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Firewatch : L’appel de la forêt

Vous êtes guetteur de feux de forêts au beau milieu du Wyoming, tout près du parc national Yellowstone. À l’aube de la quarantaine, vous avez choisi de venir passer un été loin de tout, et surtout loin de votre situation familiale difficile. Initialement, ces semaines de solitude devaient vous permettre de faire le point, perché dans votre tour au cœur d’un cadre sublime. C’est en tout cas pour cela que vous aviez accepté le job sans savoir que vous signiez en réalité pour une saison loin d’être tranquille.

Dès la première journée de boulot, les choses commencent déjà à bouger. Des feux d’artifices éclatent au loin et vous êtes priés d’aller sermonner les fauteurs de troubles ; à votre retour, vous découvrez que votre tour a été totalement saccagée. Difficile d’en dévoiler plus sur l’histoire de Firewatch sans risquer de gâcher quoi que ce soit. Le jeu mise tant sur sa narration qu’il serait dommage de dévoiler plus que nécessaire sur cette histoire finement écrite par des anciens de Telltale Games. Sachez qu’un mystère enveloppera le gros de l’aventure, et que vous y serez mêlé à contre cœur. Pour le démêler, il faudra vadrouiller dans une zone bien définie dont les sections s’ouvrent peu à peu en fonction de l’équipement ramassé. Par exemple, les cordes de rappel permettent de descendre des falaises et d’accéder à de nouveaux sentiers.

Votre nouveau chez vous le temps d'un été, le temps d'y voir plus clair.

Votre nouveau chez vous le temps d’un été, le temps d’y voir plus clair.

Vous, c’est Henry et Henry, c’est vous. Bien que le héros soit imposé, le studio Campo Santo fait son possible pour que l’on s’approprie réellement ce personnage en nous confrontant régulièrement à plusieurs choix pour façonner le caractère du Henry que nous souhaitons incarner. On pense notamment aux événements qui conduisent Henry jusqu’à sa tour de guet et qui se trouvent relatés dans une introduction interactive durant laquelle nous aurons à trancher sur des détails anodins (le nom du chien que l’on adopte), tout comme sur des réflexions bien plus personnelles (la volonté ou non d’avoir des enfants). Toutes ces décisions ont pour but commun de modeler la vision que l’on souhaite se faire du personnage. À chacun d’y injecter la dose de roleplay voulu, en mettant plus ou moins de soi-même dans ce Henry. Le personnage est pourtant loin d’être une coquille vide, il a un passé, un vécu, des opinions et un sens de l’humour que nous finissons petit à petit par nous approprier le temps de la partie, exactement de la même manière qu’Henry s’approprie nos prises de décisions. Vous c’est Henry et Henry, c’est vous.

La radio représente votre seul lien avec l'extérieur et plus particulièrement avec Delilah.

La radio représente votre seul lien avec l’extérieur et plus particulièrement avec Delilah.

Et puis, il y a Delilah, votre superviseuse logée dans une tour de guet voisine que l’on distingue au loin. Dès l’arrivée dans votre cabine, Delilah vous accueille via radio pour ne plus vous lâcher. Et c’est tant mieux. Car on pourrait parler pendant des heures de l’originalité du cadre de Firewatch, de son gameplay plus ou moins limité à se perdre en forêt, boussole à la main et nez plongé sur la carte ; on pourrait aussi épiloguer sur la beauté des paysages qui changent au fil du climat ou sur les musiques parfaitement intégrées pendant la progression. Tout cela reste secondaire puisqu’au final, on ne retiendra qu’une chose : la relation qui s’établit instantanément entre Henry et Delilah. Cette conversation quasi continue menée via talkie walkie est réellement au cœur de Firewatch, elle lui donne toute la vie et l’âme qui se dégagent de l’expérience. Là aussi, chacun mettra plus ou moins de soi-même dans la discussion pour lui donner une tournure plus ou moins distante ou plus ou moins amicale. Voire plus si affinités. Selon la méthode Telltale, lorsqu’il faut parler, plusieurs options de dialogue s’affichent et il faut en choisir une en temps limité, sachant que le silence est toujours perçu comme une réponse valide. Henry peut aussi solliciter Delilah à de nombreux moments pour initier une discussion sur l’équipement dans sa cabine, sur la montagne au loin, ou sur bien d’autres sujets qui lui trottent dans la tête.

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De ces échanges parfaitement interprétés par des acteurs pleinement dans leur rôle, naît une relation nourrie par nos propres sentiments vis à vis des situations. Du coup, à l’image d’un Henry qui vient chercher des réponses dans la forêt du Wyoming, nous voici en quelque sorte nous aussi invité à faire le point sur notre vie d’une manière plutôt intelligente puisque totalement transparente et directement intégrée dans le jeu.

Boussole et carte devriendront rapidement deux de vos meilleurs amis.

Boussole et carte devriendront rapidement deux de vos meilleurs amis.

En plus de réussir à créer une véritable relation entre les deux personnages, ou disons-le entre le joueur et Delilah, Campo Santo semble également s’être fixé pour but de ficeler une histoire qui sorte des sentiers battus. On sent que les auteurs ont grandi avec le jeu vidéo et qu’ils ne trouvent pas normal qu’on nous rabâche sans cesse les mêmes clichés au fil des jeux. D’où probablement un cadre et un héros atypique. D’où aussi un scénario différent de celui que l’on pense trouver au départ. Alors même si tout n’est pas parfait à ce niveau, même si en grattant en peu on entrevoit des failles dans l’histoire, Firewatch s’inscrit comme une réussite indéniable. L’une de ces aventures singulières que l’on prend énormément de plaisir à parcourir et qui fait également office d’invitation à découvrir les magnifiques forêts du Wyoming.

