Loin d’être passé de mode, le scandale du Gamergate va connaître un nouveau chapitre avec la publication prochaine d’un livre signé Zoe Quinn revenant sur cette longue et sombre histoire de harcèlement en ligne qui a donné naissance au mouvement polémique. Intitulé Crash Override : How to Save the Internet From Itself, le livre a déjà tapé dans l’oeil d’Hollywood, avant même sa sortie. La productrice Amy Pascal, qui a récemment lancé sa propre compagnie en partenariat avec Sony Pictures, a mis la main sur les droits de l’oeuvre et en proposera une version cinématographique pour l’heure connue sous le nom de Control Alt Delete. D’après Deadline, qui a levé le lièvre, l’actrice Scarlett Johansson pourrait être tentée par le script.
Féministe adepte de la déconstruction du sexisme dans les médias sur Youtube, Anita Sarkeesian fut la cible de nombreuses menaces et l’héroïne d’un jeu flash consistant… à la passer à tabac. L’ambiance du débat.
Si vous avez eu la chance d’échapper au Gamergate, sachez que Zoe Quinn en fut l’involontaire étincelle, la créatrice du jeu indé Depression Quest s’est vue publiquement accusée par son ancien compagnon, un poil revanchard, d’avoir entretenu une liaison avec le journaliste Nathan Drayson de Kotaku et Rock Paper Shotgun, en échange d’une couverture favorable de son jeu (que Drayson n’a jamais couvert). La développeuse est alors devenue la cible d’une vindicte populaire, surfant sur un climat de défiance générale vis à vis de la presse spécialisée et de ses rapports parfois délicats avec les annonceurs (se souvenir du triste DoritosGate). Outre un tas d’accusations d’échanges de “faveurs” avec 5 journalistes, Quinn a subit piratage et mise en ligne de ses données et documents personnels, un étalage en règle de sa prétendue vie privée et des menaces en tout genre.
Une affaire qui fut le point de départ du Gamergate, polémique, si l’on peut dire, d’une rare violence opposant féminisme et misogynie, questionnements sur l’éthique de la presse en ligne et qui a carrément fini entre les mains du mouvement libertarien. En somme, un vaste foutoir complotiste tout ça pour une rumeur lancée par un ex pas content et qui a tout de même conduit à des menaces de mort et de multiples hacks des personnalités ayant appelé au calme ou pris le mauvais parti. Et bien évidement, porté par une minorité bruyante.
On se prend à souhaiter que le projet de film soit mené avec discernement, l’affaire étant une parfaite illustration des dangers du net et de sa tendance à vouloir s’enflammer et déchaîner les pire passions.
8 commentaires
Draky
7 novembre 2015 à 15 h 49 minFaut rajouter un zeste de 4chan aussi ;)
cKei
7 novembre 2015 à 16 h 14 min“On se prend à souhaiter que le projet de film soit mené avec discernement”
Et malheureusement je n’y crois pas du tout, du côté Quinn comme du côté des partisans du gamergate. Quand un “personnage” aussi controversé veut donner son propre son de cloche, il y a toutes les chances que sa version soit légèrement biaisée, et surtout qu’elle soit décortiquée, scrutée par ses détracteurs qui ne manqueront pas là l’occasion de pointer ses failles.
Puis honnêtement, c’est peut-être fait trop tôt. Moi même je ne peux me départir d’un sentiment de récupération de sa part (puisqu’elle est désormais un personnage public, et vu ce qu’elle a pris dans la gueule…) et de celle de ses futurs producteurs et éditeurs, j’imagine pas ceux qui lui en veulent vraiment.
J’ai surtout peur que ce bouquin et film ne serve à rien sauf à créer à nouveau de l’agitation en rouvrant les plaies.
Lancien
8 novembre 2015 à 11 h 32 minRécupération ou pas j’espère qu’il soulèvera certaines interrogations lié effectivement aux dérives de l’internet, mais aussi sur le comportement des “gamers”. Du moins de ceux qui se réclament être “passionné” par le jeu vidéo (En fait peu, le reste étant des consommateurs de “produits à usage unique”…vlan!).
Une des problématiques soulevé d’ailleurs dans votre dernière émission “la croix et le stick”.
Swiier
9 novembre 2015 à 12 h 24 minLe problème c’est que le Gamergate a été porté à bout de bras par une minorité bruyante. Il y a énormément de gamer/gameuse, de type de gamer/gameuse, mais seule une poignée de personne a agit. Ce dont j’ai peur, c’est que le film donne un mauvaise image de la masse silencieuse (en critiquant tous les gamer plutôt que les gens qui ont perpétré les “attaques” du gamergate). Je pense également que c’est trop tôt pour sortir un livre ou un film. Sur certains points, le gamergate n’est pas vraiment finis : il existe toujours des dérives sur le lien entre éditeurs et journaliste (news à clic, contenus sponsorisés caché, etc). Et ça risque de raviver la flamme
Toriel
9 novembre 2015 à 15 h 03 minJe parie 10 000 capsules que je ne suis pas la seule à souhaiter de Extra-life un dossier sur ce fameux Gamergate. Même si je connais l’histoire depuis le début, j’aimerais connaitre le point de vue des Européens sur le sujet, ils ont le recul nécessaire pour aborder le bouzin.
Padouga
9 novembre 2015 à 21 h 24 minJ’avoue ne pas connaitre le Gamergate sur le bout des doigts. J’en ai entendu parler tout au plus.
L’adaptation au cinéma me consterne. Le support vidéo est par sa nature amené a emprunté des raccourcis, les gamers vont en faire les frais je sens. Et si ils en font pas les frais ça va être la tendance inverse, pas assez critique. J’ai peur de la bouze
Xitam
10 novembre 2015 à 8 h 20 min« On se prend à souhaiter que le projet de film soit mené avec discernement »
D’après la version de Zoe Quinn ? Il faut arrêter de rêver.
Et sinon en tant que journaliste JV, ca vous dirait pas de vous intéresser au jeu en lui-même qui est franchement nul, ou comment des journalistes JV on pu l’encenser. L’intégrité journalistique, vous qui avez connu JVC depuis les entrailles de la bête, vous devez en avoir long à raconter, non?
Ca serait bien plus intéressant comme news que de pondre un article sur une lambda qui veut se faire de la thune sur une banale histoire de fesses.
Nov
10 novembre 2015 à 11 h 05 minJe ne connais pas tout les tenants et aboutissants, mais elle n’a pas été plus victime du phénomène qu’autre chose ? D’ailleurs, si j’ai bien suivi, c’est de son ex que tout est parti, pas d’elle. Après, si elle réussit à profiter du truc d’une manière ou d’une autre, je dirais que c’est un juste retour des choses.
Puis le sujet est loin d’être inintéressant et anecdotique, malheureusement. Il y a un excellent article de Marlard à ce sujet: http://cafaitgenre.org/author/marlard/