Dark Souls 3 : Assez de décèsTest JV

Dark Souls 3 : Assez de décès

Lords of the Fallen, Enter the Gungeon, Hyper Light Drifter, une frange de jeux sans concession se revendiquent depuis quelques années de l’héritage Dark Souls. Retour dans l’arène de l’intransigeance et de l’apprentissage, la série de From Software a mis – ou remis – en place des codes de progression différents de l’ensemble de la production, jusqu’à s’y retrouver un peu empêtrée. Bloodborne avait commencé à défaire ces liens, Dark Souls 3 est lui plus porté sur le bondage.

dark-souls-III-0008Emplis de rois, de princes et de dragons, Dark Souls 3 pourrait être un conte, une ancienne légende dans un autre univers. Un monde où il n’y aurait pas grand monde pour écouter des histoires. Car les êtres humains ne sont plus que des cadavres ambulants ou des guerriers apeurés cachés derrière des armures qui ne les protègent plus des ténèbres. Le coin du feu n’est plus réservé aux anciens, passant leur parole aux enfants, mais à des êtres qui avancent vers un destin couvert de cendres. C’est l’un de ces combattants que le joueur doit créer comme à l’accoutumée de toutes pièces afin de le propulser dans ce qui sera un long enchaînement de morts. Bien au chaud dans ses pantoufles en fer forgé, Dark Souls 3 ne change pas sa formule gagnante : la collecte d’âmes pour augmenter ses stats et acheter/forger de l’équipement, somme perdue au moindre décès. Le mécanisme de base est alors de les retrouver sur son corps sans mourir une seconde fois, synonyme de disparition définitive de son pécule. Une logique de tension liée au risque qui fonctionne toujours parfaitement, pousse-au-crime et moteur de progression idéal dans un jeu basé sur l’apprentissage à la dur. Après quatre épisodes, Bloodborne compris, la série a trouvé un certain rythme de croisière, préservant sous haute protection ce qui la définit. Quelques modifications ont émaillé l’évolution de son game-design, mais rien n’a changé profondément. Dark Souls est comme son univers, cloisonné dans des rappels thématiques incessants, qui participent à son identité forte mais aussi à un étouffement. Et pourtant, cet épisode est celui de la respiration, pas du tout dans le fond, mais dans la forme.

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La découverte d’Anor Lando dans le premier Dark Souls était une délivrance paradoxale. Annonciatrice du pire à venir, elle ouvrait les décors et les yeux à un ciel inespéré. Gigantesque, imposante, inhumaine, la cité suspendue écrasait par sa dissimulation de l’horizon. Dark Souls 3 pousse les potards de ce sentiment à fond en proposant une verticalité régulière, peu importe les endroits traversés. Piétiner dans des marais empoisonnés ne se fait pas sans quelques tours qui enserrent la zone, plonger dans les entrailles de la terre place devant des gouffres immenses et des escaliers monumentaux, tout dans le jeu évoque l’ascension vertigineuse ou la descente infernale. Et aucune des deux n’est une meilleure nouvelle que l’autre. From Software fait encore la preuve d’une connaissance aiguë du level-design, tant dans la construction d’un cheminement que dans le message que véhicule l’environnement. Même si les types de lieux visités manque d’originalité avec l’éternelle forêt, le paresseux marécage, ou encore les cavernes copiées-colées de Bloodborne, ils sont tous articulés avec une cohérence rare.

dark-souls-III-0003La progression se fait de manière naturelle et surtout inconsciente, tant les indices sur le chemin à suivre s’avèrent aussi clairs que masqués. L’exploration est mise en avant, les routes alternatives fleurissent, mais le joueur comprend leur connexion et peut trouver son chemin par déduction. Un tour de force qui sait ménager également une dimension purement ludique avec un grand nombre de pièges et d’endroits utiles ou mortels pour le joueur, formant un ensemble empirique excitant – un monde déserté qui place le joueur face à un challenge se dessinant sur chaque centimètre carré du terrain, et décrivant par ses fissures les drames qu’il devra affronter. Et sur ce point, sur l’adéquation entre ce qu’il veut donner à lire et ce qu’il provoque par sa construction et sa direction artistique, Dark Souls 3 réalise un sans faute. Et ce même si son bon moteur hérité de Bloodborne toussote et se paye le luxe de faire apparaître des éléments partout dès que le décor est un peu chargé. Et il n’y a pas que techniquement que le rhume est installé. Il n’y a pas de doute, le gameplay de Dark Souls 3 est maîtrisé, rôdé depuis quelques années et habile équilibre d’attente et d’ouverture. Un rythme particulier qui avait subit un sursaut de dynamisme grisant avec Bloodborne, décontraction musculaire d’un corps en forme mais vieillissant. Dark Souls 3 en tient compte, assouplissant les réactions du personnage et proposant quelques armes dont les caractéristiques permettent de petites folies acrobatiques, mais ne propose pas grand chose de neuf.

