Bound : Just DanceTest JV

Bound : Just Dance

Plastic n’est pas le seul studio issu de la demoscene à avoir sauté dans le grand bain en imaginant autre chose que les délices visuels qui l’ont fait connaître. C’est pourtant l’un des rares exemples de groupes à avoir conservé son statut de demo maker, telle une caution lui offrant toutes les libertés pour gambader hors des sentiers battus et imaginer des productions toujours en équilibre entre la démo technique, la fresque audiovisuelle et le jeu plus traditionnel.

Pour resituer les choses, certains se souviennent peut-être de Linger in Shadows en 2008 ou de Datura en 2012, deux productions signées Plastic. Le dernier projet en date, Bound, s’inscrit dans la même veine bien que sa composante « jeu » soit volontairement plus prononcée. À tel point d’ailleurs que Plastic décrit lui-même Bound comme un jeu de plates-formes, une première dans l’histoire du groupe, mais également une erreur de communication puisque cela impose aux joueurs une gamme de référence, même inconsciente, pour aborder Bound en tant que « jeu » et non en tant que nouvelle expérience interactive.

bound_0005Voyez-vous, libéré de son étiquette « jeu », Bound se distingue aisément par une direction artistique complètement folle, qui se traduit par un incroyable spectacle son et lumière. Au centre de la scène : une danseuse à la grâce hypnotique qui enchaîne pas chassés, entrechats, arabesques, grands jetés et déroulés de ruban dans un univers complètement abstrait, mais terriblement organique, presque vivant. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre ce personnage délicat, à la gestuelle mesurée et précise, et son entourage chaotique et menaçant, que l’on ne comprend pas toujours. L’accompagnement musical, toujours en phase avec ce qu’il se passe à l’écran, glisse une dimension supplémentaire pour élever et sceller l’attachement qui s’installe très vite entre la troupe à l’œuvre et l’utilisateur/metteur en scène qui coordonne le tout grâce à sa manette. Dès l’instant où les lumières s’allument et se braquent sur cette majestueuse princesse, la magie opère. On découvre le monde de Bound avec l’intime conviction que nous sommes en quête de la beauté absolue. Que ce soit en pointant la caméra dans un angle précis ou en poussant notre muse à effectuer des enchaînements acrobatiques, il est presque de notre devoir de chercher le plan parfait sublimé par la pose idéale. Le mode photo, accessible à tout instant, conforte d’ailleurs ce sentiment et on réalise bien vite que l’on passe finalement plus de temps à cadrer et à régler chaque détail, qu’à réellement jouer. Sur le plan de l’enchantement, Bound est donc une réussite indiscutable.

bound_0002Mais souvenez-vous, sous son habillage, Bound est censé révéler un jeu de plates-formes. Et vous me voyez venir, c’est là où le rideau tombe. Non seulement l’aspect ludique ne se montre pas à la hauteur de son écrin, mais il trouve surtout le moyen de ternir l’expérience générale. Au fond, on peut guère en vouloir à Plastic de présenter un jeu de plates-formes très formaté, fait de corniches à atteindre, d’échelles à grimper et de passerelles à franchir. Comme les pas de danse de l’héroïne, le classique a son charme. En revanche, on a beaucoup plus de mal à passer outre l’accumulation d’erreurs, d’approximations et de bugs qui jalonnent le parcours. Cela va de simples maladresses, comme des caméras peu pratiques pour juger les distances, à des fautes plus graves, comme le sol qui s’ouvre inexplicablement sous nos pieds pour laisser tomber l’héroïne dans un puits sans fin. Parler de bugs et de glitchs dans un article dédié à un jeu si artistique, passe forcément très mal, mais c’est la dure réalité à laquelle nous confronte Bound. En dépit de quelques phases isolées, l’expérience de jeu tient le joueur en haleine, avec la peur de rencontrer un nouveau bug suite à un pas de travers ou à un saut que les développeurs n’avaient pas prévu. Inévitablement, ces nombreuses lacunes viennent systématiquement nous tirer de l’émerveillement visuelle et sonore espéré.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Plastic
  2. Editeur : Sony
  3. Genre : Plates-formes
  4. Support : PS4
  5. Date de sortie : 16 août 2016
  6. Site internet : http://bound.playstation.com/
  • bound_boiteOn aurait préféré que Bound embrasse pleinement son statut d'expérience artistique. Qu'il assume ses ambitions de parenthèse enchanteresse et se concentre sur l'émerveillement qu'il suscite à travers nos yeux de metteur en scène. Car sur ce tableau, Bound fait forte impression, en parvenant même à révéler avec beaucoup de justesse et de tendresse une histoire très personnelle dans un monde pourtant dur et abstrait. Mais Bound a d'autres envies et celle d'être un jeu de plates-formes ne lui réussit pas spécialement. Cette volonté engendre de multiples frustrations qui émaillent systématiquement l'écrin, autrement sublime, à coups de bugs et de maladresses qui nous tirent de l'expérience.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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