Mario Party 10 : La douche à l’italienneTest JV

Mario Party 10 : La douche à l’italienne

La sortie d’un nouveau Mario Party, c’est un peu comme le retour de la fête foraine : on attend impatiemment, des étoiles plein les yeux, cette promesse d’amusement et de convivialité, en espérant profiter de sensations inédites. Premier volet à sortir sur Wii U, Mario Party 10 nous a largement aguichés avec ses perspectives de gameplay asymétrique et son rendu HD. Et quand on sait que les Amiibo sont aussi de la fête, tout ça devient franchement alléchant…

En introduisant le fameux concept du « tous dans la même galère », Mario Party 9 était parvenu à marquer un virage audacieux, qui n’avait peut-être pas convaincu tout le monde mais avait eu le mérite d’apporter un peu de sang neuf à la série. Ce dixième volet est l’opportunité pour Nintendo d’aller encore plus loin en exploitant le potentiel offert par la Wii U : un affichage en haute définition, une utilisation des fonctionnalités du Gamepad et enfin un recours aux Amiibo, ces figurines NFC capables de prendre vie dans le jeu. Pour ce qui est de la réalisation, c’est un peu la soupe à la grimace : la modélisation est certes plus fine et l’animation plus fluide, mais les textures déçoivent (les aplats de couleurs ont la vie dure) et l’ensemble manque encore cruellement de détails et d’effets visuels. Bref, pas de quoi transformer notre bedonnant italien en plombier polonais !

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Les plateaux de jeu sont peu inspirés, y compris artistiquement parlant.

Le mode “Mario Party” permet d’inscrire le jeu dans la continuité de son prédécesseur ; on y retrouve le procédé consistant à embarquer tous les participants dans un même véhicule sans pour autant rogner sur l’aspect compétitif propre aux parties. Il s’agit toujours de récupérer un maximum de petites étoiles, que ce soit en progressant sur le plateau de jeu ou en s’affrontant dans des épreuves aux configurations variées (chacun pour soi, 1v4, 2v2 ou encore coopération quand il s’agit d’affronter un mini-boss). Ces mini-jeux sont plutôt bien conçus. Il est loin le temps du matraquage de boutons à outrance ; les épreuves font aujourd’hui la part belle, non seulement aux réflexes, mais aussi – et surtout – à l’observation et à la réflexion, même s’il faut avouer que la chance est un facteur suffisamment déterminant pour ne laisser aucun joueur sur le carreau. Dans le même esprit, l’octroi de récompenses aléatoires favorise toujours les retournements de situation de dernière minute. A noter l’arrivée d’une nouveauté qui pimente encore un peu plus les parties : la possibilité de libérer progressivement Bowser en fonction des jets de dés effectués. Il viendra alors semer gentiment la panique et en profitera pour donner un petit coup de pouce au joueur le plus à la traîne. Le mode Mario Party se montrerait donc suffisamment divertissant s’il ne souffrait pas du manque de rythme inhérent au concept (les lancers de dés sont plus fréquents que jamais et le temps de jeu effectif n’est souvent pas folichon), ainsi que de ses plateaux linéaires et somme toute assez peu inspirés, qui ne sont pas étrangers à la sensation d’ennui et de déjà-vu qui s’installe au fil des parties.

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Les mini-jeux Bowser et leur gameplay asymétrique sont amusants, mais trop peu nombreux.

Le mode “Bowser Party”, qui rassemble jusqu’à 5 participants – une première dans la série -, constitue une variante plus trépidante et particulièrement appréciée des enfants (testé et approuvé). Muni du Gamepad, l’un des joueurs incarne Bowser, dont l’objectif est de rattraper et d’éliminer les quatre passagers du véhicule avant qu’ils n’atteignent la dernière case du plateau. Lorsque vient son tour, il lance une véritable brouette de dés afin de tenter d’égaler les scores de déplacement combinés des fuyards. S’il a le malheur de les rattraper, il les contraint à prendre part à un mini-jeu au gameplay asymétrique, qui exploite les fonctionnalités du Gamepad  : commandes tactiles, prise en compte du micro, affichage différencié sur la tablette et le téléviseur… Ces épreuves spécifiques, étudiées pour accorder un net avantage à Bowser, sont à la fois originales, fun et un tantinet stressantes puisqu’elles ont pour but de faire perdre le plus de vies possibles aux fuyards. Liés par l’adversité, ces derniers doivent s’épauler les uns les autres, car un passager éliminé est un lancer de dés en moins, et donc une chance accrue pour Bowser de les rattraper à la fin du tour. Voilà donc un mode de jeu gorgé d’adrénaline, qui fait monter la tension jusqu’à l’épreuve finale que nous aurons la délicatesse de ne pas dévoiler.  Le hic, c’est qu’au terme de quelques parties, on n’a pas forcément envie d’y revenir, la faute à l’ultra-redondance des mini-jeux Bowser qui, au nombre de 10 seulement, tournent en boucle jusqu’à l’écœurement. Un écueil profondément regrettable pour ce qui s’annonçait comme le mode de jeu le plus tripant…

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Non content d’être insipide, le mode “Amiibo Party” est d’une lourdeur sans nom.