Un point technique

Une fois n’est pas coutume, il est important de souligner les différences techniques qui séparent la version PC de la version PS4. Si aucun souci n’est à constater sur PC, l’édition console souffre de nombreux ralentissements, de micro-lags et de popping de la végétation plutôt désagréable. L’aventure reste jouable, elle conserve même tout son charme, mais l’expérience s’avère encore meilleure en optant pour la version PC.

Mise à jour : un patch est maintenant en ligne, réglant pas mal des problèmes mentionnés ici. La fluidité est au rendez-vous, la distance d’affichage est supérieure.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Campo Santo
  2. Éditeur : Panic
  3. Genre : Aventure
  4. Date de sortie : 9 février 2016
  5. Supports : PC, PS4
  6. Nombre de joueurs : 1 joueur
  7. Site officiel : http://www.firewatchgame.com/
  • firewatch_0000La qualité d'écriture, le naturel des conversations, la finesse des personnages, tout cela participe ainsi au charme de Firewatch et à faire de lui une expérience pas forcément singulière puisqu'il existe des tas d'autres jeux narratifs basés sur les dialogues, mais réussie de bout en bout. Un bon grand bol d'air frais dans le paysage vidéoludique joliment servi par une direction artistique extrêmement classe.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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9 commentaires

  1. Garrett
    Garrett
    8 février 2016 à 22 h 35 min

    Dommage que le jeu soit uniquement en anglais non sous-titré pour l’instant. Les screens donnent vraiment envie d’y jouer.

  2. Vactro
    Vactro
    9 février 2016 à 0 h 12 min

    Le jeu est vraiment très chouette visuellement et essaye une nouvelle approche dans le jeu, pas quelque chose qu’on ai déjà vu et ça fait plaisir à voir ça.

    Lorsqu’une traduction FR sortira je pense que je me le prendrai.

  3. The_Patriot_FRA
    The_Patriot_FRA
    9 février 2016 à 15 h 13 min

    Depuis le temps qu’on l’attend de notre côté… ! Hâte de pouvoir mettre la main dessus. Surtout après un critique comme celle-ci ! Merci Jihem !

    1. Jihem
      Jihem
      9 février 2016 à 15 h 32 min

      Tout le plaisir est pour moi. Bonne balade dans les bois du Wyoming.

  4. eltoxien
    eltoxien
    10 février 2016 à 22 h 02 min

    Ce jeu avait attiré ma curiosité… Mais sans plus.
    Mais ton article m’a donné envie de marcher dans les bois.
    Donc merci Jihem, je vais de ce pas faire la cueillette aux champignons.

  5. CalderMane
    CalderMane
    11 février 2016 à 7 h 34 min

    FireWatch est un jeu mature qui ne se prend pas au sérieux. Avant tout basé sur sa narration il profitera d’une belle relation entre deux personnages pour nous faire voyager à travers le parc de Yellowstone.
    Son ambiance visuelle intègre à merveille une VO de qualité. Et c’est par l’histoire et les dialogues que notre quête évoluera. Sans temps mort on se laissera bercer sans effort dans une paysage rafraîchissant.
    Si la profondeur des personnages est à la hauteur du rendu visuel on regrette une durée de vie un peu juste et un jeu techniquement faiblard.
    Notre exploration se fera en douceur et le jeu vous guidera dans votre progression.
    Je note malheureusement que les dialogues sont très (trop) présents et auront tendances à casser un peu l’immersion au point de ne jamais s’imprégner pleinement de l’ambiance de notre environnement. Oui Delilah est bavarde.
    J’ai eu l’impression par moment que les développeurs ont eu peur que les joueurs s’ennuie.
    De plus la carte bien détaillée vous rendra “l’exploration” un peu trop facile. A la moitié du jeu je l’ai simplement supprimer de mes raccourcis afin de rendre mon expérience de jeu plus personnel et moins rigide. Cette méthode aura eu comme conséquence de me faire voyager plus longtemps, et sans vraiment le vouloir, de trouver des objets secondaires. Ces derniers ont ajouté quelques lignes supplémentaires au background tout en offrant un petit coup de fouet à une durée de vie limité.
    Je ne reviens pas sur le Gameplay qui se veut très simpliste mais en rien dénué d’intérêt. Pas de grigri inutile ici, l’intérêt est ailleurs
    Je retiendrai la maturité des propos d’un jeu que ne se veut pas révolutionnaire mais qui ne se prend pas au sérieux.
    Une belle balade bien racontée, parfois, ça fait du bien monsieur les éditeurs.

    3.5/5

  6. ramenos
    12 février 2016 à 19 h 38 min

    Question : parle-t-on d’un jeu avec un côté horreur ou pas du tout ? La direction artistique et la narration semblent me plaire énormément, mais je ne souhaite pas sursauter toute les 10 minutes en jouant si cela est possible :)

    1. Jihem
      Jihem
      13 février 2016 à 17 h 54 min

      Répondre à cette question serait spoiler l’expérience. Disons que non, tu ne sursauteras pas toutes les 10 minutes en jouant.

  7. osnotropp
    osnotropp
    17 février 2016 à 12 h 52 min

    Je l’ai pris et j’ai vraiment beaucoup aimé.
    Difficile en effet d’en parler sans spoiler mais l’écriture est vraiment très bonne et l’on s’attache très vite aux personnages et à leur personnalité. Perso, j’y joue pour décompresser un peu entre deux boulots.

    Une belle bouffée d’air frais!

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