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Une sécurité compréhensible mais qui se transforme en un verrou qui aurait mérité de sauter pour le dernier épisode. La principale nouveauté est un retour, à savoir la jauge de magie, ici de FP, qui sert autant pour les sorts que pour les actions spéciales. Ces dernières, apport de ce troisième épisode, sont des attaques spécifiques à un bouclier, une arme, ou un type d’armement qui ajoutent des buffs, autorisent des assauts différents, etc. Très utiles dans les situations d’urgence, ces « weapon arts » sont en quelque sorte l’équivalent invisible des modifications de forme d’arme de Bloodborne. Intéressants par l’obligation qu’a le joueur de s’adapter à un autre style de combat, ces mouvements uniques consomment beaucoup de FP et demandent donc de remplir sa jauge avec une nouvelle fiole d’Estus bleue.

dark-souls-III-0019La subtilité vient de la mise sur le même niveau des anciennes flasques servant de soin et de celles-ci. C’est-à-dire qu’il faut équilibrer combien d’exemplaires de chacune le joueur choisit d’emmener, sur un stock commun : une décision lourde de conséquences en cas de coup dur. Se concentrer sur de l’offensif plus que sur du défensif, trouver un compromis, dépend de chaque combat et du type de jeu adopté. De bonnes idées qui aiguisent le gameplay et vont dans le sens de la profondeur habituelle du système de jeu, mais sans véritable trouvaille qui donnerait à Dark Souls 3 une saveur particulière, une dynamique qui lui appartiendrait totalement. En tant qu’hydre dont chaque tête regarde vers un épisode de la série, Dark Souls 3 reste cette créature magistrale et romantique, cet ennemi dont la défaite est une victoire personnelle, mais cette fois avec bien moins de panache. A vaincre sans péril, vous connaissez la suite.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : From Software
  2. Éditeur : Bandai Namco
  3. Genre : Action-RPG
  4. Date de sortie : 12 avril 2016
  5. Supports : PS4, Xbox One, PC
  6. Site officiel : https://www.darksouls3.com/fr/
  • dark-souls-IIIDernier épisode de la série, Dark Souls 3 agit comme les Seigneurs des Cendres qu'il met en scène, l'héritier d'une gloire lumineuse qui n'a pas su rallumer la flamme de sa propre destinée. Sûr de lui dans ses habits neufs et ses habitudes de gentleman de la baffe dans la gueule, il rate sa dernière occasion de briller. Exécuté avec une maîtrise toujours impressionnante, le jeu de From Software est un titre de qualité, qui marque, et fouille dans des recoins où peu vont, sans concessions mais avec une vraie émotion. Bénéficiant d'un moteur plus propre qu'à son habitude, soutenu par une bande-son qui mêle les larmes aux cris, efficace, Dark Souls 3 fait les choses comme il faut. Mais Dark Souls le faisait aussi, tout comme Bloodborne. Malgré l'immense travail sur son univers, ce troisième volet peine à trouver son identité, par un manque d'évolution et une timidité décevante. Pour une série qui a tant défriché son média, la voir planter tranquilou des fleurs magnifiques dans son jardin de retraité fait une petite boule au ventre.
4
Killy

Ayant longtemps pensé que le fait de passer ses après-midi dans les bois à chercher des animaux lui faisait gagner des points d'XP et des gils, Pierre a depuis compris qu'il pouvait faire la même chose sur un PC ou une console sans alerter la SPA ou se prendre la balle perdue d'un chasseur.

