A Hat in Time : Un couvre-chef d’œuvre ? Test JV

A Hat in Time : Un couvre-chef d’œuvre ?

S’il y a bien un genre qui manque sur nos consoles et PC aujourd’hui, ce sont les jeux de plates-formes. Loin est le temps où les développeurs nous abreuvaient de Spyro, Jak and Daxter et autres Ratchet and Clank (bien que les titres indés comblent de plus en plus ce manque).N’y en a-t-il plus que pour des Nathan Drake et des Kratos ? Chaque soir, nombre de gamers adressent une prière au dieu du jeu et lui sacrifient une chèvre vierge tandis que Baptiste crame on ne sait quoi dans sa chambre. Probablement attirés par la bonne odeur du sang frais et du on-ne-sait-quoi, Gears for Breakfast a décidé de répondre à notre appel et de nous offrir A Hat in Time.

Chapeau melon et moustache club

Lorsque le jeu commence, c’est l’occasion de découvrir notre avatar : une petite fille portant un haut-de-forme qui voyage à bord d’un vaisseau spatial en bois (ça doit être du hêtre, c’est solide le hêtre…). Alors qu’elle vient juste de se lever, un moustachu du crime organisé fait son apparition de l’autre côté d’une vitre du vaisseau, dans l’espace donc, et la brise. La petite fille est alors aspirée dans l’espace, de même que le contenu d’un coffre-fort rempli de dizaines de sabliers, des fragments de temps. Par une habile pirouette visuelle, les développeurs nous donnent à comprendre qu’il s’agit là du carburant du vaisseau et qu’il va nous falloir aller le récupérer.

Bonjour, puis-je me permettre d’entrer, de vous dépecer, et de vendre vos organes s’il-vous-plait ?

Une fois la manette en main, une chose est claire, A Hat in Time est clairement inspiré des jeux de plates-formes classiques. Et pour cause, les développeurs citent parmi leurs sources d’inspiration les plus grands jeux de plates-formes : Banjo & Kazooie, Psychonauts, Scaler (non je déconne, tout le monde a oublié Scaler) ou encore Super Mario 64. Ce dernier semble notamment avoir servi de modèle pour le vaisseau puisqu’il joue le rôle de zone tampon dans laquelle il est possible de choisir son niveau (différentes zones d’une planète) en fonction du nombre de sabliers récoltés, à la manière du château de Super Mario 64. Ces niveaux s’articulent sous la forme de chapitres que l’on peut recommencer à l’envie pour trouver tous les collectables dans chaque zone.

Le level design est plutôt bien pensé, en ce qu’il est très transparent et qu’il offre une progression équilibrée, bien qu’un peu trop dirigiste à certains moments. En effet, bien que les objets collectables soient légion, rares sont les occasions d’avoir véritablement l’impression de partir à l’aventure en explorant les confins des différentes maps. La plupart du temps, les objets cachés sont mis en évidence par le truchement d’une lumière bien spécifique ou d’une trainée de joyaux à collecter façon Petit Poucet. En revanche, la structure des chapitres se prête particulièrement bien au speedrunning. Le studio Gears for Breakfast ne manque d’ailleurs aucune occasion de préciser que leur jeu compte déjà plus de speedrunners que Super Meat Boy ou Legend of Zelda: Majora’s Mask.

En total mode zombie !

Côté gameplay, A Hat in Time est un jeu de plates-formes assez agréable à prendre en main. Il est possible de faire un double saut, de plonger en avant, de battre à mort ses ennemis, bref, le répertoire d’actions de toute petite fille chapeautée. Mais ce n’est pas tout. Au fur et à mesure de l’aventure, notre avatar peut se tricoter de nouveaux couvre-chefs grâce à de la laine glanée çà et là. Ces chapeaux lui permettent de disposer de différents pouvoirs, comme celui de sprinter, de se transformer en glace pour franchir certains obstacles, de trouver ses prochains objectifs, et j’en passe. En outre, le joueur peut également compter sur des badges, un autre équipement permettant de débloquer de nouvelles mécaniques de jeu.

Ainsi, Le gameplay se trouve fréquemment réactualisé par les multiples badges et chapeaux à porte mais il ne s’agit pas là de la seule manière qu’ont choisi les développeurs pour varier l’expérience. De nombreux chapitres modifient la nature même de A Hat in Time. Tantôt nous jouons à un jeu de plates-formes classique, tantôt les développeurs nous présentent une sorte de jeu d’enquête au sein d’un niveau à l’ambiance très seventies et inspiré du film de 1974 : Le Crime de l’Orient-Express. Et ce n’est pas tout puisqu’il y a également de nombreux clins d’œil tout au long de l’aventure. Même le genre du survival-horror a droit à son heure de gloire lors d’une visite de manoir étonnamment stressante ! Bref, la grande force du jeu réside la variété des expériences qu’il nous fait vivre, et force est de constater que cela fonctionne !

Chapinou tout plein

Les graphismes, quant à eux, sans être exceptionnels, font l’affaire pour un jeu de plates-formes en dépit de quelques bugs graphiques. Nous découvrons ainsi un univers coloré à l’ambiance très sympathique plein de moustaches, de chouettes hiboux et de trains à vapeur. Ces dessins hauts en couleur sont accompagnés d’une bande-son de très bonne qualité partiellement réalisée par Grant Kirkhope (qui a notamment composé les musiques de Banjo-Kazooie) et qui se révèle parfois surprenante, comme lors d’une bataille contre un boss où le thème principal se voit revisité à la sauce métal. D’ailleurs, le jeu lui-même s’avère surprenant. Au-delà des graphismes et des musiques minouches comme tout du titre, les développeurs partent de temps à autre en cacahouète et nous font par exemple découvrir le plan machiavélique du moustacherons rouge : massacrer les mafieux, les éviscérer et mettre leurs organes dans des bocaux. Inutile de souligner le contraste entre ce plan et l’ambiance enfantine du jeu…

Les dialogues sont amusants et tous les personnages ont une manière de parler bien à eux, ce qui les rend plutôt attachants. Cependant, avis aux allergiques à la langue de Shakespeare, le jeu n’est pas traduit. Si aucune localisation de A Hat in Time n’est prévue pour l’instant, une version française n’est cependant pas totalement écartée. En effet, tout dépend du succès que rencontrera le jeu après son lancement. En revanche, grâce au succès de sa campagne Kickstarter, le jeu se verra bientôt enrichi de deux DLC gratuits contenant deux nouveaux niveaux, histoire de prolonger l’aventure comme il se doit. Bref, les développeurs offrent une expérience vidéoludique particulièrement agréable et semblent vouloir continuer sur leur lancée.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Gears for Breakfast
  2. Éditeur : Gears for Breakfast
  3. Genre : Plates-formes
  4. Nombre de joueurs : 1 - 2
  5. Date de sortie : 5 octobre 2017
  6. Supports : PC, Mac, PS4, Xbox One
  • En conclusion, A Hat in Time est un bon jeu de plates-formes doté d’une vraie personnalité et qui parvient à renouveler ses mécaniques ainsi que son ambiance tout au long du jeu, parfois de manière originale. Sa bande-son de qualité et sa direction artistique parviennent à doter le titre d’une atmosphère particulière et à faire oublier ses graphismes techniquement un peu datés. Les petits gars de Gear For Breakfast ont donc su s’inspirer de grands jeux du genre comme Banjo et Kazooie ou Super Mario 64 tout en proposant une histoire et un univers bien à eux. Vous aimez les jeux de plates-formes, le speedrunning et les moustaches ? Foncez !
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