Baïam : La BD multijoueursTest JDS

Baïam : La BD multijoueurs

Vous connaissez probablement déjà les BD dont vous êtes le héros, mais connaissez-vous les BD dont vous êtes LES héros ? Non ? Alors voici Baïam, une aventure à partager jusqu’à quatre joueurs dans laquelle chacun incarne son propre personnage en tournant les pages de sa propre BD.

Note : Kuala est le nouveau nom donné au jeu Baïam.

Dans Baïam, vous ferez la connaissance de Neta, Sara, Grobeille et Kyk, deux sœurs et deux frères qui cherchent des trésors pour le compte d’un pirate. Que vous soyez deux, trois ou quatre joueurs, ou même que vous décidiez de partir seul à l’aventure, il suffit de choisir quel personnage incarner, puis de s’emparer de la BD spécifiquement associée à ce personnage pour que l’aventure démarre. Le concept est finalement bête comme chou.

Le tronc principal de l’aventure reste commun aux quatre héros, avec de nombreuses cases communes aux quatre livres, mais certains pans de l’histoire ne peuvent être découverts qu’avec un personnage précis. Chaque héros a en effet des spécificités uniques. Sarah parle aux animaux, Kyk est super balèze, Neta est agile et Grobeille est fortiche en énigmes. Sachant cela, certains éléments ou indices n’apparaîtront que dans les pages d’un héros, qui aura pour mission de les communiquer au reste du groupe. Effectivement, je ne l’ai pas signalé, mais Baïam est un jeu coopératif. Tout le monde participe pour le bien du groupe. Même si chacun a le nez dans les pages de sa BD, il est bien question de réfléchir en groupe pour dénicher des trésors et augmenter le score commun en fin de partie.

Le score, justement, est certainement ce qui m’ennuie le plus avec Baïam. D’ailleurs, autant commencer par là afin d’évacuer les points négatifs pour terminer sur ce qui est vraiment chouette avec ces BD. Il se trouve que la manière de calculer son score est d’une étonnante complexité pour clôturer un jeu qui, jusque-là, se vivait un peu à la cool. (Attention, les lignes qui suivent sont d’un rare ennui. Si vous êtes allergiques aux maths, passez directement au paragraphe suivant). D’abord il faut faire une moyenne de l’âge des joueurs en respectant le coefficient associé à l’âge de chacun et au type de trésors choisi en début de partie (rubis, perles ou statuettes). Par exemple, pour une chasse aux rubis, les coefficients sont 1,6 pour un joueur de 5 ans et 1,1 pour un joueur de 14 ans. Ajoutez tous les coefficients, puis divisez par le nombre de joueurs. Prenez ensuite ce résultat et multipliez-le par le nombre de trésors trouvés, puis multipliez encore le résultat par le bonus d’équipe correspond au nombre de joueurs. Enfin, multipliez une dernière fois le résultat par le mode de jeu choisi. Voilà, vous y êtes. Vous savez maintenant combien de points vous avez obtenu et pourrez comparer votre performance avec celles des autres joueurs ayant validé leur score sur le site Internet dédié.

En plus d’être bien lourd à calculer, le score impose forcément une certaine philosophie à l’aventure, et donc à la narration. Ici, tout tourne autour des trésors à trouver pour gonfler le score final. Les nombreux embranchements à explorer, les portes à ouvrir, les recoins à fouiller, tout débouche sur de nouveaux trésors. Ce qui ne pousse pas bien loin la narration et laisse sur sa faim toute une frange de joueurs qui, comme moi, n’ont que faire du score obtenu. À dire vrai, j’aurai souhaité que l’accent soit mis sur l’histoire et sur la mise en place d’une vraie intrigue, avec par exemple un mystère à résoudre, et non sur la recherche de trésors sans autre but que de faire grimper le score. Ce n’est qu’une préférence personnelle, mais vous savez au moins à quoi vous en tenir.

Pour le reste, force est de reconnaître que l’on se prend rapidement au jeu et que tout fonctionne plutôt bien. J’insiste sur le « plutôt », car malgré l’iconographie mise en place pour cadrer la progression, il arrive que dans le feu de l’action, des joueurs emportés par le roleplay se retrouvent là où ils n’avaient pas le droit d’aller. Rien de grave, un petit retour à la case précédente suffit, mais tout de même… En outre, il y a au moins un cul-de-sac dans l’aventure en solo. Une réelle impasse dont on ne peut se dépêtrer tout seul. Il en existe peut-être d’autres…

Je dis bien « peut-être », car après cinq ou six parties, je sais que je n’ai pas encore tout vu. En effet, s’il y a une chose que Baïam réussit parfaitement, c’est la multiplication des chemins. À moins d’être absolument psychorigide et de toujours faire les mêmes choix, il sera rare de voir exactement les mêmes choses d’une session sur l’autre. D’une part, parce que les embranchements sont nombreux, mais aussi parce qu’ils dépendent des personnages embarqués dans l’aventure. Dès le départ, il y a même une décision à prendre qui ouvre sur deux aventures totalement différentes. Non, vraiment, Baïam réalise un très joli coup sur le plan de la rejouabilité, ce qui permet de se replonger avec plaisir dans une aventure sans craindre la redite.

Et puis, on n’en a pas encore parlé, mais les illustrations de Gorobei participent aussi pleinement au succès du titre. Le coup de crayon et les couleurs vives donnent une belle personnalité à l’aventure, capable de séduire à peu près tous les âges. Et c’est ce qui constitue finalement le véritable point fort de Baïam. Même si de nombreux groupes de joueurs uniquement constitués d’adultes ou d’enfants passeront un bon moment avec ces BD, c’est véritablement lorsqu’il fait le lien entre différentes générations que Baïam brille le plus. Il est par exemple l’outil idéal pour embarquer parents et enfants dans une même histoire.

L'avis d'extralife
  1. Auteur : Shuky
  2. Illustrateur : Gorobei
  3. Éditeurs : Blue Orange & Makaka Editions
  4. Genre : Aventure, BD
  5. Nombre de joueurs : 1- 4 joueurs
  6. Âge recommandé : 7 ans et plus
  7. Durée de la partie : 45 min
  8. Date de sortie : été 2018
  • Pour un premier pas dans la BD coopérative multilecteurs, Baïam fait le job. L'histoire se laisse suivre, on se creuse parfois les méninges sur des énigmes un peu cotons, on discute pour choisir la direction à suivre, etc. Bref, on se prend facilement au jeu et on est surpris de régulièrement découvrir de nouvelles choses à chaque partie. Reste que pour la prochaine aventure (car il y aura bien une prochaine aventure), il faudra tenter d'épurer le système de score et peut-être aussi trouver un moyen plus efficace de cadrer la navigation pour éviter de malencontreux dilvulgâcheurs en tournant les pages de sa BD.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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