Le fan service n’a pas forcément bonne presse. On le réduit le plus souvent à une démarche de racolage tout ce qu’il y a de plus vulgaire consistant à appâter le chaland en visant en dessous de la ceinture ou en flattant son penchant à se replier sur ses acquis. Pourtant, il existe bien un versant plus noble au fan service, quand ce dernier joue avec des codes préétablis dans le but d’introduire quelque chose de nouveau. Ça tombe bien, c’est justement la voie qu’emprunte Dragon Quest Heroes.
N’ayez pas honte de le reconnaître, il est tout à fait possible que vous ne vous soyez jamais intéressé de manière sérieuse à un musô durant toute votre carrière de joueur. Ce sous-genre popularisé par les Dynasty Warriors rassemble une petite communauté d’amateurs mais sait se montrer particulièrement hermétique aux néophytes. Ces derniers ne retiennent généralement de ces beat’em all de masse que l’aspect désuet des graphismes, la stupidité des hordes d’ennemis qu’on y affronte et la simplicité apparente du gameplay. Pas facile dans ces conditions d’attirer un nouveau public. C’est d’ailleurs certainement dans le but d’élargir un peu la niche à laquelle il se destine que Koei Tecmo s’est attelé à adapter ces dernières années des licences bien connues. De Ken le Survivant à One Piece, en passant par les Zelda, la fameuse division Omega Force a su adapter la recette du musô à un peu toutes les sauces. La réussite n’était pas systématiquement au rendez-vous, mais au moins le studio témoignait toujours d’un certain respect des œuvres originales. Reste à savoir jusqu’où est allé ce fameux respect dans le cadre de Dragon Quest Heroes.
Musô mais pas trop
On ne va pas se mentir, les allergiques à la castagne, même s’il s’agit de grands amoureux de la série des Dragon Quest, ne trouveront pas leur bonheur ici. En effet, le gros du titre reste de contrôler une équipe de quatre guerriers jetés sur un champ de bataille truffé de monstres. Au premier coup d’œil, on pourrait vraiment penser qu’il s’agit là d’un énième musô sans grande originalité, mais même les plus grognons devront concéder que la douzaine de personnages jouables sont très complémentaires et possèdent chacun un style de combat qui lui est propre. Entre ceux qui permettent de gérer plus facilement les foules d’adversaires, ceux qui octroient des bonus à leurs alliés, ceux qui combattent plutôt à distance ou au contraire qui vont au contact avec les ennemis, vous aurez tout le loisir d’élaborer vos stratégies et de vous adapter à la situation. Précisons que tout ce beau monde possède une attaque spéciale dévastatrice unique liée à une jauge qui se remplit au cours du combat, et qu’il est bien entendu possible d’incarner instantanément l’un ou l’autre des quatre guerriers présents au combat.
Même si tout ceci est de bonne facture, on reste pour l’instant dans une optique relativement classique, là où Dragon Quest Heroes creuse sa différence avec les autres musô, c’est qu’il axe principalement les combats sur des stratégies de défense de zones ou de personnages. Vous avez généralement peur des missions d’escorte ? Rassurez-vous, ici l’ensemble est bien pensé et prend même une dimension particulièrement stratégique. En tuant des monstres, on obtient de l’argent et parfois même des ingrédients d’alchimie, mais il arrive aussi qu’on mette la main sur des médailles. Ces dernières viennent remplir un petit inventaire dédié (qui va s’étoffer au fil de l’aventure) grâce auquel il est ensuite possible d’invoquer les monstres en plein combat. Il existe ainsi deux types d’invocations, celles qui apparaissent juste le temps d’effectuer une attaque massive ou un soin à l’équipe, et celles qui restent ensuite sur le champ de bataille comme une troupe autonome dotée d’une jauge de vie.
C’est ainsi que Dragon Quest Heroes prend des allures de tower defense : il faut placer ces fameuses troupes de manière stratégique pour éviter d’être submergé ou pour contrer un flot d’attaques lorsque l’on part en endiguer un autre. Ce système de médailles de monstres allié à la possibilité de se téléporter sur les points déjà explorés de la carte donne à l’ensemble du jeu une dimension réellement tactique. N’en déplaise à ceux qui voient les affrontements de Dragon Quest Heroes seulement comme un brouhaha excité, il faut aussi savoir prendre les bonnes décisions au bon moment pour gérer correctement la cohue. Mais ce n’est pas tout, le titre lorgne aussi vers un petit aspect RPG. Bien entendu, il n’est pas question d’atteindre la complexité d’un vrai jeu de rôle, mais on retrouve dans le gameplay une foule de petits détails qui font directement référence au genre d’origine des Dragon Quest, comme autant de petites attentions adressées aux fans de la série originale.
