XCOM 2 : Making a MulderTest JV

XCOM 2 : Making a Mulder

Revenue d’entre les étoiles et les galaxies éteintes il y a 4 ans, la série X-Com n’est pas réapparue dans une soucoupe volante d’occasion. Firaxis s’est improvisé préparateur intersidéral de grosses cylindrées avec supplément moteur à ions en proposant l’un des meilleurs tactical PC. Avec ce nouveau mouvement, le studio lui-même a visiblement une excellente vision stratégique.

XCOM 2 Specialiste

Le Spécialiste dispose d’un drone très pratique

La guerre ne fait pas de choix, elle détruit. Peu importe la réussite de l’équipe face à la menace alien, que ce soit dans le précédent XCOM ou dans Enemy Within, Firaxis est parti du principe que l’humanité s’était pris une sacrée rouste, bien obligée d’accepter une paix avec les extraterrestres. Barrière de la langue, incompatibilité philosophique, le mot n’a pas la même signification dans les deux cultures. Du côté des confins de la galaxie, il signifie davantage « prise de contrôle total de la société ». Infiltré dans toutes les strates, l’envahisseur alien dirige les médias, les instances du pouvoir, l’armée, la distribution de nourriture, bref une classe politique normale. Mais c’en est trop pour les quelques hommes et femmes qui continuent de résister à cette main mise bien trop douce. Sous ce vernis grisâtre se cachent des manipulations génétiques et des exactions de toute sorte, liées au mystérieux projet Avatar. Aux commandes de ce qu’il reste de l’ancienne cellule XCOM, le but est simple, essayer de trouver comment rallonger les journées. Comme dans le précédent volet, XCOM 2 a pour particularité de demander au joueur d’être sur une multitude de fronts en même temps, essayant de régler au mieux des dizaines de crises, tout en gérant sa base et ses soldats. Littéralement épuisant, le jeu demande une intense concentration à chaque partie, non seulement dans le but d’adopter une ligne stratégique efficace mais également dans celui de se sortir de chaque combat sans laisser derrière un combattant. Car si l’aridité est encore de mise, un équipier mort disparaissant de la partie, la survie se corse avec l’arrivée de nouvelles unités ennemies qui accélèrent le rythme cardiaque et de missions en temps limité.

XCOM 2 Vipère

XCOM 2, malgré sa difficulté, explique les bases sereinement lors des premières rixes. Une avancée pédagogique, certes avec quelques décès par-ci, par-là, mais qui n’a jamais eu envie de tuer quelqu’un lors d’une explication un peu trop complexe devant un auditoire mal réveillé. Les marques se prennent, les rouages se découvrent jusqu’à une mission où il est impératif d’atteindre un objectif en moins de 8 tours, sans mourir bien entendu. Cette première marche, qui pète les chevilles, est en quelque sorte un condensé de ce que va proposer le jeu. En quelques minutes, XCOM 2 apprend au joueur que le ratio prise de risque/prudence peut varier à tout moment, notamment face à un compteur. Dans un jeu où par essence la couverture est le meilleur moyen de rester en vie, cette dynamique modifie l’approche de façon intelligente, car épisodique. Les objectifs en temps restreint obligent à repenser la façon d’appréhender les adversaires en cherchant à contourner les limitations du terrain par de l’ingéniosité. Si dans les missions « normales », la réflexion est bien évidemment mise à l’épreuve, le nombre de tours compté permet de se focaliser davantage sur les avantages tactiques de chaque classe et favorise la recherche de contournements, afin d’arriver au plus vite à son objectif qui, une fois sécurisé, permet de reprendre un rythme de combat plus classique. Ils font office de mises à l’épreuve intenses, forgeant encore et encore l’inventivité tactique du joueur.

XCOM 2 Ranger

Le Ranger est le petit plus “grande classe” de XCOM 2

La présence salutaire du Spécialiste découle de ce fonctionnement en deux temps. Mélange entre le Support de Enemy Unkown et le MEC de Enemy Within, il est accompagné d’un drone qui lui donne l’opportunité de donner un sérieux avantage à ses coéquipiers, à très longue distance. Soigner ou offrir une protection depuis un abri sûr en fait une unité indispensable en binôme parfait avec le Ranger, lui plus orienté corps-à-corps via une attaque au sabre puissante qui le laisse malgré tout sans possibilité de se mouvoir. Un problème également géré par l’Agent Psi, dont l’une des capacités est de conférer un point d’action supplémentaire à n’importe quel soldat, afin de lui laisser la possibilité de se sortir d’un faux pas. Des interactions qui peuvent sembler abusives, mais qui sont en parfait équilibre avec la sale manie des ennemis de bénéficier d’un petit facteur triche désagréable dans leur facilité à tirer à travers les murs ou à bénéficier d’une position avantageuse, couplée à de nouvelles recrues redoutables.

