Day of the Tentacle Remastered : Purple reignTest JV

Day of the Tentacle Remastered : Purple reign

Avec son studio Double Fine, Tim Schafer poursuit sa noble quête visant à dépoussiérer les vieux classiques LucasArts n’ayant pas encore eu droit à de telles faveurs. Après Grim Fandango l’année dernière, et en attendant Full Throttle l’année prochaine, c’est Day of the Tentacle qui est mis au goût du jour.

Ne commençons pas cet article sur un mauvais pied en tentant de placer Day of the Tentacle sur une échelle de valeur réunissant tous les classiques sortis des studios Lucas dans les années 90. Le comparer à Monkey Island, Sam & Max, Indiana Jones, Full Throttle, The Dig et à tous les autres n’a pas beaucoup de sens. Tous sont marqués d’un indéniable savoir faire en matière de point and click, mais tous jouent aussi dans un registre différent. Il y a la grande aventure de pirate, l’enquête policière loufoque, la nouvelle de science fiction, le jeu de biker. Au milieu de tout ça, Day of the Tentacle joue la carte de la comédie pure. À la façon d’un cartoon Tex Avery, cette farce jongle constamment entre blagues potaches et comique de situation, sur fond de paradoxes temporels dans tous les sens.

Les trois compères seront vite séparés dans les méandres du temps.

Les trois compères seront vite séparés dans les méandres du temps.

Conçu comme la suite de Maniac Mansion (d’ailleurs jouable de bout en bout ici), Day of the Tentacle conserve cette particularité de proposer trois héros à la fois. Cette fois, les protagonistes sont imposés, et on se retrouve à contrôler Bernard, Laverne et Hoagie, respectivement un nerd, une cinglée et un roadie. Le trio est contraint de retourner au manoir du Dr. Fred pour remédier à une épineuse situation. En effet, Tentacule Pourpre a la folie des grandeurs depuis qu’il a vu deux minuscules bras lui pousser. Ainsi membré, il se lance à la conquête du monde. L’idée de génie pour l’arrêter et d’utiliser une machine à voyager dans le temps pour remonter quelques heures avant l’incident et tenir Pourpre loin du produit toxique qui l’a fait muter. Mais les ennuis ne font que commencer lorsque la machine tombe en panne en plein voyage, envoyant Hoagie deux cents ans dans le passé et Laverne deux cents ans dans le futur, alors que Bernard ne bouge pas d’une seconde et revient dans le présent. Dispersés sur la frise temporelle, les trois compères devront tout de même coopérer pour trouver une solution et mettre un terme au délire mégalo de Tentacule Pourpre.

Hoagie tape la discute avec George Washington. Normal.

Hoagie tape la discute avec George Washington. Normal.

Si l’unité de temps est complètement explosée, l’unité de lieu est bel et bien respectée dans la comédie de Lucasarts puisque chacun des trois personnages explore le même manoir vu sous un angle différent. Ainsi, Hoagie se côtoie les pères fondateurs des États-Unis (Washington, Franklin, Jefferson) tandis que Laverne doit trouver un moyen de passer inaperçue dans un futur contrôlé par les Tentacules. Bien que séparés par plusieurs centaines d’années, les trois peuvent toutefois interagir entre eux pour déjouer les nombreux puzzles tordus qui les attendent. Car si la machine à voyager dans le temps ne fonctionne plus vraiment, elle permet tout de même l’échange d’objets entre les personnages. Le timbre trouvé dans le présent peut éventuellement servir s’il arrive entre les mains d’Hoagie, tandis que le scalpel de Laverne a toutes les chances de venir au secours de Bernard. Comment ? Pourquoi ? Il faudra au choix se creuser les méninges pour le découvrir, ou à l’inverse laisser ses cellules grises au vestiaire tant Day of the Tentacle fait dans l’absurde. Peut-être encore plus qu’ailleurs, le sens de la logique est souvent, très souvent bafoué dans Day of the Tentacle, pour laisser place à une folie douce d’un bout à l’autre de l’aventure.

Dans le futur, les humains sont mis au chenil.

Dans le futur, les humains sont mis au chenil.

L’autre moyen qu’ont les personnages pour agir entre eux concerne évidemment les relations de cause à effet qui peuvent se produire lorsque l’on touche à la continuité temporelle. Plusieurs des actions entreprises par Hoagie peuvent ainsi modifier le présent de Bernard et le futur de Laverne. Là encore, les développeurs sont allés très loin dans leur délire en inventant des situations tout à fait improbables mais qui semblent pourtant très cohérentes lorsqu’elles sont observées à travers le prisme du jeu. Le gros de l’aventure consiste ainsi à se balader dans le manoir, à ramasser un peu tout et n’importe quoi sans trop savoir pourquoi, puis à trouver une utilité à chacun de ces objets. L’autre partie du jeu est consacrée aux nombreux dialogues, toujours très savoureux et qui ne manquent jamais une occasion de placer une blague. On retrouve le doublage original du jeu, uniquement en anglais donc, mais avec des sous-titres français si nécessaires. En bref, Day of the Tentacle n’a absolument rien perdu de son charme plus de vingt ans après sa sortie. Mais qui en doutait réellement ?