Pour l’amour des fans
L’enrobage RPG intervient de diverses manières, la plus évidente et la plus commune tient certainement à l’évolution des personnages qui gagnent tout bêtement de l’expérience au fil de l’aventure, leur permettant ensuite de monter de niveau et de distribuer des points de compétence. On retrouve aussi un système basique d’achat de matériel toujours plus performant. Par contre, on s’attendait peut-être un peu moins à voir débarquer le principe de l’alchimie, tout droit issu de la série mère. Un PNJ nous permet en effet d’associer différents ingrédients pour obtenir des accessoires ou pour les améliorer. Ne prenez pas ces équipements pour de simples babioles, leurs effets vous permettront parfois de faire la différence dans les situations les plus compliquées. Enfin, le dernier point qui contribue à cet arôme de jeu de rôle tient à la présence d’une multitude de quêtes annexes. Si la plupart d’entre elles sont assez basiques (récolter tels ingrédients, battre telle quantité de monstres…), celles qui sont proposées vers la fin de l’aventure vont au contraire apporter un petit supplément narratif propre à chaque personnage concerné.
Vous aurez remarqué qu’on n’a pas encore abordé la question du scénario de ce Dragon Quest Heroes, et pour cause puisque ce dernier se limite à une énième lutte de la lumière contre les ténèbres et qu’il ne s’agit là finalement que d’un prétexte pour nous planter les quatre personnages originaux de cet opus. Mais les véritables stars, les protagonistes qui vont réellement faire chavirer le cœur des fans, ce sont les guerriers issus de dimensions parallèles, autrement dit d’épisodes canoniques de Dragon Quest. Les choix n’ont visiblement pas été faits au hasard car on retrouve des figures connues issues des opus les plus appréciés (tout du moins chez nous) : la trilogie zénithienne est à l’honneur, les épisodes IV à VI qui ont eu droit à de jolis remakes DS, ainsi que l’Odyssée du roi maudit, l’épisode PS2 qui a largement contribué à faire connaître la série sous nos latitudes. Les équipes d’Omega Force ne se sont pas contentées de récupérer ces personnages, elles se sont appropriées leur background et y font constamment référence sous forme de blagues ou de clins d’œil plus ou moins appuyés. On est par exemple clairement dans la connivence lorsque Bianca et Nera parlent de leur futur mariage avec un peu d’embarras…
Si la richesse du scénario est plutôt à chercher du côté de ce genre de références plus ou moins directes, il y a bien un autre aspect du titre où le fan service tape encore plus fort, il s’agit de l’ensemble de son design aussi bien visuel que sonore. Pas de doute, on retrouve bien le bestiaire propre à la série, le fameux chara design d’Akira Toriyama et les musiques qui ont bercé les amateurs de la licence. Pour ne rien gâcher, le tout est servi avec un rendu impeccable, s’il faut bien avouer que l’aspect technique n’a pas toujours été le fort des productions d’Omega Force, l’équipe s’est cette fois-ci surpassée pour que l’ensemble reste fluide et beau à l’écran. En bref, il reste peu de choses à reprocher à ce Dragon Quest Heroes, si ce n’est peut-être les aller-retour incessants qu’il nous impose avec la base ou l’aspect relativement répétitif de certaines missions annexes. Dans tous les cas, il s’agit là d’un titre idéal pour découvrir le genre, voire d’un incontournable pour tous les joueurs qui éprouvent une tendresse particulière pour la série des Dragon Quest.
L’avis de Benjamin
Un Dragon Quest à la sauce musô ? Cela peut faire peur et il fallait oser. Mais Dragon Quest Heroes n’est pas seulement cela. C’est une recette mélangeant habilement une pointe de tower defense, un soupçon de RPG tartiné d’action, une bonne cuillère à soupe de beat’em all, le tout mariné dans l’univers heroic fantasy de Dragon Quest. Le résultat n’en est que délicieux.
Visuellement magnifique, techniquement solide, Dragon Quest Heroes saura séduire à la fois les fans de la série de la première heure ainsi que les curieux souhaitant découvrir l’univers Dragon Quest, le tout dans un jeu complet, dynamique et plus tactique qu’on aurait pu le penser au premier abord.
Point noir cependant, l’absence d’un mode coop, un cruel manque pour ce genre de jeu. Défaut corrigé pour Dragon Quest Heroes 2. On a hâte.
- Développeur : Koei Tecmo
- Editeur : Square Enix
- Genre : Musô
- Date de sortie : 16 octobre 2015
- Supports : PC, PS4, PS3
- Dragon Quest Heroes fait partie de ces titres qui transpirent d'amour : clairement, les équipes d'Omega Force ne se sont pas moquées des fans de la série originale en cuisinant la licence à leur sauce. Le titre ne se contente pas de recycler des mécaniques de jeu déjà bien rodées, il innove au contraire tout en respectant à la lettre l'univers Dragon Quest. En somme, nous avons là un titre calibré sur mesure pour plaire aux amateurs de J-RPG qui n'avaient pas encore eu l'occasion de s'essayer au musô.
- L'avis de Benjamin
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