XCOM 2 Andromède

L’Andromède ressemble à un soldat de Haze en surpoids.

La Vipère, sorte de serpent géant armé, ce qui n’est déjà pas rassurant en soi, privilégie une technique qui pousse parfois au ragequit, à savoir capturer un personnage avec sa langue d’une très grande distance. Une fois en sa possession, ce dernier est retenu prisonnier, jusqu’à ce qu’un coéquipier tire sur son bourreau, perdant des points de vie à chaque tour. Encore une fois, l’urgence et la réactivité mènent les affrontements. Il en est de même dans le cas des Andromèdes, géants increvables et revenant une fois à la vie, épris de grenade à poison. Mais les plus pénibles restent les mobiles Codex, entités douées de téléportation qui poussent la fourberie jusqu’à produire un clone si elles sont atteintes d’un tir sans mourir à la fin de l’assaut. Un bestiaire dont les membres se complètent parfaitement, centré sur la séparation et le contournement. Le but des ennemis, malgré des erreurs parfois surprenantes de l’I.A, est en priorité de casser la résistance du joueur qui aurait fait la faute impardonnable de ne pas souder son groupe. La moindre erreur se paye cher, et un soldat laissé un tantinet à la marge ou mal abrité devient une cible immédiate, ce qui en langage XCOM 2 signifie un cadavre.

XCOM2 Anonyme

Cette logique de débordement convient surtout à l’Anonyme, petite raclure qui se déguise en être humain et décide d’apparaître lorsque l’un des braves soldats d’XCOM pense naïvement sauver un civil. Sans oublier le glaçage sur cette belle pièce, le Porteur de Bouclier, humanoïde qui trouve malin de protéger les unités autour de lui. Un éventail de menaces conséquent, qui trouve une certaine contrepartie dans les forces humaines, mais dont le cumul confine parfois au sadisme. Une méchanceté crasse qui ne semble jamais injuste, mis à part quelques dérives aléatoires, mais exige du joueur une préparation à chaque tour de jeu. Marque d’un excellent game-design, il ne faut jamais tenir pour évidente une situation. Les stats ont une influence sur le déroulement, la compréhension des systèmes également, mais l’excès de confiance se solde quasiment à chaque fois par un échec. Le terrain est si important dans XCOM 2 qu’il impacte toute prise de décision. Il est rare que l’analyse d’un environnement ait autant d’impact sur l’issue d’un affrontement. D’autant qu’il est possible, et indispensable, de profiter de la grande nouveauté du jeu pour effectuer un repérage précieux : la phase furtive ou Concealment.

xcom 2 overwatch

Dans XCOM 2, un bon abri est indispensable

Dès le début d’un combat, le plus souvent, le groupe de soldats dirigés par le joueur est considéré comme non-repéré. Tant que l’ennemi ne s’aperçoit pas de cette présence, le plus sain est de mettre en place une configuration d’assaut pour déchaîner d’un coup le feu sur leurs positions. Bien évidemment à l’aide de l’overwatch hérité du précédent volet, mais avant tout en étant certain de son action. Un camouflage ôté trop tôt pouvant être, paradoxalement, l’augure d’une catastrophe pleine de lasers. Une idée qui fonctionne parfaitement, offrant un moment de réflexion « à froid » qui temporise, rappelant les grandes heures de la série Rainbow 6. De fait, chaque rixe est différente, multipliant les possibilités tactiques et suffisamment pensée avec soin pour se tenir nerveusement sur un fil qui semble vouloir casser à tout moment. Une tension exacerbée lors des phases de gestion, relativement similaires à celles du précédent XCOM en ce qui concerne la customisation de la base, mais bien plus inquiétantes au niveau mondial.

XCOM 2 Tactique

Comme dans l’épisode précédent, l’overwatch est un atout précieux.

