Inside : Le roi des ombresTest JV

Inside : Le roi des ombres

En 2010, Playdead créait la surprise et marquait durablement de son empreinte le panthéon du jeu vidéo avec Limbo, étrangeté d’un bien sombre onirisme, cruel, malsain mais étrangement séduisant. Adepte du travail bien fait, le studio aura pris son temps pour livrer son second titre, à même de renvoyer son prédécesseur au vestiaire.

inside_001Au risque d’un dangereux raccourci, on pourrait dire qu’Inside, c’est un peu un Limbo magnifié, mais ce serait réduire le travail de Playdead à une simple redite facile, un second single qui reprend l’air du premier, et oublier qu’Inside a sa propre identité, sa propre beauté et une capacité phénoménale à scotcher le joueur du début à la fin, le laissant un peu bouche bée et l’esprit fort troublé devant les crédits qui défilent. Bouche bée, regard hagard et se repassant dans sa tête le chemin parcouru depuis qu’il a pris les commandes de ce gamin anonyme vêtu d’un T-Shirt rouge, cherchant à fuir une menace inconnue. Pas une ligne de texte, pas un dialogue et encore moins d’indications sur le gameplay ou le contexte, Inside est un jeu muet qui ne vous expliquera jamais rien, de ses mécaniques ou de son univers. Ce monde oppressant richement décrit par l’environnement est librement interprété par la subjectivité de chacun. Il y a de la dictature dans tout ça, de la tyrannie, de l’exploitation, de la science qui a mal tourné et assez de cruauté pour qu’un enfant soit menacé de mort quand il cherche à fuir.

inside_002Pour toute l’angoisse suintante que cherchent à décrire les artistes de Playdead, il y a malgré tout une incontestable beauté sombre dans Inside. Là où Limbo optait pour une 2D quasiment en noir et blanc, baigné de nombreux contre-jours, Inside donne de la profondeur à son monde en 3D et ajoute de nombreuses nuances de gris pour un résultat esthétiquement bluffant (et fonctionnellement plus lisible) ; jeux de lumières, reflets, clairs-obscurs, chaque zone semble avoir été peaufinée au pinceau fin pendant des heures, mis en vie par des objets à la physique d’une grande précision, qui sait faire ressentir inertie et masse, sans pour autant venir entraver les quelques phases de sauts. Une physique qui vient également en aide à l’animation des personnages, chutes, roulés-boulés, course, bête ouverture d’une porte, etc. Que l’on regarde le héros anonyme, un éventuel poursuivant ou une silhouette au loin, Inside n’est jamais pris en défaut. Pas plus que sur d’autres points par ailleurs, 0 temps de chargement, 0 ralentissement, 0 défaut d’affichage. Il ne reste qu’à ajouter des mouvements de caméra parfaitement maîtrisés, offrant ici un large panorama sur une structure inquiétante, là un plan serré sur une marre d’eau reflétant à merveille une Lune rasant l’horizon… L’obscure beauté d’Inside, qui semble presque palpable, concret, et la volonté de découvrir plus profondément son univers sont probablement les deux principales motivations qui vous conduiront vers l’étape ultime de ce voyage crypto-initiatique, plus encore que son gameplay.

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Du gameplay d’ailleurs, on préfère ne pas trop en dire, ce serait comme spoiler des morceaux de l’histoire, puisque les puzzles eux-mêmes contribuent à leur façon à dévoiler ce qui se passe dans cette triste allégorie. Sachez en tout cas que Playdead a revu son carnet de notes, affinant les commandes du héros qui répond au doigt et à l’œil, évitant les gamelles inopportunes. Les puzzles sont rarement très difficiles, même si certains seront à même de vous laisser vous gratter la tête quelques temps, et se résolvent surtout avec un naturel et une fluidité déconcertante, presque difficile à décrire. Dans le cas des plus longs, on comprend, pièce par pièce, comment assembler le puzzle global, presque plus par intuition que par logique et mécanique. Chaque nouvelle énigme est en prime une nouvelle découverte, Inside ne répétant pas deux fois une situation, à chaque zone de jeu, ses mécaniques, même si quelques ficelles peuvent être employées de nouveau dans un contexte différent. Rarement gameplay, direction artistique, mise en scène et scénario auront mené un ballet si bien coordonné, faisant d’Inside une véritable pièce de collection, une oeuvre à part, faussement simple, qui envoûte et interroge.

