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Culte : Guerres d’influence

Après une campagne Kickstarter réussie en mars 2018, Culte débarque un an plus tard en France et atterrit entre les mains de Bragelonne. L’éditeur, spécialisé dans la littérature fantasy, fantastique et science-fiction, ne navigue pas en eaux inconnues pour autant, puisque le jeu de Konstantin Selevnev est ancré dans le mythe de Cthulhu. Les joueurs y incarnent des prêtres qui chercheront à étendre leur influence et à convertir la population de la Cité éternelle, dans le but d’invoquer leur déité maléfique. Un contexte bien sombre pour un jeu qui l’est tout autant et qui saura ravir les adeptes du placement d’ouvriers et de coups fourrés.

Cet article ne fait que survoler les règles de Culte. Si vous désirez en savoir plus sur le jeu, n’hésitez pas à télécharger le livret complet, ainsi qu’à consulter le guide stratégique rédigé par l’éditeur lui-même.

Le chemin menant à l’illumination commence par le choix d’un culte et d’une déité parmi les neuf disponibles. Inutile d’entrer dans les détails ici, mais sachez qu’elles représentent toutes un dieu ou une figure emblématique de l’univers fantastique ou de la mythologie (Cthulhu, Tiamat, Fáfnir, etc.) et qu’elles possèdent chacune des capacités spéciales, garantissant au jeu une excellente rejouabilité et une certaine diversité dans les approches stratégiques à adopter. Une fois votre décision prise, vous allez pouvoir commencer à prêcher la bonne parole au sein des treize quartiers de la Cité éternelle, afin de convertir un maximum de fidèles. Ces derniers constituent d’ailleurs le nerf de la guerre dans Culte : en effet, c’est en augmentant le nombre de vos partisans que vous pourrez visiter les lieux les plus prestigieux de la ville, et ainsi espérer bénéficier des effets les plus puissants.

Mais pour cela, vous allez devoir vous livrer à une véritable guerre d’influence, au sens propre. Chacun de vos prêtres possède un niveau d’influence (allant de un à cinq), tandis que votre patriarche, chef suprême de votre culte, dispose d’un niveau d’influence égal à votre nombre de fidèles. À chaque tour, les joueurs répartissent leurs prêtres et/ou leur patriarche dans les quartiers de la ville. Bien entendu, il est possible de placer ses jetons aux mêmes endroits que ses adversaires. Le culte possédant l’influence la plus grande dans un quartier (on additionne la valeur des prêtres présents et on compare le total avec les autres cultes) peut bénéficier de son effet. Sachez toutefois que la résolution de ces luttes d’influence se fait dans l’ordre des quartiers (numérotés de un à treize sur le plateau de jeu), ce qui revêt une importance stratégique pour la suite des événements.

Il s’agira donc d’effectuer les choix les plus pertinents en fonction de votre objectif et de la condition de victoire que vous souhaitez remplir en premier. Si la puissance divine de votre déité (valeur inscrite sur votre fiche de jeu correspondant au total d’influence à atteindre pour l’invoquer) n’est pas trop élevée, concentrez-vous sur l’influence de votre culte et rendez-vous dès que possible au treizième quartier de la Cité éternelle, la faille des ténèbres. Si vous visez la construction des cinq autels nécessaires à la victoire, privilégiez évidemment le quartier artisan et recrutez un maximum de prêtres. Enfin, si votre but est de posséder quatre foules de fanatiques, constituez-vous un moteur de fidèles efficace (grâce aux taudis ou au port, notamment) et focalisez-vous sur la caserne.

Néanmoins, ne vous faites pas trop d’illusions car vos adversaires ne vous laisseront pas le champ libre. Non seulement ils vous mettront des bâtons dans les roues en vous empêchant d’avoir la majorité d’influence dans les quartiers clés (et donc de bénéficier de leurs effets), mais ils n’hésiteront pas à ruiner complètement votre stratégie en jouant des cartes Miracle ou Intrigue (obtenues via certains lieux ou achetables en cours de partie). Vous pensez être majoritaire dans un lieu ? Que nenni ! Un autre joueur pose une carte de sa main lui permettant d’augmenter l’influence d’un de ses prêtres présents. Vous comptez sur l’effet des Bas-fonds, qui permet de téléporter votre prêtre et de bénéficier de l’effet d’un quartier de votre choix (moyennant finances) ? Bim ! Un adversaire joue « Chantage », une carte Intrigue lui permettant de vous voler la moitié de votre fortune, arrondi au supérieur. Certains effets sont très (trop ?) puissants et peuvent renverser complètement une partie. À vous donc de rester discret et d’essayer de jouer sur plusieurs plans, ce qui n’est pas chose aisée.

Avec l’expérience, les joueurs apprendront à se méfier des cartes et tâcheront de les contourner, mais ne pourront malheureusement pas empêcher le phénomène (naturel, soit) d’alliance aux dépens du culte proche de la victoire, rallongeant quelque peu les parties et générant une certaine frustration. Si nous avons repéré un léger souci de visibilité (certaines couleurs de jetons ressortent moins que d’autres sur le plateau) et émettons quelques réserves quant à l’équilibrage des déités (certaines capacités spéciales nous ont paru plus utiles que d’autres), force est de constater que Culte procure un plaisir indéniable, notamment grâce à des mécaniques extrêmement solides, à défaut d’être originales. Il possède en outre ce petit goût de « reviens-y » caractéristique des très bons jeux, ne serait-ce que pour tester une approche stratégique différente, découvrir un nouveau dieu ou se venger du sale coup d’un « ami » lors d’une partie précédente…

L'avis d'extralife
  1. Auteur : Konstantin Seleznev
  2. Illustrateurs : Anton Kvasovarov
  3. Éditeur : Bragelonne Games
  4. Genre : Placement d'ouvriers
  5. Nombre de joueurs : 2 à 5 joueurs
  6. Date de sortie : Mars 2019
  • Culte mêle habilement et efficacement systèmes de placement d’ouvriers et d’enchères/majorité, pour un résultat plus que convaincant. On lui pardonne aisément ses quelques défauts et la part parfois assez importante du hasard liée au tirage des cartes pour ne retenir que l’expérience de jeu, particulièrement agréable et surtout renouvelable à l’envi. Une excellente pioche à la fois pour les joueurs et pour Bragelonne Games, qui signe là une belle entrée dans l’édition de jeux de société.
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