Portal : Le jeu non-coopératif d’acquisition de gâteauxTest JDS

Portal : Le jeu non-coopératif d’acquisition de gâteaux

En attendant que Valve se décide un jour à poursuivre la série Portal, l’éditeur Cryptozoic, coutumier des jeux à licences, récupère les droits et nous ouvre les portes d’Aperture Science. Il nous propose un jeu d’acquisition de gâteau non-coopératif dans l’enceinte du fameux laboratoire en perpétuelle reconstruction.

Sans revenir sur l’historique d’Aperture Science, il semble bon de rappeler que le laboratoire déserté est aujourd’hui dirigé par l’ordinateur central, GlaDOS de son petit nom. Mégalo et sadique, l’IA fait subir une série de tests au joueur, l’obligeant à faire preuve d’ingéniosité pour franchir chaque salle. Ça, c’est pour le jeu vidéo. Pour le jeu de société Portal : The Uncooperative Cake Acquisition Game, la donne est sensiblement différente. Il n’y a plus d’épreuves à surmonter, plus de puzzles à déjouer non plus, simplement de la stratégie à mettre sur pieds pour atteindre son objectif tout en jetant autant de bâtons dans les roues de ses adversaires que possible. Le but ultime est d’être celui qui possède le plus de parts de gâteau dans l’enceinte du laboratoire lorsque la partie s’arrête. Chacun débute avec une réserve de huit parts qu’il faudra d’abord parvenir à se faire livrer sur le plateau, puis protéger coûte que coûte pour éviter de les voir partir en fumée dans les flammes de l’incinérateur.

Le laboratoire ne gardera pas bien longtemps sa configuration initiale.

Le laboratoire ne gardera pas bien longtemps sa configuration initiale.

Le plateau de jeu représente le laboratoire d’Aperture constitué de quinze tuiles double-face symbolisant chacune une salle. Conformément aux jeux vidéo, les murs d’Aperture Science sont modulables et le laboratoire tel qu’il est au début de la partie est amené à évoluer. En effet, chaque joueur termine obligatoirement son tour de jeu en choisissant l’une des salles sur le côté droit du plateau (le côté ancien du laboratoire) qu’il vient recycler sur le côté gauche (le côté neuf du laboratoire). La tuile choisie est alors détachée, retournée puis réassemblée de l’autre côté du plateau. Vous imaginez bien que cette mécanique a pour effet de nous faire jouer sur un plateau semblable à un tapis roulant, qui s’effrite du côté droit pour se reconstruire du côté gauche.

Le gâteau au centre de toutes les attentions.

Le gâteau au centre de toutes les attentions.

Chaque joueur dirige un total de huit sujets tests à sa couleur. À son tour, il est possible de déplacer un ou plusieurs de ces pions vers une salle adjacente. Contrairement à ce que vous pourriez penser, il est conseillé de se déplacer vers les salles amenées à disparaître. C’est même ainsi que les joueurs obtiendront leurs délicieuses parts de gâteau car avant d’être recyclées, les salles sont d’abord activées. Lors de l’activation, le joueur qui possède le plus de sujets dans cette pièce obtient l’ensemble des bonus liés à la salle. En fonction des pictogrammes peints sur les murs de la salle, ces bonus permettent de piocher des cartes, d’utiliser la tourelle ou le cube compagnon (nous y reviendrons), de recevoir de nouveaux sujets tests ou d’obtenir des parts de gâteaux. Les sujets ainsi que les gâteaux sont directement livrés sur le côté neuf du laboratoire mais se déplaceront inexorablement vers le côté droit en raison du recyclage continu des salles.

Les gâteaux terminent hélas à l'incinérateur.

Les gâteaux terminent hélas à l’incinérateur.

Lorsqu’un sujet se trouve dans une salle recyclée, celui-ci est simplement renvoyé à son propriétaire. En revanche, toute part de gâteau recyclée rejoint immédiatement l’incinérateur et se trouve donc complètement détruite, inutilisable pour le reste de la partie. Les joueurs ont donc tout intérêt à protéger leurs parts de gâteaux avant qu’elles ne rejoignent la fournaise. Pour cela, ils doivent compter sur leurs sujets capables de transporter chacun une part lors d’un déplacement. Notez que rien n’empêche de transporter le gâteau d’un adversaire et donc de le déposer dans une salle avant d’enclencher le recyclage. Cette tactique peu amicale est même encouragée dans ce jeu explicitement non-coopératif. Au milieu des salles du laboratoire, il faudra trouver un certain équilibre permettant de mettre ses gâteaux à l’abri vers le côté neuf du laboratoire, tout en faisant avancer certains sujets vers le côté ancien afin de récupérer de nouvelles parts durant l’activation des salles.

