Fugitive : Arrête-moi si tu peuxTest JDS

Fugitive : Arrête-moi si tu peux

Avec son look très 60’s et surtout sa thématique mettant en scène une incessante course-poursuite entre un hors-la-loi et les forces de l’ordre, Fugitive pourrait être l’adaptation officielle du film Arrête-moi si tu peux. Assis face à face, deux joueurs s’affrontent dans ce jeu de déduction asymétrique, l’un tenant le rôle du fugitif, l’autre de l’infatigable marshal lancée à ses trousses. Le premier tente alors de semer la seconde avant que celle-ci ne découvre l’ensemble des différentes planques par lesquelles le fuyard est passé.

Dans les faits, le fugitif démarre sa cavale à la carte 0 et vise l’ultime carte 42 en progressant de cachette en cachette qu’il placera secrètement sur la table. Obligé de toujours aller de l’avant, sa seule contrainte est de ne pouvoir s’arrêter dans une planque trop éloignée – le numéro de son prochain arrêt ne doit pas dépasser de plus de trois celui de sa planque précédente. Le fugitif peut toutefois utiliser une ou plusieurs cartes supplémentaires pour courir un peu plus loin qu’à la normale et atteindre une cachette plus distante. En plus de son numéro de planque, chaque carte porte ainsi une ou deux empreintes de pas. Lorsque le fugitif joue, il peut alors, en plus de sa prochaine planque, poser sans les révéler, la ou les cartes qu’il utilise pour sprinter jusqu’à sa cachette. En face de lui, la marshal ne peut voir que le nombre de cartes utilisées, mais doit coûte que coûte tenter de déduire où se terre sa cible.

À chaque tour de jeu, le fugitif comme la marshal piocheront de nouvelles cartes qui serviront en tant que nouvelle planques ou aides au sprint pour le premier, ou en tant qu’options à éliminer pour la seconde. Petit à petit, l’étau finira par se resserrer autour du fugitif qui devra souvent bluffer au mieux pour passer entre les mailles du filet. Utiliser des cartes de sprint pour finalement marcher tranquillement vers une planque pas si éloignée que cela, ou passer son tour pour collecter plus de cartes et prévoir un gros coup au tour suivant ; les options sont tout de même assez limitées dans Fugitive, mais force est de constater que la tension est palpable dans ce jeu du chat et de la souris qui ne dépasse jamais les dix minutes.

Durant la partie, chacun se surveille de près, et observe immanquablement dans quel paquet de cartes son opposant décide de piocher, ce qui indique généralement une section vers laquelle tourner son attention. Par exemple, si le fugitif pioche dans le paquet 15 à 28, il y a toutes les chances qu’il se trouve dans le coin, même si rien ne l’empêche de volontairement brouiller les pistes pour tromper la marshal.

Côté marshal, justement, l’enquête est menée munie d’un carnet et d’un feutre effaçable qui facilitent agréablement la prise de notes. Les numéros de cartes piochées peuvent ainsi être directement cochés, de même que les suppositions de planques. Durant son tour, la marshal demande au fugitif s’il est passé par tel ou tel numéro de planque. Histoire d’affiner les recherches, il est possible de deviner un unique numéro de cachette, ou d’en proposer toute une série mais dans ce cas, il faut espérer que tous correspondent bien à une planque utilisée. Si la série comporte la moindre erreur, le fugitif reste caché, et n’est même pas tenu de dire où se trouve l’erreur. À la toute fin du jeu, lorsque le fugitif atteint la carte 42, la marshal peut, sous certaines conditions, lancer une ultime chasse à l’homme, et tenter de découvrir une à une les cachettes encore non trouvées.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire,  le jeu trouve un bel équilibre entre les deux camps. L’asymétrie, joliment maîtrisée, laisse place à une expérience complètement différente en fonction du rôle campé, plutôt tournée vers le bluff pour le fugitif, et vers la déduction pour la marshal. Enfin, l’ajout de cartes événements permet également de varier les parties en choisissant d’avantager l’un ou l’autre des joueurs, ou même de laisser le hasard faire les choses. En bref, après le jeu de lettres Paperback et le coop Burgle Bros, l’auteur Tim Fowers et l’artiste Ryan Goldsberry prouvent qu’ils sont tout aussi à l’aise dans d’autres styles. Et avec d’autres projets déjà en production, le duo ne semble pas près de s’arrêter.

L'avis d'extralife
  1. Auteur : Tim Fowers
  2. Illustrateur : Ryan Goldsberry
  3. Éditeur : Fowers Games
  4. Genre : Bluff, déduction
  5. Nombre de joueurs : 2 joueurs
  6. Date de sortie : Mars 2017
  • Fugitive ne paye vraiment pas de mine. Le concept minimaliste centré autour d'un unique paquet de cartes numérotées de 0 à 42 offre toutefois une belle expérience de jeu, ou plutôt deux belles expériences de jeu dans la mesure où on ne vivra pas de la même façon cette cavale folle selon le rôle endossé. L'enrobage, qui passe par des visuels différents sur chaque carte pour former une histoire complète ou encore par la présence d'un carnet et d'un marqueur effaçable, ne gâche rien et témoigne d'un réel souci du détail pour un jeu facilement transportable et parfaitement adapté pour enchaîner plusieurs parties courtes les unes à la suite des autres.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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