L'Avis d'extralife
  1. Développeur : Playdead
  2. Genre : Puzzle-platformer
  3. Date de sortie : Xbox One : 29 juin / PC : 7 juillet
  4. Supports : Xbox One, PC
  5. Site officiel : http://www.playdead.com/games/inside/
  • logo_insideMalgré sa brièveté (comptez 3 à 4 heures), Inside n'a rien d'un jeu pop corn ou d'un « petit jeu ». Inside vous hypnotise, vous happe, vous prend dans son orbite avant de vous avaler puis de recracher quelques heures plus tard, un peu hébété par la drôle d'expérience que vous venez de vivre. Une seconde fois, Playdead s'impose, quant à Inside, il est déjà le sujet de nombreuses conversations et interprétations possibles sur le net..
5
Dinowan

Blogueur beauté, Youtubeur megalol, Selfie addict, InstaFoodie

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12 commentaires

  1. Painwinter
    Painwinter
    5 juillet 2016 à 16 h 44 min

    J’ai pas lu l’intégralité du test pour pas trop m’en dévoiler du jeu mais le seul fait de voir que c’est une réussite me donne tellement envie de le faire ! Tant pis pour les soldes et les économies il sera mien. :3

    Merci pour le test en tout cas !

  2. Dinowan
    Dinowan
    5 juillet 2016 à 17 h 12 min

    Tu peux lire, c’est 100% spoiler free, du “scénar” aux puzzles. En gros c’est un test qui dit “mais putain bordel c’est ‘achement bien je peux pas vous dire pourquoi mais achetez le bon sang”.

  3. SiZZiGY
    SiZZiGY
    5 juillet 2016 à 21 h 54 min

    WOW! Ce jeu à l’air tout simplement sublime, dès que j’ai un petit moment de libre je me jette dessus!

    1. Jihem
      Jihem
      6 juillet 2016 à 19 h 22 min

      J’attends une éventuelle sortie PS4 ou Mac pour y goûter. J’ai hâte.

  4. Likwid
    Likwid
    6 juillet 2016 à 11 h 27 min

    ça à l’air vraiment bien. Il faut que je me fasse Limbo avant. Je l’ai sur steam depuis deux semaines quand il était gratuit pendant quelques jours. Et je serais pret pour celui là.

    1. Jihem
      Jihem
      6 juillet 2016 à 19 h 23 min

      Tu n’as toujours pas fait Limbo ?? Quelle erreur !

    2. Likwid
      Likwid
      7 juillet 2016 à 9 h 15 min

      je l’avais commencé sur 360 mais malheureusement jamais fini. Je sais c’est mal…Mais maintenant je pourrais le faire tranquillement (enfin bon là je joue pas trop en ce moment)

  5. BabyMonkey
    BabyMonkey
    8 juillet 2016 à 21 h 21 min

    Quelle déception que ce Inside.

    Alors oui l’ambiance est chouette, oui il y a des beaux jeux de lumière, oui c’est un jeux indé, mais bordel que c’est VIIIIDE et COUUUURT (2-3h de jeux grand maximum). Et je dis pas court dans le sens “on en veut encore”, mais bien court dans le sens que tu restes largement sur ta faim. En dehors de 2 séquences de jeux d’environ 20 minutes chacune, j’étais juste là devant mon pc en mode “mouais ça commence quand”.

    C’est facile, aucune mécanique ne sort vraiment du lot, c’est creux, c’est court, il y a aucune rejouabilité.

    Non vraiment, ne vous laissez pas avoir par la hype et attendez de le trouver à 5 euros en promo. C’est juste un jeux sympathique sans plus, le genre que tu lances le temps de t’occuper une soirée et que tu oublies très vite après.

  6. Dinowan
    Dinowan
    9 juillet 2016 à 18 h 29 min

    Ouais, je comprends tout à fait qu’on puisse avoir ce genre de réaction face à un jeu comme Inside. Il est presque plus contemplatif que ludique, pas dur, comme j’ai pris soin de la signaler, c’est une question de sensibilité (je ne dis pas que tu es insensible :) ) . J’ai le même sentiment devant des titres cultes qui me laissent plus que mitigé, le désintérêt honteux quand j’essaie de jouer à Ico ou Shadow of the Colossus et la honte supplémentaire quand je dis qu’ils me gonflent.
    Après, pour préciser un point, je ne cède pas à la hype, je ne l’ai jamais fait, et j’ai joué et écris le test en me tenant à l’écart du net. Donc pas d’incitation extérieure à dire du bien pour suivre le mouvement :) . Je doute par ailleurs que ce soit le cas chez des confrères.

    1. BabyMonkey
      BabyMonkey
      10 juillet 2016 à 1 h 33 min

      Moui tout est question de sensibilité j’imagine ^^ (tu es fou j’ai adoré SOTC)

      Quand je parlais de hype c’était pas pour ton test, mais plutôt les avis de joueurs “lambdas”.

  7. bab73
    bab73
    14 juillet 2016 à 16 h 22 min

    J’aime vraiment le style d’écriture de Dino et j’ai hâte de l’essayer ce petit jeu!

  8. dotcom
    dotcom
    17 juillet 2016 à 12 h 10 min

    je regrette le temps des cds contenant des démos de jeu.
    maintenant il faut acheter un jeu pour se faire son propre avis.
    c’est comme cela que j’ai été déçu de “yarni”, le jeu est trop difficile pour moi.
    je m’abstiendrai donc de jeter mon argent par les fenêtres en achetant ce que les testeurs voudraient que j’achète.

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