureur de vivre laisse place à l’exercice zen

Les panorama à photographier sont considérés comme des éléments à collecter... autant dire que l'exploration est vide de sens.

Les panoramas à photographier sont considérés comme des éléments à collecter… autant dire que l’exploration est vide de sens.

Rassurez-vous, ce Need for Speed ne s’encombre toujours pas d’une conduite réaliste. Les sensations de vitesse sont bien là, il est facile de paramétrer sa voiture pour qu’elle fasse de jolis drifts qui sortent sans effort. Les fans du manga Initial D devraient même trouver quelques routes de montagnes bien sinueuses pour faire crisser la gomme. Là où le bât blesse, c’est que l’ensemble manque indéniablement de pêche. La progression a beau être scénarisée à grand renfort de cutscenes en live-action qui se veulent branchées et dynamiques, le rythme ne décolle jamais réellement. La faute en revient peut-être à une IA extrêmement passive et étrangement désordonnée, à une circulation moribonde (et heureusement parce que notre GPS s’évertue à nous faire prendre les voies en contre-sens) et à une absence globale de challenge. Même la composante multijoueur qui est pourtant sensée être ici primordiale ne parvient pas à pimenter la sauce : la connexion permanente obligatoire fait que vous avez toujours quelques pilotes qui naviguent dans les environs, mais on ne fait finalement que les croiser sans vraiment voir en eux des concurrents, et ce même lorsque l’on se retrouve sur une même épreuve. L’émulation s’émousse au profit de ce que l’on pourrait qualifier comme une solitude interactive pour reprendre les termes d’un certain Dominique Wolton.

Foncer à toute vitesse dans ce décor nocturne apporte une étrange sérénité.

Foncer à toute vitesse dans ce décor nocturne apporte une étrange sérénité.

Cet épisode ne dégage pas la fureur que l’on pourrait attendre d’un Need for Speed, mais ce n’est pas pour autant qu’il est incapable de procurer un certain plaisir de jeu. Certes, l’ambiance nocturne ne facilite pas toujours la visibilité, mais il faut reconnaître qu’elle est superbement mise en valeur par le Frostbite 3 qui nous offre ici des effets de lumière vraiment bluffants. C’est bête à dire, mais ce Need for Speed est incroyablement beau, d’une beauté quasi hypnotique qui transforme les sessions de jeu en pure contemplation. Le sel de la compétition n’est pas au rendez-vous, mais pour peu que vous soyez prêt à vous laisser aller, les pointes de vitesse se transforment presque en exercice de méditation et les drifts en sport de glisse. Petite ombre au tableau, la playlist est restée fidèle à l’idée qu’on avait affaire à un jeu nerveux alors qu’elle avait tout à gagner à nous laisser vagabonder sur des rythmes plus posés. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce Need for Speed est un très bon jeu si l’on cherche à se relaxer, à se détendre et à laisser son esprit partir au loin tout en profitant de l’instant. Finalement, le seul gros défaut qu’on pourrait lui trouver est justement son caractère éphémère : un beau jour les serveurs fermeront et, connexion obligatoire oblige, on pourra dire adieu à nos folles balades hypnotiques sur les routes de Ventura Bay. N’est-ce pas là une invitation supplémentaire à profiter sans arrière pensée du moment présent ?

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Ghost Games
  2. Éditeur : EA
  3. Genre : Course
  4. Date de sortie : 12 janvier 2015
  5. Supports : PC, PS4, Xbox One
  6. Site officiel : http://www.needforspeed.com
  • need_for_speed_box
    Il est plutôt étrange de constater que Ghost Games réalise le reboot de la série avec un tel épisode : il s'agit certainement d'un mauvais Need for Speed qui ne saura pas satisfaire ceux qui aiment la licence pour son aspect débridé, mais ce n'est pas pour autant un mauvais jeu. En effet, à condition de vous laisser aller, d'accepter le caractère hypnotique de ses courses nocturnes, il se pourrait bien que le titre vous transporte plus loin que les simples routes de Ventura Bay.
3
miniblob

Tombé sur Terre un peu par hasard, le blob dévore mollement tout ce qu'il trouve dans l'espoir de comprendre son environnement. Ne jugez pas trop sévèrement son appétit vorace ou vous risquez d'être au menu de son prochain repas.

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4 commentaires

  1. Demystificator
    Demystificator
    15 janvier 2016 à 14 h 21 min

    “Foncer à toute vitesse dans ce décor nocturne apporte une étrange sérénité.”

    Il ne fait donc plus bon de traîner dehors le soir à Aurillac maintenant qu’un certain Blob s’est découvert une passion pour la course nocturne !

    1. miniblob
      15 janvier 2016 à 18 h 53 min

      Ne rigole pas, j’ai eu ma première contravention pour excès de vitesse il y a très peu de temps… :/ Mais promis ça m’a calmé ! Maintenant je conduis comme une petite mamie ^^

  2. Elerez
    Elerez
    16 janvier 2016 à 17 h 40 min

    Faut pas lancer la Ford Fiesta a 130 km/h le moteur va surchauffer !

    Sinon ce NFS m’a fait plaisir je l’ai préféré a tout les NFS arpès Carbon qui étaient tous grosso modo des mauvais Burnout Paradise que je trouvais mauvais…

    Ce NFS me rappelle plus les Most Wanted PS2 j’aime beaucoup les drifts vraiment bien faits dans cet épisode c’est assez prenants d’enchainer les drift sur les routes pleines de virages

    1. miniblob
      19 janvier 2016 à 12 h 28 min

      Tu rigoles mais j’ai fait ça avec ma petite Dacia, je ne la pensais même pas capable d’aller aussi vite sur cette route…

      Sinon je suis d’accord avec, je trouve que les sensations de conduite sont bien sympas sur ce NFS, et j’ai aussi pas mal pris plaisir à drifter. C’est d’ailleurs dans ce sens que je trouvais que l’acharnement dont il a été l’objet au moment de sa sortie était vraiment exagéré.

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