Sylvion : Tower defense champêtre Test JDS

Sylvion : Tower defense champêtre

Onirim n’était qu’une porte d’entrée vers l’Onivers puisque toute une gamme de jeux avait déjà germé dans l’esprit de l’auteur Shadi Torbey, dont Sylvion. Cette fois, il n’est plus question de tâtonner dans un labyrinthe cauchemardesque, mais de protéger la forêt des attaques de Ravage, un immonde petit personnage en feu à la tête d’une véritable armée de flammes dévastatrices.

Sylvion se pratique à la manière d’un tower defense, un genre ultra populaire dans les jeux vidéo, mais bien plus discret dans le jeu de société. Ainsi, dans une aire de jeu délimitée par 4 cartes sur 4, les troupes de Ravage avancent inexorablement de la droite vers la gauche et lorsqu’une flamme atteint la lisière de la forêt, elle brûle quelques arbres, faisant baisser votre niveau de vie. Dans les grandes lignes, votre rôle consistera à contenir et éliminer les flammes grâce à des fontaines ou à l’aide des nombreux animaux de la forêt. Se faisant, il faudra aussi veiller à la bonne santé de l’espace vert en plantant des arbres au cours du jeu. La seule condition de victoire sera d’ailleurs de survivre à l’assaut final et d’être parvenu à maintenir ou à redonner un niveau de santé maximal à la forêt. Autant vous prévenir, la mission est loin d’être facile.

Les contours du champ de bataille indique aussi la santé de la forêt.

Les contours du champ de bataille indique aussi la santé de la forêt.

Tout comme Onirim, et l’ensemble de la gamme ancré dans l’Onivers, Sylvion est avant tout prévu pour être pratiqué seul, même si un mode deux joueurs en coopératif est également présent. Que ce soit en solitaire ou en couple, le jeu ne diffère pas vraiment et suit une certaine méthodologie. D’abord, quatre nouvelles cartes ennemies sont retournées, les éventuels malus sont appliqués, puis chaque carte avance d’un cran vers la gauche. Après cela, le joueur complète sa main et joue ses propres cartes sur le champ de bataille pour mettre en place ses lignes de défenses, éteindre ou repousser le feu. Hélas, chaque carte possède un coût, directement indiqué sur la carte elle-même. Ainsi pour utiliser cette carte, il faudra en défausser deux autres, celle-ci est gratuite tandis que cette autre coûte trois cartes. La gestion de sa main est donc capitale pour pouvoir planifier au mieux la riposte sans avoir à défausser les cartes les plus utiles. À noter qu’à deux joueurs, le prix d’une carte est systématiquement payé par l’équipier, ajoutant une dynamique nouvelle à la partie puisqu’il faut maintenant aussi considérer la main de son partenaire dans la mesure où nos propres actions influent directement sur ce qu’il sera ensuite capable de jouer à son tour. Dans tous les cas, sachez que les cartes défaussées reviendront à un moment ou un autre dans le jeu, mais il faudra parfois attendre un bon moment avant de les revoir.

Les animaux sont prêts à vous aider pour défendre leur territoire.

Les animaux sont prêts à vous aider pour défendre leur territoire.

La principale ligne de défense est matérialisée par des fontaines. D’efficacité variable, ces fontaines permettent d’éteindre des flammes au mieux égales à leur valeur. Ainsi, une fontaine de valeur 3 peut éteindre des flammes de valeur 0, 1, 2 ou 3. Véritables barrières aquatiques, ces fontaines sont même capables de résister à plusieurs assauts, tant qu’elles ne s’évaporent pas sous l’effet de flammes de niveau similaire ou supérieur. Il convient donc de placer ces fontaines le plus stratégiquement possible, parfois en en sacrifiant volontairement puisqu’une fontaine détruite permet de piocher immédiatement une nouvelle carte. Parmi les autres outils défensifs, les animaux de la forêt apportent tous leur aide spécifique. Les éléphants sont ainsi capables d’éteindre n’importe quel feu, les écureuils permettent de jeter un œil aux prochaines cartes de Ravage pour prévoir la riposte, les pigeons détruisent les cartes à venir, les hérissons sont là pour ignorer totalement l’un de pouvoirs de Ravage, le cerf restore la santé de la forêt, les baleines (oui, les forêts de l’Onivers sont remplies de baleines volantes) modifient la position d’une flamme et ainsi de suite. Bien utilisées, ces troupes ont tout ce qu’il faut pour résister aux assauts répétés de Ravage, même si celui-ci à plus d’un tour dans ses braises.

Ravage s'invite lui aussi dans la bataille. C'est une vraie plaie.

Ravage s’invite lui aussi dans la bataille. C’est une vraie plaie.