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8 commentaires

  1. Clément Le Hyaric (Pixelpirate)
    Pixelpirate
    14 avril 2016 à 15 h 52 min

    J’ai exactement le même avis. Brillant mais trop ronronnant. J’attendais davantage de prise de risque.

  2. Demystificator
    Demystificator
    14 avril 2016 à 18 h 08 min

    Je ne l’ai pas encore fini, j’en suis à 20h et il me reste à tuer 2 bosses avant d’aller chercher le boss final.

    Mais j’avoue que même si c’est bien fait, on n’est jamais vraiment surpris.

    Paradoxalement, c’est le meilleur des 3 car il a trouvé le juste équilibre entre un Dark Souls 1 trop rigide et Dark Souls 2 qui a trop voulu changer les choses pour changer les choses.

    En fait, c’est un excellent jeu pour qui n’a pas fait les 2 Dark souls précédents.

  3. CalderMane
    CalderMane
    15 avril 2016 à 2 h 06 min

    On est tous d’accord finalement ^^
    Une très (très) belle copie qui manque de folie. Vraiment dommage quand on sait qu’il s’agit du dernier Souls.
    Après Bloodborne, difficile pour Dark Souls 3 de me surprendre.
    La communauté est très exigeante est le moindre faux pas prend des dimension digne d’un coup d’état. Au final From Software sortira la tête haute, et c’est tout à leur honneur.
    Seulement à titre personnel il me manquera ce petit plus. Peut être pour les DLC, sait on jamais…

  4. Likwid
    Likwid
    15 avril 2016 à 9 h 33 min

    Ce jeu m’intéresse mais me fait peur en même temps…Je n’ai jamais fait un Soul et pas non plus des jeux vraiment durs.
    Au vue du test, je pense que celui-ci est le moyen parfait pour rentrer dans ce type de jeu finalement.

    A voir quand il sera en solde sur steam, ça reste encore cher actuellement si jamais ça ne me plait pas ou que ça me décourage.

    1. Trap
      Trap
      16 avril 2016 à 22 h 51 min

      moi je n’aimais pas les dark soul, mais je ne décroche pas de bloodborn qui est juste excellent pour moi. Il a une autre approche.

    2. Droufte
      Droufte
      17 avril 2016 à 2 h 22 min

      Perso j’hésitais, j’ai pas e ps4 mais le gameplay de bloodborne avec le gun m’intéressait plus. Du coup j’me suis mis à DS parce que je voulais pas entrer dans le 3 sans rien comprendre, et j’accroche salement. Je nolife sec dessus, et je suis prêt à farmer des heures pour upper mes armes, armures et stats. Là j’ai finis de farmer et j’avance doucement vers la fin, à part un boss que j’ai trouvé nul et juste du type de difficulté relou, pas de strat rien, bourrin et plateforme, qui se retrouve être un combat moisi. Ben à part ça, tout est assez plaisant, l’univers oghtique m’intéressait pas, mais je suis absorbé par certains décors.

      Je ferais pas le deux, on me l’a déconseillé t’façons. Le 3 me tente vraiment. Un peu cher cela dit car il a l’air d’être une redite du 1 en plus beau et plus nerveux.

  5. PatDraft
    PatDraft
    18 avril 2016 à 16 h 48 min

    Bonjour à tous
    Moi j ai fait connaissance des souls. Tout d abord avec bloodborne, puis je suis fait dark souls 2 the scholar….
    Là je suis sur dark souls 3, j en suis à une quarantaine d heures, et mon perso a un niveau de 62.
    Je prends beaucoup de plaisir à Farmer, explorer les différends sites proposés par le jeu, à combattre les boss, à trouver différentes techniques pour les battre, à apprendre leurs patern….etc
    Il y a tellement à faire, le jeu n est pas avare en contenus.
    Le seul bémol à reprocher c est que from software n a pris suffisamment de risques.
    Un jeu à essayer pour ceux dont l aspect die and retry ne rebute pas.
    Bon jeu à tous 😋

  6. Elerez
    Elerez
    4 mars 2017 à 18 h 42 min

    Avec du Recul Dark Souls 3 est le meilleur Souls qui est sortis. Ils surpasse même Demon’s Souls pour ce qui est des boss marquants

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