Meilleure extension de World of Warcraft depuis Burning Crusade, Legion a insufflé un élan épique au MMO phare de Blizzard, en perte de vitesse depuis plusieurs années. Maintenant que la licence a été remise sur de bons rails, il s’agit pour le studio californien de retrouver le chemin du succès, ce qui semble être le cas au vu des premières ventes de Battle for Azeroth. En recentrant l’histoire de cette nouvelle extension sur le conflit entre l’Alliance et la Horde, les développeurs visent juste et touchent les fans de la première heure en plein cœur.
Azeroth se meurt. Le gouffre béant laissé par la lame de Sargeras lors de l’ultime bataille de Legion consume la planète à petit feu. De ces profondes blessures surgit l’azérite, essence vitale du monde et formidable source d’énergie. Alors que le roi Anduin Wrynn cherche à sauver Azeroth et à forger une paix durable, la Dame noire Sylvanas Coursevent y voit l’occasion d’assouvir sa soif de conquête. Le conflit entre l’Alliance et la Horde renaît. L’arbre-monde Teldrassil, demeure des Elfes de la nuit, est incendié. En guise de représailles, le royaume de Lordaeron est attaqué et Fossoyeuse, capitale des Réprouvés, est assiégée. La tension est à son comble et chacune des deux factions se met en quête d’alliés pour prendre le dessus. La Horde s’adresse aux guerriers trolls de Zandalar, tandis que l’Alliance s’en remet aux humains de Kul’Tiras, qui furent jadis de fervents partisans. Les deux camps pourront également compter sur le soutien de nouvelles races : les Orcs Mag’har, les Sacrenuits et les Taurens de Haut-Roc pour le premier; les Draeneï Sancteforge, les Elfes du vide et les Nains Sombrefer pour le second.
Une fois n’est pas coutume, la progression des factions s’effectue sur deux continents différents. Si un tel choix peut sembler surprenant de prime abord, il prend tout son sens très rapidement. En effet, cette séparation donne un caractère unique à l’histoire de chacune d’elles, renforçant ainsi l’immersion et la sensation d’appartenance à l’Alliance ou à la Horde, qui s’était étiolée au fil des extensions. Cette opposition, quasi manichéenne, incite à créer des personnages des deux côtés, afin de connaître les tenants et aboutissants du scénario, d’admirer les divers panoramas offerts par les différentes régions et d’apprécier le travail remarquable des compositeurs.
Si l’essentiel du leveling se fait à l’écart des adversaires, le joueur aura régulièrement l’occasion de traverser la mer et de franchir les lignes ennemies au cours de la campagne militaire, dont l’objectif principal est d’établir des avant-postes en territoire hostile. Cette volonté scénaristique met parfaitement en lumière le tout nouveau mode Guerre, qui vient effacer la distinction entre les serveurs PvE et PvP. Une simple activation du dit mode permet ainsi de retrouver toute l’excitation qui a fait le sel du PvP sauvage d’antan. Il serait donc regrettable de le bouder, d’autant plus qu’il octroie un bonus d’expérience et de puissance prodigieuse.
Désormais, cette dernière ne sert à plus à renforcer les armes, mais le Cœur d’Azeroth, un collier obtenu en accomplissant une quête au début de l’aventure. Le système d’évolution est peu ou prou identique à celui de Légion, si ce n’est qu’il s’accompagne de pièces azéritiques pour les emplacements de tête, d’épaules et de torse. L’augmentation de niveau du collier débloque des traits qui permettent de personnaliser ces pièces via divers effets offensifs et défensifs. Simple sur le papier, ce système vire rapidement au casse-tête lorsqu’il s’agit d’optimiser son personnage et les développeurs travaillent d’arrache-pied pour équilibrer l’ensemble, certains traits étant trop puissants et d’autres pas assez. À tel point qu’il n’est pas rare de voir certains joueurs conserver des équipements d’une qualité largement inférieure à ceux qu’ils ont obtenu en raid ou en donjons mythiques, afin de bénéficier d’un trait bien particulier.