L’armée de Ravage peut en effet compter sur quelques pouvoirs spéciaux qui mèneront la vie dure au joueur. Il y a par exemple un pouvoir permettant à ses troupes d’avancer d’une position supplémentaire, ou celui qui les embrase pour les rendre plus puissantes. Une flamme de niveau 2 passe ainsi au niveau 3, et une flamme de niveau 3 passe au niveau 4. Très fourbe, l’embrasement transforme aussi directement une petite flamme de niveau 0, jusqu’alors inoffensive et incapable d’infliger le moindre dégât, en une flamme de niveau 4, le niveau maximum. Dès lors, les flammes 0 sont potentiellement les plus dangereuses sur le champ de bataille mais si aucun embrasement n’intervient, elles sont aussi les plus bénignes. Faut-il donc les laisser passer et se concentrer sur d’autres dangers plus immédiats ou au contraire tout faire pour les contrer avant qu’un malheur n’arrive ? Plusieurs autres pouvoirs sont également introduits dans les extensions directement fournies avec le jeu – des extensions qui augmentent très clairement le niveau de difficulté mais apportent aussi une grande richesse aux parties. En effet, en marge des pouvoirs additionnels de Ravage, les extensions introduisent aussi plus d’animaux, et même un concept de déserteurs – des cartes qui viennent alourdir votre main pour rien, et dont vous ne pourrez vous débarrasser qu’en jetant une carte hors du jeu.

La mobilisation est un draft solo très malin.

La mobilisation est un draft solo très malin.

Déjà très solide dans son gameplay, Sylvion propose enfin un dernier atout non négligeable : une phase de mobilisation incroyablement maligne. Celle-ci intervient en tout début de partie et permet de constituer son deck de cartes du mieux possible. Sans détailler de près le processus, il faut savoir que la mobilisation est un petit condensé de choix cornéliens à prendre en fonction des cartes aléatoirement tirées puisque certaines cartes pourront être prises au détriment d’autres qui seront potentiellement retirées du jeu. Durant la mobilisation, il faudra souvent pousser sa chance pour tenter d’obtenir suffisamment de fontaines, d’arbres et d’animaux et espérer que l’armée ainsi constituée soit capable de gérer les attaques de Ravage. Il serait peut-être un peu exagéré d’affirmer que la partie se joue dès l’étape de mobilisation, même si nous ne serions pas loin de la vérité. En tout cas, cette phase est absolument délicieuse puisqu’à elle seule, elle assure une bonne rejouabilité à Sylvion. Il y a en effet peu de chances de retomber exactement sur la même configuration d’armée, et il faudra donc toujours repenser sa stratégie en fonction des cartes obtenues lors de la mobilisation.

Un dernier mot sur l’aspect graphique, qui met de nouveau en valeur le coup de crayon d’Élise Plessis et qui donne réellement vie à cet univers champêtre. Il se dégage du champ de bataille une forte personnalité, et plus étonnant encore, une dynamique de couleurs qui évolue en fonction des attaques puisque les cartes à dominante jaune, synonymes des flammes, peuvent en un coup s’assombrir lorsqu’elles s’embrasent. Immédiatement, le terrain de jeu devient alors plus menaçant et on comprend que la situation vient de s’empirer en une fraction de seconde. À nous de nous démener pour sauver la forêt avant qu’il ne soit trop tard.

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L'avis d'extralife
  1. Auteur : Shadi Torbey
  2. Illustratrice : Élise Plessis
  3. Éditeur : Filosofia
  4. Genre : Tower defense
  5. Date de sortie : 2015
  6. Nombre de joueurs : 1 ou 2 joueurs en coopératif
  7. Âge recommandé : À partir de 12 ans
  8. Durée de la partie : 30 à 60 mn (avec toutes les extensions)
  • sylvion_boiteÀ l'instar d'Onirim avec lequel il partage le même univers, et donc la même patte artistique, Sylvion est une nouvelle excellente pioche pour les amateurs de jeux solo ou même de jeux coopératif à deux. Il offre d'ailleurs une expérience sensiblement différente suivant le nombre de joueurs, avec bel et bien une excellente profondeur de jeu dans les deux cas. Le sauvetage de la forêt est une vraie gageure face aux troupes enflammées qui ne cessent d'avancer, mais une gageure que l'on prend plaisir à tenter. D'autant que la phase de mobilisation permet de varier les paramètres nous obligeant à nous adapter à chaque nouvelle partie.
4
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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1 commentaire

  1. Rodrow
    Rodrow
    6 mars 2016 à 3 h 02 min

    Je l’ai acheté cet été pour passer mes soirées en camping, et j’ai été agréablement surpris. La note est justifié.

Réponse