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Mad Max : Il est libre, Max

Annoncé dans l’indifférence générale lors de l’E3 2013, Mad Max a pourtant suscité, au fil des mois, une attente croissante parmi les joueurs. Probablement parce que le long métrage dont il s’inspire – Fury Road – a affolé le box office en mai dernier. Mais sans doute aussi parce qu’avec Avalanche Studios, Warner Bros Games semble avoir misé sur le bon cheval : nul autre que le développeur de Just Cause 2 ne semblait en mesure de retranscrire la folie furieuse du film de Miller, dans les grands espaces qui le caractérisent.

Il est vrai qu’avec son monde ouvert incroyablement vaste, ses morceaux de bravoure à bord de véhicules et ses environnements destructibles prétextes à de généreuses explosions, Just Cause était prédestiné à devenir le brouillon idéal pour Mad Max. Il était toutefois à craindre qu’avec le développement simultané de Just Cause 3, attendu le 1er décembre prochain, Avalanche Studio ne disperse ses forces vives et n’ait guère le temps de fignoler son jeu à licence. Lesdites craintes ne portaient pas tant sur la forme que sur le fond : ce qui nous préoccupait, c’était de savoir si on allait encore avoir droit à l’un de ces open worlds modernes, insipides et artificiels, que l’on cherche à remplir au moyen d’activités annexes répétitives et d’objectifs de complétion sans grand intérêt. Autant le dire tout de suite, Mad Max n’évite pas cet écueil, et s’enfonce même le pare-choc en plein dedans. Mais le titre fait tout de même valoir d’autres qualités, à commencer par le respect de son matériau de base, qui devrait ravir les amateurs du film.

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Comment ça, classique ? N’oublions pas que la saga est à l’origine du post-apo.

Vous y incarnez en effet Max Rockatansky lui-même, alors qu’il vient de s’échapper des griffes du clan local, les War Boys, en prenant soin d’encastrer préalablement une tronçonneuse dans la tête de leur chef, Scrotus le Scabreux. Max cherche désormais à gagner les Plaines du Silence ; mais le problème, c’est qu’il s’est fait dépouiller de son Interceptor par les War Boys. Chumpbucket, un survivant aussi bavard que difforme dont on devine qu’il a dû avaler pas mal de cochonneries irradiées, lui donnera l’occasion de revenir sur le devant de la scène en lui procurant la Magnum Opus, que Max a bien l’intention de customiser pour en faire le véhicule ultime. La progression dans le jeu est entièrement centrée sur l’upgrade de la Magnum Opus, qui va déterminer l’ensemble de vos objectifs. Autant dire qu’à l’instar du film, l’histoire est totalement laissée pour compte, afin de laisser la place à une action frénétique, spectaculaire, et pour ainsi dire incessante. N’y cherchez aucun développement scénaristique, aucun personnage complexe, ni aucune dimension sociale (l’évocation de la vie dans le Wasteland est réduite à sa plus simple expression). Dans le fond, ce n’est pas très grave, surtout à quelques semaines de la sortie de Fallout 4.

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Le repérage des zones en prenant de la hauteur est le lieu commun des open worlds modernes.

Fidèle au film dans son approche, le jeu l’est aussi par son ambiance. L’univers post-apocalyptique de George Miller est retranscrit avec une certaine maestria. Les panoramas désertiques, parsemés de pipelines éventrés et de camps de tôle rouillée, surmontés d’un ciel crépusculaire et balayés par une poussière de sable qui vous inciterait presque à essuyer votre écran, sont souvent grandioses et saisissants. Vos allers et venues dans ces territoires désolés prendront cependant une tournure très pragmatique puisqu’ils consisteront pour l’essentiel à amasser de la ferraille, la ressource principale du Wasteland, afin de financer les différentes améliorations de la Magnum Opus (moteur, blindage, jantes aiguisées, brûleurs latéraux…). Au programme des activités rétributrices : destruction de totems, élimination de snipers, prise de camps, déminage de zones (avec support canin), course à la mort et interruption de convois. Chacun de ces exploits contribuera à la diminution du niveau d’influence de Scrotus dans la zone concernée, condition requise pour faire avancer l’histoire et accéder à certains upgrades. Ce faisant, vous vous attirerez les faveurs du seigneur local, retranché dans une forteresse que vous pourrez aider à développer, avantages à l’appui.

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Les interceptions de convois représentent ce que le jeu a de mieux à offrir.

Le gameplay de Mad Max alterne les séquences à bord de votre bolide et les raids au sol où vous laissez parler les poings et la poudre. Les premières sont assurément les plus réussies. La conduite, très arcade, procure des sensations suffisamment nuancées en fonction du véhicule que vous pilotez, du buggy léger et mobile au véritable char d’assaut. Vous aurez l’occasion de vous emparer de ces engins alternatifs en survivant aux assauts motorisés des légions de Scrotus, qui sont les moments les plus grisants du jeu. Entre la possibilité d’enclencher la nitro, de détruire vos poursuivants d’un coup de pare-choc rageur, de tirer depuis votre habitacle sur leurs points névralgiques (réservoir, pneus, conducteur) ou encore de jouer du grappin comme dans Just Cause, ces joutes à vive allure se révèlent aussi fun qu’explosives, en dépit de leur occurrence trop prononcée. Les affrontements au sol s’avèrent bien moins convaincants. Avalanche a choisi d’emprunter à la série des Batman Arkham son système de combat aussi dynamique que peu technique, basé sur la promptitude à activer des QTE pour contrer, se dégager ou achever. Cohérent dans son contexte d’origine, ledit système est ici hors de propos tant il donne l’impression d’incarner un super-héros invincible.