Depuis plusieurs années maintenant, les pièces d’équipement disposent d’un niveau qui détermine la valeur de leurs statistiques principales et secondaires. En théorie, une pièce d’un niveau supérieur à une autre est plus puissante. Mais selon la classe jouée, la spécialisation adoptée et les caractéristiques du personnage, il arrive qu’une statistique secondaire revête plus d’importance qu’une statistique principale. Le perfectionniste préférera alors conserver une pièce de niveau inférieur, mais disposant des statistiques secondaires adéquates. Une aberration qui vient parasiter l’évolution de l’équipement du joueur, en plus d’engendrer de la frustration lorsque celui-ci obtient une pièce de niveau supérieur qu’il n’équipera pas immédiatement dans le but de rester compétitif. En outre, chaque pièce a une chance de voir son niveau augmenté automatiquement une fois obtenue (elle porte alors la mention “De guerre” ou “Forgée par les titans”). Héritage des précédentes extensions, ce système permet de repousser les limites de l’équipement du héros, en lui accordant une infime probabilité d’améliorer quelques pièces. Complètement aléatoire, cette mécanique affiche désormais clairement ses limites et génère en réalité un certain déséquilibre entre joueurs de même avancée. Il n’y a plus qu’à espérer que les développeurs, conscients du problème, apportent quelques modifications à ce système démodé.
Du changement et de la nouveauté, il y en a finalement assez peu dans Battle for Azeroth. Outre les expéditions, les donjons et les champs de bataille, les joueurs désireux de collecter un maximum de puissance prodigieuse peuvent se lancer à l’assaut des nouvelles îles sur lesquelles pullulent les gisements d’azérite. Le principe est simple : il s’agit de récolter une certaine quantité de la précieuse ressource en éliminant divers ennemis et de la ramener à bon port. Rapidement répétitives, ces explorations instanciées deviennent plus excitantes en mode PvP, face à trois autres joueurs. Autre nouveauté de cette extension, les fronts de guerre sont des raids PvE réunissant 20 joueurs, dans lesquels l’objectif est de vaincre le commandant de la faction adverse. Profondément ancré dans le conflit Horde/Alliance, ce mode de jeu propose une mécanique plutôt rafraîchissante, puisqu’il demande aux participants de réunir des ressources (bois et minerai) afin de construire des bâtiments et de recruter des unités, à la manière d’un STR. Malheureusement, l’extrême facilité de l’instance et son côté scripté (cela reste du PvE) ne lui confère que peu d’intérêt pour l’instant, si ce n’est d’équiper ses personnages à moindre effort. Néanmoins, ce retour aux sources de l’opposition entre les deux factions historiques de l’univers Warcraft est particulièrement grisant et ouvre des perspectives on ne peut plus réjouissantes. On a hâte de découvrir ce que nous réserve Blizzard pour les mois à venir et de participer au Siège de Zandalar, le prochain raid qui livrera une expérience et une progression différentes en fonction du camp choisi. Et n’oublions pas non plus les Dieux très anciens, dont la présence se fait de plus en plus menaçante…
- Développeur : Blizzard Entertainment
- Éditeur : Activision Blizzard
- Genre : MMORPG
- Date de sortie : 14 août 2018
- Supports : PC, Mac
- Si Legion était l'épisode du renouveau, Battle for Azeroth est clairement celui de la continuité. Peu de réels ajouts au programme, hormis quelques modes de jeu, mais une véritable consolidation de ce qui a été reconstruit il y a deux ans. Encore en rôdage, la machine World of Warcraft souffre de quelques ratés, mais n'est pas enrayée pour autant. Alimentée par un conflit Horde/Alliance excitant, elle sait se montrer performante quand il s'agit de donner satisfaction à ses fans et n'a clairement pas encore exprimé tout son potentiel...
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