Lotus : Le pouvoir des fleursTest JDS

Lotus : Le pouvoir des fleurs

Bienvenue dans un jardin aux milles senteurs, où naissent de belles fleurs sous le regard bienveillant d’insectes gardiens. À vous de faire pousser iris, jonquilles et autres lotus avec tact pour les cueillir au bon moment et ainsi profiter de leurs pouvoirs secrets.

J’avoue, il a fallu broder plus que d’habitude pour écrire les trois lignes d’introduction ci-dessus. S’il y a bien une histoire derrière Lotus, celle-ci s’efface bien vite dès que l’on commence à jouer et que l’on se fait happer par ses excellentes règles.

L’objectif sera donc de faire pousser des fleurs au centre de la table, dans un jardin commun à l’ensemble des joueurs. Il ne peut y avoir qu’une fleur de chaque type à la fois, et lorsqu’une fleur est complète, deux choses se passent. D’abord, le joueur qui en a le contrôle choisit d’empocher cinq points de victoire ou de débloquer un puissant bonus pour le reste de la partie – nous reviendrons sur le contrôle et les pouvoirs plus bas. Ensuite, le joueur ayant placé le dernier pétale récupère toutes les cartes de la fleur qu’il vient de compléter, chaque pétale lui vaudra un point en fin de partie. En clair, les joueurs se disputent le contrôle et la complétion des fleurs dans un jeu où tout est centré sur la gestion de sa main et le timing pour placer de nouveaux pétales.

En début de partie, chaque joueur reçoit le paquet de cartes à sa couleur (tous les paquets sont identiques), ainsi que ses deux insectes gardiens (papillon, chenille, coccinelle et libellule selon la couleur). À son tour, un joueur réalise deux actions à choisir parmi trois, sachant qu’il est tout à fait possible de joueur deux fois la même action. D’abord, il est possible de poser un ou deux pétales, soit en complétant une fleur déjà dans le jardin, soit en débutant une nouvelle. Rappelons tout de même qu’il est interdit de commencer une nouvelle fleur si une autre du même type est déjà présente. D’une iris à trois pétales au somptueux lotus qui s’étend sur sept pétales, les fleurs naissent devant nos yeux à mesure que les cartes viennent se poser à côté de leurs semblables. Rapidement, la table de jeu se transforme en composition florale magnifique et pleine de vie, grâce à des pétales qui ne sont pas tous strictement identiques les uns aux autres. Pétales pliés par le vent, gouttes de rosée, ou même décors différents, tout est fait pour donner de la variété à cette fresque.

La seconde des trois actions possibles consiste à poser ou à déplacer l’un de ses gardiens sur une fleur pour augmenter son contrôle. Comme dit plus haut, lorsque la fleur est complétée, il s’agit de déterminer quel joueur en a le contrôle. Pour cela, il suffit d’ajouter le nombre de symboles de chaque joueur sur les cartes et de l’ajouter au nombre de gardiens. La plus grande valeur remporte cette lutte de majorité. Enfin, la troisième action permet de renouveler sa main de cartes en replaçant une ou deux cartes sous son paquet, pour ensuite en piocher le même nombre. Quelles que soient les actions choisies, un joueur doit toujours compléter sa main à quatre cartes en piochant soit à l’aveugle dans son propre paquet, soit en prenant directement des cartes faces visibles dans un marché constitué de quatre cartes neutres. L’avantage avec ces dernières est de savoir ce que l’on prend pour préparer le tour suivant. Le revers de la médaille est que les cartes neutres sont par définition… neutres. Elles n’appartiennent à personne et n’affichent donc aucun symbole, ce qui signifie qu’elles ne vous aideront pas à prendre le contrôle d’une fleur.

Justement, revenons à cette histoire de contrôle, et de pouvoirs spéciaux. Un joueur qui déciderait de ne pas empocher les cinq points pour avoir pris le contrôle d’une fleur peut choisir entre trois pouvoirs permanents : gagner un troisième gardien qui vaut double lors du calcul de majorité, augmenter la taille de sa main à cinq pétales au lieu de quatre ou briser la limite fixée à deux pétales lorsqu’il placera de nouvelles cartes. Autrement dit, avec ce pouvoir, il lui sera permis de placer trois, quatre voire même cinq pétales d’un coup, en une seule action !

Derrière la simplicité de ses règles, Lotus se révèle être un jeu bigrement malin. Rien que la taille restreinte de la main devient rapidement un petit casse-tête à maîtriser. Contrairement à un jeu comme Les Aventuriers du Rail, par exemple, personne ne peut ici collectionner des dizaines de pétales pour tout poser à la suite. Il faut apprendre à gérer sa main, savoir quand recycler ses pétales en dessous de son paquet de cartes et aussi déterminer le bon timing pour compléter les bonnes fleurs. Poser des pétales ne peut donc pas se faire au petit bonheur la chance. Il faut constamment surveiller ce que les adversaires sont potentiellement capables de faire. Si on vient de les voir récupérer des pétales de sakura, il serait peut-être trop dangereux de leur laisser l’opportunité de compléter ladite fleur… À défaut de pouvoir la terminer, est-il alors judicieux de poser un gardien pour tenter d’en prendre le contrôle ? N’est-ce pas trop tard ? Lotus nous oblige sans cesse à jongler entre opportunisme et prise de risques, afin de cueillir des fleurs, d’en prendre le contrôle et si possible de réaliser les deux à la fois. Suivant le nombre de joueurs, l’expérience s’en trouve d’ailleurs radicalement différente. Un peu plus ouvert à quatre joueurs, Lotus devient une vraie bataille de nerfs à deux, où chaque coup ouvre ou ferme une porte à son adversaire direct. Jouer à trois semble être le compromis idéal pour des parties disputées, mais pas coupe-gorge non plus.

L'avis d'extralife
  1. Auteurs : Jordan Goddard & Mandi Goddard
  2. Illustrateur : Chris Ostrowski
  3. Directeur artistique : Kane Klenko
  4. Éditeur : Renegade Games
  5. Genre : Gestion de main de cartes, Jeu de collection
  6. Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
  7. Âge recommandé : 8 ans et plus
  8. Durée de la partie : 30 mn
  9. Date de sortie : 25 mai 2018
  • Le pouvoir des fleurs est connu de tous. Il prouve une fois encore son effet dans Lotus. Ce jeu de cartes aurait pu être centré autour de mille autres sujets : des pierres magiques à assembler, des lotissements à bâtir, des ingrédients à réunir pour cuisiner des plats... Tout était possible. Mais parce qu'il s'agit de fleurs, parce que la direction artistique est délicieuse, parce qu'il y a aussi ce gimmick de placer les pétales pour voir les fleurs se dessiner au centre de la table, Lotus dégage un adorable parfum qui rend l'expérience de jeu totalement unique. Et pour ne rien gâcher, le gameplay est lui aussi charmant, bien pensé et vecteur d'un bouquet de décisions à chaque tour de jeu.
5
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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