Until Dawn : La nuit, tous les choix sont gris Test JV

Until Dawn : La nuit, tous les choix sont gris

Film d’horreur interactif à mi-chemin entre le slasher et le teen movie, Until Dawn n’est pas bien difficile à cerner. Les amateurs du genre retrouveront d’ailleurs tous les codes classiques du genre, à commencer par le pitch qui voit un groupe de huit clichés sur pattes se donner rendez-vous dans un chalet isolé exactement un an après le drame qu’ils y ont vécu la dernière fois qu’ils s’étaient réunis là-bas. Sur place, les choses dégénèrent rapidement lorsque le groupe s’aperçoit qu’un tueur rôde dans le coin avec la ferme intention de faire mumuse avec leurs nerfs, leur cœur, et leurs viscères aussi.

Au départ, Until Dawn avait tout ce qu’il fallait pour devenir le titre phare capable de prouver que le Move n’était pas qu’un accessoire réservé aux simples mini-jeux de sport. Bien fichu, et même flippant aux dires de ceux qui avaient pu l’apercevoir durant les salons où il était présenté, le jeu de Sony a su cultiver une petite hype jusqu’à bizarrement passer dans l’anonymat le plus total du jour au lendemain. Le blackout médiatique aura duré plus d’un an. Difficile de savoir ce qu’il s’est réellement passé en coulisses mais il faut croire que les ventes décevantes du Move, et l’arrivée imminente d’une prochaine console ont finalement décidé les développeurs à revoir leur copie et à abandonner la PS3 pour se tourner vers la PS4. Ce changement de support aura indéniablement été bénéfique pour tout ce qui concerne la réalisation puisqu’Until Dawn est une vraie réussite technique que l’on peut difficilement attaquer sur le plan graphique. Le jeu est réellement sublime. La modélisation des visages, même si elle garde une touche d’Uncanny Valley, rend parfaitement justice à la troupe d’acteurs embauchés pour donner vie à ce drame horrifique. Au casting, on retrouve d’ailleurs plusieurs noms connus dont Hayden Panettiere (la cheerleader de Heroes) ou Rami Malek (Mr. Robot).

Quelqu'un pensait vraiment que ce serait une bonne idée de revenir sur les lieux du drame ?

Quelqu’un pensait-il vraiment que ce serait une bonne idée de revenir sur les lieux du drame ?

Le passage sur PS4 n’a pas simplement permis d’embellir le jeu visuellement, il a également entraîné une refonte de la jouabilité qui ne pouvait logiquement plus s’appuyer sur le Move. Malgré tout, il semble que les développeurs n’étaient pas tout à fait prêts à abandonner complètement le gameplay initial puisqu’on trouve encore la possibilité de jouer avec le gyroscope du pad pour effectuer certaines actions. Ceci dit, brandir une manette que l’on agrippe à deux mains n’offre vraiment pas le même genre de sensations, ni le même degré d’immersion que des mouvements que l’on aurait pu réaliser avec deux Move indépendants l’un de l’autre. Du coup, les gestes requis ont dû être simplifiés à l’extrême au point de devenir complètement gadgets, et de nous sortir de l’intrigue plutôt que de nous y plonger. Certainement conscients du problème, les développeurs ont heureusement pensé à aussi inclure une maniabilité au stick et aux boutons tout ce qu’il y a de plus classique. Quelle que soit la méthode choisie, le jeu alterne entre quelques phases d’exploration et une ribambelle de QTE taillées sur mesure pour tester les réflexes et la vigilance des joueurs.

Une séquence qui n'est pas sans rappeler le film Saw.

Une séquence qui n’est pas sans rappeler le film Saw.

Et des QTE, il y a en a dans Until Dawn. Il y en a même un bon paquet qui interviennent sans jamais crier gare. Contrairement à bien des jeux, celles-ci nous tombent dessus sans qu’on les voie arriver, ce qui nous force évidemment à rester sur nos gardes en permanence, d’autant que le jeu ne s’arrêtera pas en cas d’erreur. À la place, il s’adaptera systématiquement à notre performance, quitte à coller des conséquences parfois dramatiques à une simple action loupée. Stressant, le système est là pour appuyer la notion de cause à effet omniprésente durant l’aventure.

