Xi’an : L’armée de Terre Cuite – Best mannequin challenge everTest JDS

Xi’an : L’armée de Terre Cuite – Best mannequin challenge ever

Découverte en 1974 mais datant réellement du troisième siècle avant JC, l’armée d’argile de l’empereur chinois Qin Shi Huang laisse toujours planer bien des mystères autour de sa signification réelle et de ses secrets de fabrication. Nous autres connaissons toutefois la vérité et savons que ces milliers de soldats pétrifiés sont l’œuvre de joueurs rassemblés autour d’une table pour jouer à Xi’an : L’armée de Terre Cuite.

Remercions déjà les deux auteurs Francesco Testini et Marco Legato de s’être intéressés à un sujet aussi fascinant et original que l’armée de terre cuite pour signer leur premier jeu à tous les deux. Ce n’est pas tous les jours qu’une thématique sorte clairement de l’ordinaire et ça fait donc un bien fou de se plonger dans un univers peu ou rarement exploité.

Sans surprise, Xi’an : L’armée de Terre Cuite transforme deux à quatre joueurs en bâtisseurs prêts à se salir les mains pour ériger les fameuses statues, les peindre et les équiper. Pour réaliser tout cela dans les meilleures conditions, il faudra faire confiance à ses ouvriers pour obtenir l’argile en quantité suffisante, les pigments de couleurs exigés par l’empereur et bien sûr le financement nécessaire, seul capable de faire avancer le chantier. Réunir la matière première n’est qu’une partie du problème puisqu’il faut également garder un coin de cerveau disponible pour décider dans quelle fosse construire ses statues, ou quelle arme récupérer pour éventuellement embellir son armée. Tout cela en finalement assez peu de tours et avec des notions de majorités et de collections pour gagner encore plus de points, et même une gestion de l’initiative pour prendre la main durant une manche. Mais n’ayez crainte, Xi’an se joue de manière très fluide et presque intuitive – en dépit des explications très alambiquées données par l’un des livrets de règles les plus mal fichus que j’ai pu avoir entre les mains. Avec un peu de persévérance, tout finira heureusement par s’éclaircir petit à petit, quitte à relire le manuel deux ou trois fois. Croyez-moi, ça en vaut réellement la peine.

Vous aurez très exactement six tours de jeu divisés chacun en deux phases pour devenir le plus grand bâtisseur de l’empire. En début de tour, les joueurs piochent tous quatre cartes ouvriers de leur deck personnel, ce seront les cartes qui serviront pour l’intégralité du tour. À chacun de décider les deux cartes qu’il souhaite utiliser pendant la première phase, sachant que les deux autres seront obligatoirement activées lors de la seconde. Au passage, les joueurs partent tous avec un deck identique, simplement différencié par le mélange en début de jeu. Des deux cartes retenues pour la première phase, chaque joueur doit ensuite décider celle qu’il souhaite utiliser pour son pouvoir (gagner de l’argile, des sous, etc.) et celle qui lui donnera de l’initiative. Enfin, lorsque tout le monde aura choisi sa combo, les joueurs révéleront simultanément leurs deux cartes ; celui avec la plus grande initiative jouera en premier, puis les autres par ordre décroissant.

Dès le début du tour, les joueurs sont donc confrontés à plusieurs problématiques. Sachant que les cartes les plus puissantes, qui accordent donc le plus de ressources, sont aussi celles qui offrent le plus d’initiative, il faut déjà trancher sur la manière de les utiliser. Faut-il les poser pour leur pouvoir d’ouvrier ou pour l’initiative ? Un joueur doit aussi planifier dès le départ l’intégralité des deux phases du tour puisque parmi les quatre cartes piochées, deux servent tout de suite et les deux autres lors de la seconde phase. Ce ne sera qu’au suivant qu’il sera autorisé à piocher quatre nouvelles cartes pour recommencer. Cette façon de faire ajoute forcément une petite prise de risques, puisqu’on ne sait jamais vraiment ce que les autres auront choisi de faire et encore moins ce qu’ils feront lors de la seconde phase du tour en cours.

Immédiatement après avoir activé sa carte ouvrier, un joueur doit également visiter l’un des quatre bâtiments disponibles pour construire une statue, en peindre une, récupérer une arme, ou encore avancer dans le mausolée qui surplombe la fosse. Le mausolée est un bâtiment un peu particulier puisque chacune de ses sections accorde des pouvoirs spéciaux, voire des points bonus pour la fin de partie. Qu’importe la destination, visiter l’un des bâtiments entraîne quelques petites contraintes à respecter, puisque la place y est toujours limitée et qu’il faut aussi payer les joueurs s’y trouvant déjà. Une fois à l’intérieur, le joueur dépense les matières premières requises pour pouvoir effectuer l’action désirée. Là aussi, plusieurs choix sont à prendre en considération. Par exemple, où faut-il ériger une statue ? Construire dans la dernière fosse nécessite plus d’argile, mais rapporte aussi plus de points de victoire. Ceci dit, les joueurs seront récompensés pour avoir le plus grand nombre de statues dans chaque fosse. Faut-il donc tenter de tout rassembler dans une même fosse pour rafler la mise ou s’éparpiller pour jouer sur tous les fronts en même temps ? Faut-il aussi peindre tout de suite, et si oui, quelle statue puisque des points bonus sont donnés pour chaque soldat à sa couleur formant un même groupe ? Est-il malin de conserver les pigments d’une couleur qui ne sera plus exigée par l’empereur au tour prochain ? Faut-il justement les utiliser au plus vite pour ne pas esa gâcher ? Enfin, quel type d’équipement acheter pour embellir ses statues en fin de partie et multiplier encore plus ses chances de gagner ?

Autant de questions qui trottent sans cesse dans la tête des joueurs et qui ne trouvent jamais forcément de réponses définitives tant la partie avance à vive allure et que déjà le sixième tour vient sonner la fin du jeu. Et c’est exactement ce qui est grisant dans Xi’an. Même si un peu de planification est nécessaire pour réunir de l’argile, des sous et des pigments de couleurs, on n’a pas le luxe de perdre trop de tours à tout rassembler. Il faut juste se décider sur une voie et tenter de l’optimiser au mieux, sachant qu’on pourra difficilement s’éparpiller, faute de temps. Toute l’optimisation est donc à faire en fonction des cartes piochées et du moment où elles arrivent entre nos mains. Car si tout le monde jouera exactement avec les mêmes cartes, personne n’aura accès aux mêmes ouvriers en même temps, ce qui est aussi très intéressant.

L'avis d'extralife
  1. Auteurs : Francesco Testini et Marco Legato
  2. Illustrateur : Davide Corsi
  3. Éditeur : Matagot
  4. Genre : Stratégie, Collection
  5. Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
  6. Durée des parties : 45 mn
  7. Âge recommandé : 14 ans et plus
  8. Sortie : 26 janvier 2018
  • C'est évident, la thématique joue clairement en faveur de Xi'an : L'armée de Terre Cuite. Mais les mécanismes imaginés autour, souvent justifiés historiquement, donnent naissance à un jeu bien pensé et agréable à manipuler. Le fait que les parties soient si rapides donnent du poids à chaque décision et obligent les joueurs à réellement optimiser leurs actions en fonction des cartes piochées. Le seul véritable bémol pour le jeu concerne la piètre qualité du manuel, mais une fois cet obstacle passé, c'est du tout bon.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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