Tour de France 2018 : L’art du recyclageTest JV

Tour de France 2018 : L’art du recyclage

Cela fait maintenant près d’une décennie que Cyanide et Focus nous proposent chaque année d’incarner un coureur à l’assaut de la Grande Boucle. Critiquée pour son immobilisme opus après opus, appréciée par les férus de cyclisme qui, il faut bien l’avouer, n’ont guère d’autres choix pour assouvir leur passion sur consoles, la saga Tour de France peaufine son gameplay tactique (à défaut d’être technique) par petites touches et s’enrichit grâce à quelques ajouts sporadiques. Le mode Pro Leader tant attendu justifie-t-il l’achat de ce millésime 2018 ?

Autant vous l’annoncer tout de go, le gameplay intrinsèque de ce Tour de France 2018 n’a que très peu évolué par rapport à l’édition précédente, hormis une intelligence artificielle plus aggressive, notamment dans les sprints et les échappées. Concernant les ajouts, notons l’arrivée entre autres du Paris-Roubaix, ainsi que l’intégration des pics de forme, qui permettent d’anticiper et de gérer au mieux les objectifs en cours de saison en mode Pro Team. Rien de réellement transcendant, au final. Ainsi, nous allons essentiellement nous concentrer dans ce test sur la grosse “nouveauté” du jeu, le mode Pro Leader. Pour celles et ceux qui souhaitent avoir un large aperçu du titre, nous vous invitons à visionner les vidéos de notre Tour de France 2017 virtuel sur notre chaîne YouTube.

Si la licence Tour de France nous permet de prendre le contrôle direct d’un coureur depuis belle lurette, elle ne nous proposait pas encore de créer son cycliste de A à Z et de le faire évoluer saison après saison. C’est désormais chose faite avec le tout nouveau mode Pro Leader. Malheureusement, les premières déceptions ne tardent pas à venir, à commencer par la personnalisation de notre poulain, plus que sommaire. L’essentiel y est néanmoins, à savoir le choix d’une spécialisation : montagne, vallon, sprint ou polyvalent. Bien entendu, il est possible de le faire progresser dans plusieurs domaines (plaine, montagne, sprint, accélération, endurance, contre-la-montre, etc.) en remplissant diverses missions en course. Le but est donc d’accomplir les objectifs en rapport avec la spécialisation choisie : si vous avez opté pour un grimpeur, concentrez-vous sur les défis de montagne (passer en tête au sommet d’un col de catégorie 1, par exemple). Il en existe plus d’une centaine, mais bon nombre d’entre eux sont redondants et servent à améliorer plusieurs caractéristiques à la fois. Sachez toutefois que la progression vers l’élite du cyclisme sera particulièrement longue, les compétences de votre coureur étant extrêmement limitées au départ. Cela pose d’ailleurs plusieurs problèmes. Tout d’abord, le fait d’incarner la troisième roue du vélo n’a rien de palpitant, ce qui rend les premières saisons fastidieuses, d’autant plus que les courses disponibles en début de carrière sont peu nombreuses. Les compétitions les plus prestigieuses sont à débloquer en grimpant dans le tout nouveau système de classement Pro Cycling (sorte d’équivalent du classement mondial UCI). Pour ce faire, vous devrez obtenir des points en remplissant, une fois encore, divers objectifs.

Soyons francs, il est excessivement ardu d’en obtenir suffisamment en contrôlant uniquement votre coureur, tout du moins tant que celui-ci n’a pas pris du galon. Si tel est le quotidien des cyclistes professionnels, la pilule passe beaucoup moins manette en mains, surtout lorsque cela vous empêche d’avancer dans le jeu. Il faut donc compter sur vos coéquipiers, plus à même de décrocher un maillot ou une victoire d’étape. Ainsi, paradoxalement, on passe une bonne partie de son temps à gérer son équipe et à recruter de nouveaux talents en fin de saison plutôt qu’à faire évoluer son poulain, ce qui donne à ce mode Pro Leader des faux airs de mode Pro Team (dans lequel, pour rappel, on dirige et fait progresser une équipe année après année). Pire encore, la progression n’est pas forcément plus fluide une fois l’intégralité des courses déverrouillée, vos concurrents étant également bien plus coriaces, surtout dans les modes de difficulté les plus élevés. Que l’on soit clair, un peu de challenge dans un jeu vidéo ne fait jamais de mal, mais un dosage plus linéaire aurait été judicieux. En effet, il n’est pas rare de rester bloqué à un certain palier avec son coureur pendant plusieurs saisons d’affilée, le temps d’augmenter très légèrement quelques caractéristiques ou d’embaucher des cyclistes plus performants. Comme bien souvent avec la saga Tour de France, les ajouts ne sont pas tout à fait aboutis et il faudra certainement attendre un ou deux ans avant de profiter d’un mode Pro Leader digne d’intérêt. Il ne reste plus qu’à se rabattre sur les indémodables mais un peu trop statiques modes Pro Team et Tour de France…

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Cyanide
  2. Éditeur : Focus Home Interactive
  3. Genre : Course
  4. Date de sortie : 28 juin 2018
  5. Supports : PS4/Xbox One
  6. PEGI : 3 ans et plus
  • Un cru bien décevant que ce millésime 2018 du Tour de France. Si son gameplay tactique s'avère toujours aussi convaincant et immersif, les améliorations se montrent une nouvelle fois trop timides pour donner envie aux possesseurs de l'opus précédent de franchir le pas. Le mode Pro Leader, ersatz du Pro Team, manque encore de profondeur et de réglage. L'édition qui marquera les esprits se fait toujours attendre, comme la possibilité de jouer en ligne d'ailleurs. Pour l'année prochaine ? Rien n'est moins sûr, d'autant plus qu'il n'y pas l'ombre d'un concurrent sérieux à l'horizon...
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