Abzû : Journey prend l’eau Test JV

Abzû : Journey prend l’eau

Quand plusieurs anciens de thatgamecompany, menés par le directeur artistique de Journey, décident de quitter la maison mère pour créer leur propre studio, il y a de grandes chances que leur premier jeu soit dans la veine de ce qu’ils savent déjà faire de mieux. Sans surprises, Abzû partage donc d’énormes similitudes avec Flower et Journey. Ceci dit, en réutilisant le même concept, baigné cette fois dans un univers aquatique, le nouveau studio court évidemment le risque que la formule prenne l’eau.

Plongée dans un océan d’inconnus, la petite nageuse que nous incarnons découvre en même temps que nous les mystères qui l’entourent. Nager sans but précis, simplement guidés par la curiosité, nous conduit à découvrir assez rapidement l’ensemble des ficelles de gameplay que nous suivront durant les deux heures de cette aventure aquatique. En plus de nager, la plongeuse peut activer un petit sonar pour interagir sporadiquement avec ce qui l’entoure, réveiller des drones ou libérer de nouvelles espèces animales. Accessoirement, elle peut également se poser en tailleur pour soi-disant méditer. Cela se traduit par une pause dans l’aventure pour permettre au joueur de braquer la caméra sur les différentes créatures marines peuplant la zone.

abzu_0015.jpgQuelques petites subtilités viennent s’ajouter au gameplay à mi-parcours, mais globalement, on passera la majeure partie de son temps à nager pour explorer les environs tout en assemblant mentalement les pièces d’une narration volontairement diluée. On se retrouve effectivement au sein d’une histoire sans paroles, principalement narrée à travers quelques fresques à observer de-ci de-là – un procédé qui rappelle évidemment les peintures de Journey et qui laisse donc une place primordiale à l’interprétation personnelle.

abzu_0014.jpgPuisque chacun se forgera une libre interprétation de ce qu’il a vécu, la sensibilité joue forcément un rôle clé dans l’appréciation d’Abzû. C’est d’autant plus vrai que le contemplatif prend souvent le pas sur l’aspect ludique. À tel point d’ailleurs que le titre passerait presque pour un spectacle aquatique dans lequel nous serions cantonné au rôle de figurant, virevoltant dans des champs d’algues fluorescentes accompagné dans notre danse par d’autres poissons et cétacés. L’aspect contemplatif est si poussé que le titre dans son ensemble renvoie régulièrement au Fantasia de Disney (et notamment à la séquence des baleines dans Fantasia 2000). La comparaison n’est d’ailleurs pas vaine car en écoutant la sublime bande originale d’Austin Wintory, on en vient à se demander si la musique sert de support au jeu où si, selon la philosophie de Fantasia, les images sont, elles, au service de la partition.

Mais hélas, tout aussi magique et sublime qu’il soit, Abzû a le malheur de passer quelques années après Flower et Journey, et il souffre forcément de la comparaison. Le sentiment de redite est réel d’un bout à l’autre avec des plans de caméras, voire des séquences entières qui rappelleront l’une ou l’autre des deux références. Certes, l’univers aquatique est indéniablement enchanteur, et il offre aussi un certain dépaysement, mais dans le fond, il s’agit d’un jeu très similaire qui peine à se forger une réelle personnalité. C’est donc avec une petite pointe de déception que l’on constate qu’Abzû se montre largement moins marquant que ses inspirations. Si le voyage se parcourt globalement avec plaisir, il n’offre pas de moments réellement inoubliables comme ont justement su en proposer Flower et Journey.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Giant Squid
  2. Éditeur : 505 Games
  3. Genre : Exploration sous-marine
  4. Date de sortie : 2 août 2016
  5. Supports : PC, PS4
  6. Site officiel : https://www.abzugame.com
  • abzu_0000bCela peut paraître injuste de sans cesse comparer Abzû à Flower et Journey, mais puisqu'il est en grande partie imaginé par les mêmes personnes et qu'il suit la même ligne directrice, on peut difficilement faire autrement. Les nombreuses qualités d'Abzû portent donc le fardeau de la redite et finissent par transformer l'expérience en mélange aquatique des deux titres précédents. Le voyage est beau mais il lui manque la petite étincelle pour se démarquer réellement. En même temps, ce n'est pas toujours très simple d'allumer une étincelle sous l'océan.
3
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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2 commentaires

  1. dotcom
    dotcom
    16 août 2016 à 11 h 32 min

    j’ai commencé journey sans le finir, est ce que je dois essayé ce jeu?

    1. Jihem
      Jihem
      16 août 2016 à 17 h 05 min

      En mettant le sentiment de redite de côté, j’ai tout de même largement préféré Journey. Le voyage était plus varié et plus enchanteur à mon goût.

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