Micropolis : Galeries sans tiquesTest JDS

Micropolis : Galeries sans tiques

Si Bernard Werber a décrit avec grande minutie les us et coutumes des fourmis dans ses romans, il a tout de même oublié de mentionner des tendances feng shuistes de ces fascinants insectes. Les auteurs Bruno Cathala et Charles Chevallier sont heureusement là pour rappeler que ces petites bêtes sont systématiquement à la recherche de la plus jolie fourmilière possible, tout du moins celle qui leur rapportera plus de points de victoire que les voisins.

Sachez-le, la construction d’une fourmilière commence toujours par la place centrale, où sont d’ailleurs rassemblées cinq fourmis soldats, garantes de la paix à travers la cité. Après cela, un premier tronçon est bâti, suivi d’un second qui doit obligatoirement toucher le premier et un troisième toujours collé à l’un des deux autres et ainsi de suite jusqu’à ce que dix sections soient ainsi placées. Vous l’aurez deviné, le jeu Micropolis s’articule autour de dix tours de jeu, correspondant chacun à la pose d’une nouvelle section. Au bout de dix tours, la partie s’arrête et un savant calcul de points intervient, tenant compte des sections posées, des galeries qu’elles forment, des fourmis qui s’y sont installées et de tout un tas d’autres paramètres sur lesquels nous reviendrons brièvement dans quelques instants.

Un joueur doit donc faire deux choses : choisir au mieux une section (en fonction de ce qui l’intéresse mais aussi de ce qu’il ne souhaite pas voir atterrir dans une fourmilière adverse), puis décider où placer ce tronçon, à gauche ou à droite de ce qu’il a déjà construit. Certaines sections abritent des fourmis spéciales, telles que des reines veillant sur les galeries, des nurses pour faire éclore de nouveaux soldats ou même des recruteurs pour transférer un soldat d’une fourmilière voisine vers la sienne. Il y a également des morceaux de fruits posés ça et là et des casernes qui donneront des points à condition d’être occupées par suffisamment de soldats.

La prise de tuiles est soumise à quelques restrictions. La première de la file est toujours gratuite, mais les autres sont « payantes », puisque le joueur doit déposer un soldat sur chaque section qu’il ignore. Les fourmis ainsi amassées sur une tuile iront au joueur qui finira par choisir cette section. Dès lors, le choix de sa tuile n’est plus seulement motivé par ce que le tronçon représente, par l’architecture des galeries et par les fourmis spéciales qui s’y trouvent, mais aussi par les éventuels soldats que l’on pourra récupérer.

Au milieu de toutes ces considérations, que cherche-t-on donc à faire dans Micropolis ? Ou plus concrètement, comment gagne-t-on des points ? En fin de partie, chacun examinera donc sa fourmilière et gagnera des points selon plusieurs critères. Il faut ici compter la population totale de sa fourmilière, chaque fourmi valant un point. Le joueur qui aura creusé la galerie rassemblant le plus grand nombre de fourmis gagnera aussi un petit bonus. Même chose pour celui avec le plus grands nombre de soldats toujours disponible au centre. Des points sont enfin donnés pour les casernes occupées, pour la récolte de fruits accumulés et pour les galeries ne comptant qu’une seule reine. Les reines sont en effet jalouses. Placez plusieurs d’entre elles dans une même galerie et leur pouvoir s’annule.

Impossible d’être efficace sur tous les tableaux, il faudra donc choisir sa stratégie et l’adapter au mieux en fonction des tuiles qui arrivent et de ce que font les adversaires. Ce qui est certain, c’est qu’on ne se retrouve jamais sans solutions, même si celles-ci ne correspondent pas forcément à ce que l’on souhaitait faire initialement. Micropolis se montre ainsi parfaitement équilibré avec des scores qui se tiennent généralement dans un mouchoir de poche, ce qui est forcément rageant lorsqu’on perd la partie à un point de différence, mais qui témoigne surtout de l’extrême soin apporté à cet élément du design. Avant de donner un avis sur le jeu, il faut aussi signaler qu’un mode expert est disponible. Limité à deux ou trois joueurs, celui-ci donne la possibilité de gérer chacun deux fourmilières simultanément.

Jusqu’à présent, le tandem Cathala – Chevallier n’a pas déçu. Bien au contraire, il peut même se féliciter d’être à l’origine des deux belles perles que sont Abyss et Kanagawa. En recrutant Camille Chaussy pour son joli coup de crayon et en s’associant à Matagot dont les productions brillent toujours par leur haute qualité, le duo avait tout pour que Micropolis devienne le « trois » du fameux « jamais deux sans trois ». Et en toute objectivité, c’est bien le cas. Le jeu est solide, il tourne bien, l’équilibre est minutieusement réglé, les parties ne durent pas bien longtemps, il est agréable à regarder et le matos est même de qualité. Donc oui, tout est là pour faire de Micropolis un troisième succès. Et pourtant, j’ai du mal à montrer plus d’enthousiasme que cela à son égard, un sentiment d’ailleurs partagé avec les différents groupes qui m’auront accompagné à chaque partie. Tous s’accordent pour reconnaître les qualités du jeu, mais aucun coup de foudre n’est à signaler. En fait, Micropolis tombe dans cette catégorie grandissante de bons jeux auxquels tout le monde joue avec plaisir, mais qui ont finalement du mal à sortir puisqu’il semble toujours y avoir d’autres jeux faisant à peu près la même chose, mais avec plus de panache. Dans le cas de Micropolis, je préfère par exemple sortir Queendomino, qui m’offre les mêmes genres de sensations de jeu dans le choix de la tuile à récupérer et à placer.

L'avis d'extralife
  1. Auteurs : Bruno Cathala et Charles Chevallier
  2. Illustratrice : Camille Chaussy
  3. Éditeur : Matagot
  4. Genre : stratégie, pose de tuiles
  5. Date de sortie : 11 mai 2018
  6. Nombre de joueurs : 2 à 6 joueurs
  7. Âge recommandé : à partir de 8 ans
  8. Durée de la partie : 30 mn
  9. Site officiel : http://www.matagot.com
  • Micropolis représente malgré lui l'état actuel du jeu de société. Il s'agit indéniablement d'un bon jeu, mais d'un bon jeu parmi tant d'autres a-t-on envie d'ajouter. C'est évident que l'affinité avec la thématique des fourmis sera clé dans votre décision de passer à l'achat ou non. Mais il faudra également considérer les autres titres déjà présents de votre ludothèque puisqu'en termes de réflexion et de sensations de jeux, on se situe dans une zone voisine de ce que proposent déjà Kanagawa ou Queendomino.
3
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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