En effet, le titre ne manque pas une occasion de rappeler combien il aime le concept de l’effet papillon. Vous savez, ce fameux battement d’ailes de papillon capable d’entraîner une tornade à l’autre bout du monde… Dans Until Dawn, inutile de voyager de l’autre côté du globe pour vérifier la théorie. Sans trop s’éloigner de leur chalet montagnard, les adolescents comprendront bien vite que chacun de leurs actes a de quoi engendrer de multiples conséquences. Dans bien des cas, un simple choix peut ainsi aboutir à un véritable drame quelques chapitres plus loin. Que vous soyez trop lent à réagir, que vous décidiez de jouer la prudence en choisissant d’emprunter un chemin plus sûr au lieu d’affronter le danger de face, que vous répondiez avec empathie ou au contraire avec colère à un personnage… Autant de micro-décisions qui façonnent le déroulement des événements et qui donnent clairement tout son sel à l’expérience Until Dawn.

Mmmmm, ce bon bain m'a fait du bien !

Mmmmm, ce bon bain m’a fait du bien !

Car finalement, le véritable gameplay n’est pas lié à la faible liste d’actions que le joueur est capable de réaliser avec sa manette. Non, le gameplay d’Until Dawn est plutôt à chercher dans l’échange permanent que le joueur entretient avec le scénario dont il écrit lui-même les détails à chaque nouvelle action. Ainsi, le jeu s’adapte constamment aux décisions prises par le joueur, qui en retour doit composer avec les nouveaux événements qu’il a lui même participé à mettre en place, parfois même sans le savoir. La méthode n’est pas nouvelle. Les jeux Telltale (The Walking Dead, The Wolf among Us), Quantic Dream (Fahrenheit, Heavy Rain, Beyond) ou même le récent Life is Strange de Dontnod ont également tenté la même approche. Until Dawn suit donc un sentier déjà balisé, mais le fait avec brio, et parvient à noyer pas mal d’embranchements directement dans les QTE. À quelques rares exceptions près, le sort des protagonistes est ainsi conditionné de manière presque invisible par des actions parfois anodines et dont il est difficile de prévoir les répercussions.

Pour aider à y voir plus clair, un menu spécial s’occupe de regrouper l’ensemble des décisions importantes et les conséquences qui en découlent au fur et à mesure qu’elles interviennent dans l’histoire. Le système est assez fascinant et pousse à recommencer l’aventure ne serait-ce que pour explorer d’autres pistes et découvrir ce que cache réellement chaque décision. Potentiellement, un joueur motivé pourra donc s’amuser à trouver comment sauver toute la troupe ou au contraire réussir l’exploit de les perdre tous. Pour l’aider dans sa quête, des totems indices sont éparpillés dans le jeu, livrant chacun un micro-flash semblable à une intuition capable de le renseigner sur un danger à venir, une décision importante à prendre, ou une situation ambiguë à dénouer. Ces indices sont toutefois à double tranchant puisqu’en fonction de votre interprétation, ils pourront vous conduire sur une fausse piste et vous inciter à prendre une décision que vous regretterez l’instant d’après. L’idée est toutefois intéressante dans la mesure où elle renforce encore l’importance de chaque décision au fil de l’aventure et rappelle que le joueur est bel et bien à la barre de son aventure. C’est lui qui commande en fonction de ce qu’il pense être la voie à suivre. Quelques autres brillantes idées sont présentes dans le jeu, mais les révéler serait desservir l’expérience globale…

Je n'ai jamais tué personne. Sauf une fois au chalet.

Je n’ai jamais tué personne excepté une fois au chalet.