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Pendant les tempêtes de sable, abritez-vous ou partez à la chasse à la ferraille.

Aussi inégales soient ces deux types de phases de jeu, Avalanche Studios a souhaité les combiner au maximum afin de varier les plaisirs. La Magnum Opus se voit ainsi sollicitée y compris lors des prises de camps, puisqu’elle contribue à réduire leurs défenses. L’astuce a été de lui procurer deux armements intégrés : un fusil de sniper bricolé par Chumpbucket, ainsi qu’un grappin permettant de déséquilibrer les tours de garde, de crever les réservoirs qui alimentent les lances-flammes et d’arracher les portes grillagées – un rituel plutôt amusant. Mais une fois dans l’enceinte, place à ces phases de castagne aussi bourrines que répétitives, face à des adversaires peu réactifs, même lorsqu’ils se voient boostés par la harangue de l’aboyeur. On regrette qu’il soit impossible de procéder furtivement, y compris quand il s’agit de détruire une série d’objectifs. L’attaque des plus gros avant-postes requiert certes une approche un tantinet plus prudente : à l’image des informateurs d’Assassin’s Creed, quelques indicateurs stationnés près de ces bastions surarmés vous fourniront de précieuses informations sur ses points vulnérables. Mais cela n’entraîne jamais un surcroit de challenge ; même les boss de ces bastions, les « Caïds », vous opposeront une résistance illusoire.

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Tout est customisable, de la peinture de la carrosserie à la vitesse de réparation de Chump.

L’absence de difficulté est un vrai problème dans Mad Max, y compris lors des séquences motorisées. Fiché à l’arrière de la Magnum Opus, Chumpbucket vous alerte dès que votre bolide est sur le point d’exploser, et le réparera en un temps record le temps que vous mettiez pied à terre. Et si l’opposition se fera plus nombreuse et plus agressive par la suite, le système de progression se chargera de vous mettre à niveau : les différentes possibilités d’évolution de Max sont en effet nivelées par son score de réputation, ce qui vous contraint à répartir vos points dans les différents domaines au lieu de vous laisser la liberté de vous spécialiser. Mais le plus dommageable, c’est encore l’absence totale de sensation de survie : l’eau ne sert qu’à restaurer votre énergie vitale, tandis que l’essence n’a plus rien de la denrée rare pour laquelle on s’étripait dans Mad Max 2 : The Road Warrior. Même les quelques passages épiques de la quête principale, comme le franchissement de la « Mâchoire », qui devraient susciter des pics de difficulté, sont des plus ronronnants. En somme, le challenge se résume à celui qu’on s’efforce de se fixer soi-même : boucler le jeu à 100 % en débloquant tous les accomplissements. C’est quand même un peu triste.

Au final, le titre d’Avalanche Studios, particulièrement vaste et fourni, a de quoi plaire aux amateurs d’open worlds que la redondance des situations n’effraie pas. A ceux-là, il en donnera pour leur argent, notamment sur PC où il est proposé à un tarif modique. Sur ce support au moins, le jeu est joli, fluide et bien optimisé, quoique si on apprécie le rendu impressionnant des tempêtes de sable, on regrettera par contre l’absence de modélisation des dégâts sur les véhicules, incompréhensible dans un jeu dont le credo est la tôle froissée !

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Avalanche Studios
  2. Editeur : Warner Bros Games
  3. Genre : Action
  4. Date de sortie : 3 septembre 2015
  5. Supports : PC, Xbox One, PS4
  • Mad_Max_jaquetteEn matière d'open worlds, il y a deux écoles : les mondes que l'on « ouvre » parce qu'on a de la matière pour le faire, et puis ceux dont on détermine d'abord l'immensité avant de chercher vainement à les remplir. Mad Max fait, hélas, partie de la seconde catégorie. Le jeu d'Avalanche Studios a au moins le mérite de se montrer fidèle à son matériau filmique en misant sur une action frénétique et débridée, réellement grisante lors des affrontements motorisés, et certes moins probante dès que l'on met pied à terre. L'ensemble est honnête, mais trop simpliste et redondant pour ne pas lasser sur le long terme.
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12 commentaires

  1. KillUDt0y
    KillUDt0y
    1 octobre 2015 à 0 h 15 min

    Un bon jeu pour ma part, mais effectivement je ressens une certaine lassitude après une dizaine d’heure…d’un coté je m’attendais à un jeu passable, et j’ai étais quand même agréablement surpris, je le conseille aux fan de ce genre d’univers .

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