Et la remasterisation dans tout ça ?

Il est toujours possible de basculer vers l'interface traditionnelle et même d'avoir les graphismes et les sons d'origine.

Il est toujours possible de basculer vers l’interface traditionnelle et même d’avoir les graphismes et les sons d’origine.

La question est plutôt de savoir ce que vaut cette version remasterisée. D’une certaine manière, Double Fine se contente d’un relifting plutôt paresseux. Certes, les graphismes sont lissés, les musiques sont réorchestrées, on peut basculer à la volée entre la nouvelle version et le jeu original, et ce qui est fait n’est vraiment pas mauvais. Ceci dit on ne peut s’empêcher de remarquer tout ce qui n’a pas été fait. À commencer par les animations qui restent d’époque et demeurent donc toujours très hachées. On retombe aussi sur quelques bugs déjà présents en 1994 et toujours là, en 2016. Par exemple, Bernard qui parle avec la voix de Laverne à un moment donné. Difficile à dire s’il s’agit de bugs hommage ou de simples oublis. Difficile aussi de justifier le manque d’attention porté à l’intégration des commentaires de développeurs. Certains peuvent être déclenchés manuellement mais il faut obligatoirement rester sur place pour les écouter en entier, sans sortir de la pièce sous peine de les couper. D’autres peuvent être lancés automatiquement durant les séquences clés, mais allez savoir pourquoi quelques uns se coupent tout de même en plein milieu car ils trop longs pour la séquence qu’ils sont censés couvrir.

L'interface n'est pas toujours très lisible. Hélas.

L’interface n’est pas toujours très lisible. Hélas.

Reste le problème épineux de l’interface utilisateur, complètement repensée. Celle-ci s’inspire beaucoup de ce qui avait été fait pour les éditions spéciales de Monkey Island. La liste de verbes, s’il est toujours possible de l’utiliser, a toutefois été remplacée par une roue d’icône qui se déploie autour du curseur. Mais suivant l’objet visé, les icones ne sont pas tous présents, rendant parfois difficile à repérer celui que l’on cherche réellement puisqu’il ne sera pas toujours placé au même endroit. Sur PC et Mac, tout se fait simplement en utilisant la souris comme dans un point and click normal, mais la manœuvre se montre moins pratique sur consoles où il faut contrôler le curseur puis la sélection de l’action avec le stick. Étrangement, et contrairement aux éditions spéciales de Monkey Island, aucun contrôle direct des personnages n’est implémenté, ce qui aurait probablement apporté un peu de fluidité à l’ensemble.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Double Fine Productions
  2. Genre : Aventure, Point'n Click
  3. Date de sortie : 22 mars 2016
  4. Supports : PC, Mac, PS4, PS Vita
  • day_of_the_tentacle_remastered_boiteImpossible de le nier, sur le plan de la remasterisation pure, Day of the Tentacle déçoit un peu. Encore une fois, pas forcément par ce qu'il fait, mais par ce qu'il ne fait pas. On aurait aimé une interface plus adaptée (notamment sur consoles) et une plus grande attention à tous ces petits détails qui n'ont plus lieu d'être dans une remasterisation vingt ans après. Reste que le cœur du jeu est toujours là, toujours aussi fun, toujours aussi drôle et toujours aussi indispensable à tout amateur de puzzles tordus, de paradoxes temporels et de répliques cinglantes. Un must pour tous ceux qui le connaissent et l'apprécient déjà, et une belle façon de le découvrir pour ceux qui le savoureront pour la toute première fois.
5
Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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5 commentaires

  1. Nebasha
    Nebasha
    22 mars 2016 à 10 h 04 min

    J’imagine ne plus avoir d’excuse pour le faire. ^^

  2. Sebastopol
    Sebastopol
    22 mars 2016 à 21 h 28 min

    Sûr! Je le fais ce weekend 😃 Les point’n click d’antan à la sauce Lucasart… Des merveilles à l’état pur!

  3. texter
    texter
    25 mars 2016 à 16 h 29 min

    Est ce qu’une sortie est prévue sur tablette ou gsm?

    1. texter
      texter
      25 mars 2016 à 16 h 29 min

      En tout cas merci pour ce test, ça va me replonger en enfance.

  4. Oppression
    Oppression
    10 avril 2016 à 15 h 23 min

    Super test ! on sent l’amour du point and click :p
    Je compte me faire les point and click que je n’ai pas pu me faire à l’époque, mais sur Ps vita, du coup je me demandais si il y avait une fonctionnalité tactile ou la version est identique en tout point que sur console ?

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