Il ne faut effectivement pas compter sur le mode “Amiibo Party” pour relever l’ensemble. Accessible à condition de posséder au moins une figurine compatible, ce mode de jeu est l’occasion de la voir s’animer sur un plateau aux règles « old-school », puisque les protagonistes s’y déplacent indépendamment les uns des autres. L’objectif est d’acheter de grosses étoiles avec l’or accumulé sur le parcours ou à travers les mini-jeux. Hélas, les plateaux dédiés sont particulièrement tristounets, que ce soit au niveau du thème ou des événements proposés, et ce n’est pas la possibilité de débloquer et de mixer entre elles de nouvelles portions qui rattrape le coup. Mais là où le mode “Amiibo Party” devient une véritable purge, c’est dans l’utilisation concrète des figurines, qui servent… à lancer les dés. Posez votre figurine sur le Gamepad et retirez-la, c’est rigolo, du moins la première fois. A présent, répétez le processus quelques trouzaines de fois par partie, tout en jonglant avec la validation à la Wiimote, et vous comprendrez en quoi cette idée saugrenue devient vite insupportable. Le pire, c’est que si vous souhaitez conserver les portions de plateaux et les jetons boost débloqués par votre personnage, il faut que votre Amiibo soit vierge de toute autre donnée. Autrement dit, si vous n’avez pas envie d’effacer le niveau 50 obtenu par votre personnage sur Super Smash Bros for Wii U, vous n’avez plus qu’à acheter un autre Amiibo qu’il vous faudra dédier exclusivement à Mario Party 10. Le problème n’est, certes, pas imputable au jeu lui-même, mais c’est tout de même la petite goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien plein.

Aucun des trois modes de jeu proposés par Mario Party 10 ne se montre donc réellement convaincant. Et ce n’est pas la présence de quelques bonus (un badminton, un match-3, deux mini-jeux Bowser Junior et la possibilité d’organiser des tournois paramétrables) qui sauvera cet épisode de la déconfiture. Espérons que Nintendo saura rectifier le tir, mais pour l’heure, vous pouvez faire l’impasse sans aucun regret sur ce dixième volet décevant.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Nintendo
  2. Editeur : Nintendo
  3. Genre : Party-game
  4. Multijoueur : Jusqu'à 5 joueurs en local (1 Gamepad + 4 Wiimote requis pour jouer à 5)
  5. Date de sortie : 20 mars 2015
  6. Supports : Wii U
  • mario_party_10_jaquetteLe retour sur terre risque d'être un peu brutal pour les amateurs de Mario Party qui attendaient beaucoup de l'arrivée de la série sur Wii U. Entre un mode "Mario Party" à la prise de risque minimale, un mode "Bowser Party" qui tourne vite en rond et un mode "Amiibo Party" particulièrement fastidieux, aucun ne parvient à incarner le concentré de fun et de convivialité espéré. Le gameplay asymétrique reste une belle idée que Nintendo s'est, une nouvelle fois, borné à sous-exploiter, préférant miser sur le merchandising lié aux Amiibo.
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2 commentaires

  1. Mjolnir
    Mjolnir
    18 septembre 2015 à 23 h 42 min

    Le mode Bowser (que j’ai pu testé chez des proches) c’est sympathique comme tout mais comme vous le dites limité. En fait les récents Mario Party semblent trop vouloir innover. Je pense qu’ils devraient garder ce qui a fait le fun et la force de la série tout en ajoutant ces nouveautés.
    Pourquoi pas un jour une compilation des meilleurs mini-jeux de la série dans un Mario Party entre traidtion et audace ?

    En tout cas le test est clair et concis.

  2. Naruto
    Naruto
    19 septembre 2015 à 11 h 57 min

    Le mode bowser est en effet limité on en fait vite le tour.
    Le gros problème de ce mario party c’est que le gamepad est inutilement bloqué.
    En mode mario party le mode principale tout de même, le gamepad sert à afficher bowser en prison. Et c’est tout.
    Donc on vous bloque l’usage du gamepad pour un jeu qui se veut multijoueur et où on a justement besoin de plusieurs manette pour jouer on vous bloque l’usage de la manette principale.
    Du coup le mode off tv passe aussi à la trappe.
    Mais quel est l’intérêt de bloquer le gamepad et de le réduire à l’état de prison virtuel??? C’est pas un truc qu’on pouvait affichait dans une pop up sur l’ecran?

    Résultat Mario Party 10 à été revendu pour acheter l’excellent et très surprenant Yoshi wooly world et qu’en à notre envie de Mario party la solution c’est : Dolphin + Mario party 4 et 5.

    Avec ce Mario Party 10 je n’ai pu m’empêcher de me demander si Nintendo n’était pas dans une phase autodestructive. Du style au fond du trou mais on continue de creuser.

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