Comme dit plus haut, l’activation de certaines salles permet d’activer la tourelle ou le cube compagnon. Véritable plaie, la tourelle élimine tous les sujets tests dans la pièce où elle atterrit, rendant l’accès à cette salle totalement impossible. Il faudra alors attendre que la tourelle soit de nouveau activée pour qu’un joueur daigne la déplacer vers une salle adjacente. Bien sûr, positionner la tourelle dans une salle où se trouvent déjà des parts de gâteaux complique pas mal la tâche des joueurs qui souhaiteraient protéger leurs pâtisseries des flammes… De son côté, le cube compagnon est beaucoup moins violent mais tout aussi pénible puisqu’il distrait les joueurs dans sa salle et leur empêche d’obtenir le moindre bonus lors de l’activation.

Il convient d'étudier chaque face de la carte avant de la jouer.

Il convient d’étudier chaque face de la carte avant de la jouer.

Certaines salles permettent aussi de récupérer une ou plusieurs cartes. Celles-ci portent toutes une face Aperture au recto, et un personnage au verso. Le côté Aperture offre ainsi un pouvoir spécifique à celui qui joue la carte (déplacer la tourelle, brûler le gâteau d’un adversaire, etc.) tandis que le personnage modifie les règles en cours pour l’ensemble des joueurs (au moins deux sujets sur la salle activée pour obtenir un gâteau, ce n’est plus le joueur avec le plus mais avec le moins de sujets qui obtient les bonus, etc.). En début de tour, un joueur peut déployer autant de cartes qu’il le souhaite mais il doit les jouer une par une. Il profitera de son pouvoir Aperture, puis défaussera sa carte en révélant le côté personnage qui bousculera ainsi les règles pour tout le monde. Les cartes sont donc à double tranchant puisqu’elles obligent systématiquement les joueurs à peser le pour et le contre lors de chaque utilisation. En effet, si un pouvoir Aperture peut se montrer bénéfique sur l’instant, la face personnage peut éventuellement pénaliser le tour suivant. Une grosse part de la stratégie de Portal repose ainsi sur la bonne utilisation de ces cartes. Le fait qu’il ne soit possible de les jouer qu’en début de tour a alors son importance car le personnage révélé conditionnera forcément le reste du tour. D’un point de vue purement pratique, puisque les cartes sont recto verso, un joueur sait toujours quelle sera la prochaine carte à piocher, ce qui laisse finalement assez peu de place au hasard et permet donc d’élaborer sa stratégie. Notez d’ailleurs qu’il est possible de récupérer une nouvelle carte en choisissant de ne déplacer qu’un seul sujet lors de son tour. Il faudra toutefois attendre le tour suivant pour pouvoir l’utiliser…

Un laboratoire en carton, des figurines en plastique

L’idée d’avoir des salles qui viennent s’emboîter les unes aux autres est plutôt maligne pour conserver l’orientation et permettre à l’ensemble du laboratoire de se déplacer sur la table. Toutefois, l’exécution n’est pas optimale. Les pièces ne s’attachent pas toujours très bien, certaines nécessitent de forcer un peu, d’autres sont trop lâches. Au final, les tuiles en carton s’abîment rapidement, d’autant qu’il faut constamment détacher puis réassembler les salles durant la partie. Inévitablement, même en y prenant garde, le papier qui les recouvre aura tendance à s’écorner. Le reste du matériel est de bonne facture, notamment les figurines de la tourelle et du cube compagnon, réellement adorables. Attention tout de même à la fragilité de la tourelle. Notre exemplaire a déjà un bras qui pend…

Le laboratoire évolue constamment au fil de la partie.

Le laboratoire évolue constamment au fil de la partie.