Plutôt lourdingues, les actions politiques avec les différentes nations du globes dans le précédent épisode devenaient rapidement un calvaire, réclamant des sommes astronomiques, obligeant à investir dans des chasseurs, des satellites, etc. pour rassurer tout le monde. Une occupation qui prenait le pas sur les missions et rendait chaque retour au bercail un peu plus tendu, les pieds qui traînent et la mine basse. Simplifié, l’approche de XCOM 2 n’en est pas moins stressante, bien au contraire. À la différence près que la gestion de la crise offre davantage de petites aspérités où se raccrocher, avec un seul doigt. La carte du monde est divisée en grandes zones qui sont autant de cellules de résistance à contacter. Pour ce faire il est nécessaire de disposer d’une réserve de points de renseignements et de sacrifier quelques précieuses journées. Si dans les premiers temps, les six jours nécessaires à découvrir les rebelles de l’Inde ou du Canada semblent bien anodins, ils le deviennent beaucoup moins lors du lancement du projet Avatar. Synonyme de game-over une fois terminée, cette « arme » alien dispose d’un compteur qui augmente régulièrement en fonction du nombre de postes avancés nécessaires à sa conception. Bases qui se construisent au fur et à mesure du temps écoulé. La logique apparaît donc vite, implacable et sentencieuse, tout le temps passé à récolter des ressources en stationnant sur un pays, toutes les minutes dépensées à tenter d’opérer des liens avec la résistance sont autant de précieuses heures où le projet Avatar avance.

XCOM2 Sectopode

Le Sectopode, source de cauchemar depuis février 2016.

L’étau proposé est radical, jongler sans cesse entre des impératifs de renforcement en dépensant ses ressources pour se monter un arsenal conséquent, et se dépêcher d’avancer afin de stopper le grand plan des petits gris. Un équilibre délicat qui peut à tout moment se transformer en une pente raide vers la destruction, tant il est facile de prendre les mauvaises décisions ; et ce dès les premières heures. Un faux pas, une mauvaise stratégie dans ses choix prioritaires peut plomber une dynamique et empêcher toute remontée. Seul horizon, recommencer une partie avec des décisions différentes, une tactique plus froide, qui n’empêchera pas pour autant l’échec. Car à l’image des combats, la gestion globale de XCOM 2 n’est jamais identique. Quelques respirations gonflent heureusement cette apnée ludique, en un sens, les Dark Event. Arrivant par trois, dont une seule est sélectionnable, elles offrent chacune une alternative à éviter.

XCOM 2 personnage

L’éditeur de personnage est très riche. Cette sniper irradie de charisme.

Encore une fois, le sacrifice est au centre du propos, tant les choix confient à des futurs moments de pleurs annoncés. Par exemple, préférer éviter que les aliens bénéficient de renforts de choix pendant un mois, laissera le champ libre aux deux autres conditions, qui peuvent être un coût supplémentaire en renseignements lors des contacts ou encore le fait qu’un OVNI poursuive votre base volante, l’obligeant ainsi à gâcher des heures en fuite. Le tout en choisissant son Dark Event aussi en fonction de sa récompense, car ingénieurs et scientifiques seront vitales au développement de l’équipement. Un principe malin qui enfonce encore davantage le clou du choix cornélien, dans une volonté évidente de décharge d’adrénaline salutaire dans ce genre de jeu. Mais paradoxalement, ces missions spéciales sont également un moyen de ralentir Avatar, certaines permettant de retirer deux points d’avancée au projet. Une ligne de conduite prenante, où chaque opportunité est un piège, chaque piège une opportunité. Comme une belle relation, XCOM 2 sait parfaitement raviver la flamme.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Firaxis
  2. Éditeur : 2K Games
  3. Genre : Tactique, Stratégie
  4. Date de sortie : 5 février 2016
  5. Supports : PC, Mac
  6. Site officiel : https://xcom.com/fr
  • XCOM 2 jaquetteXCOM 2 est un culte de la décision qui ne sera jamais la bonne, mais la moins mauvaise, centre d'un système exigeant sans être injuste pour le joueur. Ce dernier devient alors le fantôme de ces fiers soldats, regardant leurs pieds dans la navette qui les emmène vers la bataille et souriant lors d'un retour victorieux. Car le succès provient autant d'une concentration intense que de la capacité à faire de la victoire un moment d'espoir qui poussera à relancer une partie perdue. Blessé mais motivé. Vu lors de ses premiers pas comme une version 1.5 du premier XCOM, cette suite est loin d'être un soulèvement tiède. Bien davantage une réécriture plus maturée d'un canevas déjà brillant qu'il semblait difficile de sublimer.
4
Killy

Ayant longtemps pensé que le fait de passer ses après-midi dans les bois à chercher des animaux lui faisait gagner des points d'XP et des gils, Pierre a depuis compris qu'il pouvait faire la même chose sur un PC ou une console sans alerter la SPA ou se prendre la balle perdue d'un chasseur.