Malgré tout, Until Dawn n’est pas non plus dénué de défauts à commencer par un problème de taille : il ne fait pas vraiment peur, ce qui est plutôt problématique pour un jeu justement censé faire peur. En dehors des nombreux, très nombreux jump scares, Until Dawn peine franchement à atteindre son objectif puisque la seule peur que l’on ressent est celle de ne pas appuyer à temps sur Triangle pendant une QTE ! Il y a donc un problème à ce niveau. On peut aussi pointer du doigt le manque de rythme général qui étire inutilement l’expérience sur la longueur. Entre les randonnées dans la forêt, l’exploration des salles vides dans le manoirs et la découverte d’autres lieux tout aussi déserts, il y a clairement des passages soporifiques tout au long du scénario qui cassent l’entrain et desservent le ressenti global. En fait, puisqu’il est souvent comparé à un film interactif, Until Dawn a tout du film livré brut, avant d’avoir pu passer par la salle de montage. Quelques coupes par-ci par-là n’auraient vraiment pas été de trop pour maîtriser la tension, et en injecter là où il en manque. En dépit de toute la fascination que procure le système de cause à effet, le manque de rythme global prend donc le dessus et parvient malheureusement même à amenuiser l’envie de relancer le jeu pour explorer ses nombreux embranchements.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Supermassive Games
  2. Éditeur : Sony
  3. Genre : Aventure / Horreur
  4. Date de sortie : 26 août 2015
  5. Support : PS4
  • until_dawn_jaquetteUntil Dawn n'est pas un mauvais jeu. Vraiment pas. Il réussi son pari de proposer un système de cause à effet bien fichu et surtout suffisamment touffu pour offrir de nombreux choix à prendre en considération. De son côté, le scénario parvient toujours à s'adapter naturellement aux décisions et aux actions entreprises par le joueur. Et puisque le titre se dote aussi d'une réalisation très agréable, il y a réellement de quoi se prendre au jeu. Ceci dit, le manque de rythme général casse régulièrement l'immersion et on se retrouve non pas à craindre la présence du tueur, mais à avoir peur de rater une QTE parce que l'on aura piqué du nez durant l'un des trop nombreux passages à vide.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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8 commentaires

  1. Lucasbnd
    Lucasbnd
    25 septembre 2015 à 18 h 39 min

    J’ai joué quelques heures au jeu et il m’a complètement charmé . Le gameplay au sixaxis est vraiment plus immersif qu’au joystick. Je pense que c’est l’une des meilleur exclu PS4!

  2. Parci
    Parci
    25 septembre 2015 à 19 h 05 min

    Ce jeu risque sûrement de me faire acheter une ps4 dans les prochains mois. Je suis très fan de ce genre d’expérience. Très bon test qui me donne envie de me prendre le jeu tout de suite. ^^

  3. Marauder_117
    Marauder_117
    25 septembre 2015 à 19 h 07 min

    La phrase exacte c’est “excepté une fois au chalet” sinon test vraiment plaisant à lire

    1. Jihem
      Jihem
      25 septembre 2015 à 19 h 25 min

      Merci ! Je modifie.

  4. CalderMane
    CalderMane
    25 septembre 2015 à 19 h 44 min

    Il faut reconnaître que l’idée de base est excellente, c’est pour cela que je me suis attardé sur Until Dawn.

    Dans un premier temps j’ai joué tout seul, dans mon coin. Une réalisation propre, des graphismes correct, une ambiance travaillée, mais sinon pas grand chose…

    En réalité il m’a suffit de la troisième QTE pour sortir totalement de l’aventure. Non pas, parce qu’elles sont inutiles, mais parce qu’elles cassent le rythme. Au final nous sommes plus concentré à répondre à une action demandé que sur l’histoire/ambiance en elle même. Les yeux figés devant l’écran, la goutte à l’œil prêt à bondir sur le joystick. Et si, par mégarde on se trompe de touche lors d’une QTE, on est frustré. Tout ça pour ça, une touche ! Puis non. Je refuse d’être passif. Les choix sont souvent digne de mort, seul votre chance permettra à l’un ou l’autre de survivre. Il faut reconnaître que le jeu répond bien à vos choix, mais les ficelles sont trop grosses et on prend presque un malin plaisir à faire exprès de voir nos “héros” (je ne parle pas du Chara design) faire les mauvais choix.