Emblématiques de la série, les portails dimensionnels sont bien entendu intégrés au jeu de société. Tout comme dans le jeu vidéo, ils permettent de passer d’une pièce à l’autre comme s’il s’agissait de salles adjacentes. Les portails ne sont pas affectés par le recyclage d’une salle ; ils réapparaissent sur la nouvelle face de la tuile à l’autre bout du laboratoire. Les joueurs ont toutefois la possibilité de les déplacer en choisissant de défausser une carte et en renonçant au pouvoir Aperture qui y est associé (mais pas au personnage !). Les deux portails peuvent ainsi être placés n’importe où dans le laboratoire à l’exception des salles sur le point d’être activées. Bien utilisés, les portails peuvent ainsi permettre de mettre ses gâteaux à l’abri pendant encore quelques tours. Ce qui n’est pas rien puisque le vainqueur sera le joueur avec le plus de gâteaux sur le plateau lorsque la partie s’arrête.

Aperture is a lie.

Aperture is a lie.

Justement, la partie s’arrête automatiquement lorsque les huit parts d’un joueur sont incinérées ou lorsqu’un joueur n’a plus aucun sujet test présent dans le laboratoire. Sachant cela, le joueur ayant le plus de gâteaux aura tout intérêt à déclencher la fin de partie au plus vite, quitte à tuer ses propres sujets tests s’il le faut ! Là aussi, tout est question d’équilibre puisqu’avoir un grand nombre de parts de gâteaux nécessite un grand nombre de sujets pour les protéger. Mais avoir beaucoup de sujets implique qu’il sera plus difficile de déclencher la fin de la partie et qu’il faudra donc brûler les gâteaux adverses ou tuer les sujets ennemis, tout en conservant ses propres gâteaux ! Bref, entre cette problématique et la stratégie offerte par les différentes cartes, Portal propose une mécanique de jeu plutôt solide. Reste que les parties ont tendance à s’éterniser avec des joueurs campés sur leurs positions, préférant jouer la défense plutôt que l’attaque. Il faut dire que les mouvements offensifs ne paient pas toujours autant qu’escomptés alors que les stratégies défensives permettent toujours de temporiser en attendant la brèche. Il n’est donc pas rare de voir les parties dépasser l’heure de jeu sans qu’aucun moment fort ne pointe le bout de son nez. Au final, le jeu est plutôt bon, juste un brin longuet. On entendrait presque les railleries de GlaDOS passablement ennuyée par le manque d’initiative des joueurs enlisés dans leurs tactiques protectrices.

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LtBlight, lecteur d’ExtraLife, nous propose sa traduction française des règles du jeu Portal à télécharger en pdf.

L'avis d'extralife
  1. Auteur : Matt Hyra
  2. Éditeurs : Cryptozoic / Valve
  3. Genre : Stratégie / Acquisition de gâteaux / Non coopératif
  4. Date de sortie : 2015
  5. Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
  6. Âge recommandé : À partir de 14 ans
  7. Durée de la partie : Environ 60 mn
  • portal_the_uncooperative_cake_acquisition_game_boiteIl convient de saluer le travail de Cryptozoic sur l'adaptation de Portal. Grâce aux règles qui changent à chaque carte défaussée et aux multiples possibilités de jouer des crasses à ses adversaires, on retrouve globalement l'esprit de la série. Alors que le jeu s'appuie sur de bonnes mécaniques, solides et réfléchies, les parties ont tendance à traîner sur la longueur sans réelle possibilité d'accélérer la cadence. Le système d'attache des salles et l'usure qu'il entraîne sur les tuiles en carton est malheureusement un problème contre lequel on ne peut pas grand chose non plus.
3
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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1 commentaire

  1. ignarebrute
    ignarebrute
    3 décembre 2015 à 23 h 14 min

    Après quelques parties ( https://crusaderping.wordpress.com/2015/11/03/remember-when-you-tried-to-kill-me-twice-oh-how-we-laughed-and-laughed-portal-the-uncooperative-cake-acquisition-game-2015/ ), il me semble que l’essentiel n’est pas tant que « le joueur ayant le plus de gâteaux aura tout intérêt à déclencher la fin de partie au plus vite, quitte à tuer ses propres sujets tests s’il le faut », tout l’art est plutôt de coordonner la fin de partie avec l’acquisition ou la destruction de parts de gâteau. Le gâteau est secondaire, c’est la gestion du nombre de test subjects encore en vie sur le plateau qui est déterminante. Je n’ai jamais fini une partie avec huit part et souvent pas même la moitié. Il suffit d’une simple part de plus ! The cake is a lie!
    Et, de cette sorte, les parties sont souvent assez courtes.

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