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7 commentaires

  1. ZoidbergForPresident
    16 février 2016 à 16 h 55 min

    Mmhpf, petite remarque rapide: était-ce nécessaire de spoiler deux des unités avec les concept art au milieu du test? :p

  2. Garrett
    Garrett
    16 février 2016 à 21 h 17 min

    Merci pour le test, bien qu’il soit compliqué pour les néophytes d’Xcom dont je fais parti.

  3. Killy
    Killy
    16 février 2016 à 21 h 38 min

    Bonjour,
    Je comprends très bien ta remarque, mais ce sont des éléments déjà dévoilés dans beaucoup de trailers et dans la communication officielle de l’éditeur. Et j’en parle également dans le test.
    Cela peut nuire à la découverte, mais il est très facile de tomber dessus ne serait-ce que sur la page Steam du jeu.
    Merci beaucoup de ta lecture en tout cas ; )

  4. Killy
    Killy
    16 février 2016 à 21 h 40 min

    Garrett > C’est avec plaisir ; ) Oui, il y a des éléments que je n’ai pas reprécisé, mais le test aurait été un peu trop chargé. Si tu as besoin de précisions, n’hésite pas.

  5. Demystificator
    Demystificator
    16 février 2016 à 22 h 42 min

    J’ai l’impression que le test s’est écrit en pensant uniquement aux gens qui ont fait le 1 alors que le 2 jouit d’une plus grosse communication et donc popularité. J’aurais bien vu une ré-explication plus détaillées des bases plutôt que de lister les ennemis.

    Pour ceux qui connaissent pas, le jeu dispose d’un mode facile et d’un long tutoriel plutôt bien fait. Après, moi, j’ai fini le premier et j’ai toujours pas fini ce 2 avec 20heures au compteur… Parce qu’il est bien plus punitif que son prédécesseur je trouve.

    En fait, la génération procédurale peut, à mon sens, donnait des situations injustes au joueur… L’emplacement des ennemis étant aléatoire, partir pour un contournement peut vite révéler d’autres ennemis et on se retrouve à 4 contre 6 ou alors faire une guerre de tranchées en priant que la chance des tirs soit avec nous. Surtout quand l’IA squatte 80% du temps les meilleures planques.
    J’ai aussi eu un renfort ennemi qui tombait juste derrière mes hommes déjà engagés : donc tenaille ; donc aucune chance de s’en sortir…

    Et en plus, je suis très sujet aux ragequits donc ça explique que je mette le temps. Et le fait que le jeu ne prenne pas le temps de t’expliquer ce que fait l’ennemi ; ma première rencontre avec le Codex s’est directement soldée par un bon gros ragequit des familles tellement il semble difficile à battre…

    Mais c’est presque un détail car pratiquement toutes les missions se passent bien si on joue bien et c’est un jeu qui prend le temps de s’apprendre. Ce qui est très bon vu sa richesse et sa réalisation ; XCOM, c’est quand même un jeu qui te met autant de pression qu’un boss de Dark Souls, sauf que c’est un tour par tour…

  6. ramenos
    17 février 2016 à 20 h 03 min

    Merci pour le test.

    J’aurai peut-être insisté davantage sur les nombreux problèmes de performance/bugs qui occupent le jeu et rendent parfois le gameplay frustrant à cause de lignes de visée improbables ou freeze temporaires à l’écran.

    J’ai chopé le jeu de sa sortie et de ce que j’ai joué jusqu’à maintenant, il a l’air bon. Mais les bugs et problèmes de performance gâchent un peu le tout à l’heure ou j’écris ce commentaire.

    1. ignarebrute
      ignarebrute
      6 mars 2016 à 19 h 56 min

      Il est un peu gourmand et ne semble pas très très optimisé. C’était déjà le cas avec les précédents. Mais ça reste très jouable et pas mal de mods améliorent les petits défauts d’interface (Evac All absent par exemple)

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