    Reste qu’à plusieurs, avec des personnes pas trop exigeantes, on arrive toujours à passer une bonne soirée. Et autant le dire, c’est une denrée rare aujourd’hui. Rien que l’aspect jouer tout ensemble dans une même pièce, me donne le sourire.

    Rien de bien exceptionnel dans Until dawn, mais on ne demandé pas autant à un jeu, qui à le mérite d’innover et de rendre l’expérience agréable à plusieurs. [ 2.5/5 ].

  5. foumarc
    foumarc
    25 septembre 2015 à 20 h 16 min

    Bon papier! Je le jouerai mais bien plus tard, quand il sera pas trop cher… J’ai peur que les personnages trop clichés me gavent mais bon, le test ne peste pas trop là dessus à part le fameux terme “clichés sur pattes” qui m’a fait sourire! “La nuit tous les choix sont gris”, joli aussi! héhé

  6. Blood-Curse62
    Blood-Curse62
    25 septembre 2015 à 22 h 22 min

    “Malgré tout, Until Dawn n’est pas non plus dénué de défauts à commencer par un problème de taille : il ne fait pas vraiment peur, ce qui est plutôt problématique pour un jeu justement censé faire peur.”

    En même temps, le jeu se base sur des Slashers, et les slashers n’ont pas pour but principal de faire peur mais plutôt d’amuser la galerie en espérant voir rapidement un personnage mourir. Bien que dans les films ( Evil Dead, Vendredi 13, .. ) beaucoup de personnages entraînent chez nous une antipathie à leur égard ( faut dire que c’est cherché avec leurs comportements stéréotypés et irritables ), ici, dans Until Dawn au contraire on parvient à trouver une affinité avec la plupart des personnages.

    Pour en revenir sur la peur, les Slashers, tout comme ce jeu, se basent sur des jumpscare même si bien placé à certains endroits, ça reste de la surprise facile ( et non de la peur )( contrairement aux Silent Hill, Forbidden Siren ou encore Project Zero qui misent beaucoup plus sur l’ambiance ). Certains diront même ( dont moi ) que c’est la technique facile pour ceux ne sachant pas réellement poser une ambiance stressante.
    Malgré ce système, Until Dawn arrive à utiliser les jump scare dans une autre optique : le conditionnement ( comme le fameux chien dans RE ). Craindre durant les moments d’exploration qu’un jump scare nous arrive en pleine figure. Du coup, on se méfie continuellement de ce qui peut arriver et ça peut faire son effet.
    Mais en plus de ça, Until Dawn a quand même une bande son assez sympa qui fera son effet. Au final, ça ne révolutionne pas le genre de l’horreur, le jeu choisit même la facilité. Mais on passe un moment sympa à regarder ce jeu.

    Bon test en tout cas :)

  7. Droufte
    Droufte
    26 septembre 2015 à 10 h 27 min

    Autant j’attendais ce jeu, bien que le scénar était un cliché quand même sacrément obvious. Le coup du chalet isolé dans la neige et du groupe de pote qui va “fêter” la mort de leurs potes (y’a que dans les films d’horreur que vos potes célèbrent votre mort dans les endroits les plus glauques possible. :D )… M’enfin vous me comprenez.

    Quand près j’ai vu que toutes les décisions importantes se font en QTE, je l’ai sorti de ma liste d’envie direct. Si je dois jouer à un JV, c’pas pour devoir appuyer quand on me le dit sur le bouton qu’on me dit. J’vois rien de ludique là dedans. Alors bon y’a beau y avoir des passages d’explo, vous en parlez comme des moments vides. Donc au final la seule force du jeu réside dans son histoire et ses embranchements scénaristiques. Ben c’est pas suffisant à mes yeux pour un bon JV.

    Mais test intéressant, au moins je vois ce qui a réellement plu et déplu dans ce jeu qui m’intéressait avant sa sortie.

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