Armikrog : La suite spirituelle de The Neverhood ? Test JV

Armikrog : La suite spirituelle de The Neverhood ?

Armikrog. Derrière ce nom bizarre se cache un point and click imaginé et modelé par Pencil Test Studios, un groupe de vétérans de l’industrie, comme on dit. Pour une fois, le terme n’est pas usurpé puisque les créateurs d’Armikrog ont bel et bien fait leurs armes sur quelques titres de renom dont Earthworm Jim, Aladdin Megadrive ou encore The Neverhood. Ce dernier est probablement le moins connu de la liste, mais tous ceux qui l’ont parcouru pourront attester qu’il s’agit d’un jeu d’aventure hors norme, à l’humour potache et à la plastique unique. Vingt ans après The Neverhood, Armikrog reprend d’ailleurs les mêmes ingrédients pour une nouvelle aventure.

Armikrog n'est pas tout à fait désert.

Armikrog n’est pas tout à fait désert.

L’entrée en matière d’Armikrog met tout de suite dans le bain. À la manière d’un cartoon, l’introduction nous est chantée, sobrement illustrée par quelques animations sommaires. Entre deux refrains, et à condition de tendre l’oreille et de comprendre l’anglais, on devine que le brave Tommynaut est envoyé à la recherche de P-tonium, une source d’énergie salvatrice qui permettrait de sauver sa planète. La mission n’est pas dénuée de dangers, ses deux frères sont d’ailleurs partis avant lui sans jamais revenir. En compagnie de son fidèle acolyte Beek-Beek, une sorte de chien capable de voler de temps en temps, Tommynaut s’écrase sur Spiro 5 où se trouve l’imposante forteresse Armikrog, écrin du fameux P-tonium. Bien que le coup de la chanson fasse son petit effet, il aura fallu plusieurs visionnages pour que cette bribe d’histoire se dessine tant bien que mal. Par la suite, le titre ne fera hélas aucun effort supplémentaire pour raviver l’intérêt et apporter quelques précisions. Autant donc le dire : la scénarisation d’Armikrog s’avère ratée, nous condamnant à parcourir l’ensemble du jeu sans trop savoir ce qu’il faut faire, si ce n’est explorer les jolis décors et résoudre les énigmes qui nous barrent la route.

Prêtez attention au moindre indice...

Prêtez attention au moindre indice…

Effectivement, les environnements sont réussis, tous faits de bric et de broc. Comme pour The Neverhood, l’équipe s’est amusée à bricoler puis à numériser des décors réalisés en papier-mâché, carton et pâte à modeler avec parfois même des bouts de ficelles, de fourrures ou de mousse collés de manière tout à fait artisanale. Les personnages ne sont pas en reste, puisqu’à la manière de Wallace & Gromit par exemple, ce sont tous des sculptures animées à la main image par image. Le rendu visuel paraît très organique et donne naissance à de jolis paysages au sein de la forteresse. La patte artistique constitue d’ailleurs la grande force du jeu toujours là pour nous encourager à poursuivre la visite, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux.

Tommynaut reste sur ses gardes dans cette étrange forteresse.

Tommynaut reste sur ses gardes dans cette étrange forteresse.

De leur côté, les énigmes ne sont pas très nombreuses, mais d’un niveau correct, à condition de se montrer suffisamment observateur et patient. En effet, en dehors de quelques puzzles qui requièrent un peu de jugeote, la plupart des casse-tête sont directement associés à des indices lâchés dans le décor. Sachez d’ailleurs que dans Armikrog, le bloc-notes sera votre meilleur ami pour griffonner le moindre symbole suspect, tenter de mémoriser une séquence colorée ou même un enchaînement de différents sons. Encore une fois, le jeu n’est vraiment pas difficile à condition de prendre le temps de regarder autour de soi et d’étudier minutieusement son environnement. Cette relative facilitée vient également du fait que le jeu fait fi de tout système d’inventaire. Tommynaut peut bien ramasser des objets, mais il les stocke directement dans son ventre et le jeu ne permet pas de voir ce que le héros a dans le bide. Si un item doit être utilisé, il le sera automatiquement en cliquant à l’endroit du décor propice. En fait, Armikrog se montre minimaliste au possible dans son gameplay et applique la règle du pointer cliquer à la lettre. D’ailleurs, le fait que le curseur soit un simple curseur de souris qui ne change jamais de forme annonce la couleur. Ici, il n’y a qu’à cliquer sur un élément du décor et espérer qu’une action se déclenche. En clair, on clique sur un bouton pour voir s’il peut être enclenché, on clique sur un objet pour voir s’il peut être ramassé, on clique sur un socle pour voir si un item en sa possession peut y être déposé. En soi, ce festival du clic n’a rien de dommageable, si ce n’est qu’avec des objectifs pas toujours bien définis, on se surprend à cliquer partout sans vraiment suivre de logique, et donc sans vraiment réfléchir non plus.

Parfois, Beek-Beek part explorer tout seul.

Parfois, Beek-Beek part explorer tout seul.

L’aventure Armikrog n’est pas bien longue puisque le générique final défile environ quatre heures après la chanson d’introduction. Pour ne rien arranger, il faut tout de même déduire de ces quatre heures près d’une heure et demi de temps consacré à la longue, trop longue lecture narrant le background de la forteresse. Même si tout ce pan de l’histoire reste plus ou moins annexe, et que rien ne vous oblige donc à le lire, celui-ci renferme les clés pour déchiffrer ce qu’il se passe réellement durant l’aventure. On en revient donc aux problèmes de narration déjà soulignés. Armikrog a simplement toutes les peines du monde à trouver le bon équilibre pour confier au joueur ce dont il a besoin de savoir pour apprécier l’histoire, sans l’assommer par des pages et des pages de lecture chargées de détails en tout genre. Dans ces conditions, même si les visuels débordent d’ingéniosité et qu’ils parviennent à nourrir un certain plaisir de la découverte, l’ensemble reste plus ou moins hermétique au point de laisser le joueur sur la touche.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Pencil Test Studios
  2. Éditeur : Versus Evil
  3. Genre : Point'n click
  4. Date de sortie : 8 septembre 2015
  5. Supports : PC, Mac, Linux
  • armikrog_boiteSi l'on accepte volontiers l'invitation des développeurs qui souhaitent nous faire découvrir un monde étrange et visiblement très fouillé, on reste vite refroidi par le peu d'efforts déployés pour nous permettre de profiter de cet univers atypique. Entre l'introduction qui tombe à l'eau et le final hermétique à celui qui n'aura pas pris le temps de se farcir les presque deux heures de lecture à mi-parcours, Armikrog n'est finalement qu'une jolie balade agrémentée de quelques énigmes de-ci de-là. On en attendait un peu plus de la part de Pencil Test Studios.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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