Space Gate Odyssey : Optimisation, quand tu nous tiens…Test JDS

Space Gate Odyssey : Optimisation, quand tu nous tiens…

L’Homme dispose désormais de la technologie nécessaire pour créer et traverser des portails spatiaux. La colonisation de nouvelles planètes est une réalité et les différentes Confédérations s’affairent au sein de la station de commande Odyssey pour construire une base en orbite et téléporter leurs premiers colons. Qui sera le premier à explorer ces terres inconnues ? Qui détiendra l’avenir de l’Humanité entre ses mains ?

Comme d’habitude, nous ne faisons qu’effleurer les règles du jeu dans cet article. Pour en savoir plus sur Space Gate Odyssey, vous pouvez télécharger le livret complet ici.

Space Gate Odyssey marque d’emblée les esprits grâce à sa boîte et plus particulièrement son illustration, signée Vincent Dutrait. Deux hommes traversant un portail dimensionnel, un troisième au bord d’une falaise, scrutant l’horizon… Voilà qui situe parfaitement le contexte et qui donne envie de se plonger dans l’aventure. L’excitation laisse rapidement place à la stupéfaction en découvrant le matériel : loin d’être de mauvaise qualité, il détonne avec les couleurs de la couverture du jeu et déçoit presque par son aspect austère. Qu’à cela ne tienne, ne nous arrêtons pas à ces considérations visuelles, d’autant plus que les mécaniques s’avèrent particulièrement intéressantes.

L’aire de jeu se divise en trois parties : la station de commande, où vous allez déplacer vos ingénieurs pour obtenir des points d’action ; votre base, que vous allez développer en matérialisant les actions débloquées dans la station ; et enfin, les planètes, théâtre de la colonisation à proprement parler. La gestion parfaite de ces trois pans du gameplay de Space Gate Odyssey est capitale et la victoire finale reviendra à celui qui saura le mieux optimiser (un mot qui reviendra souvent dans cet article) ses actions. Sans entrer dans les détails, les joueurs marquent des points après avoir envoyé un certain nombre de colons sur des planètes, chacune disposant de ses propres règles de colonisation et de son propre système de décompte. Lorsque cinq planètes ont été colonisées, la partie prend fin et le joueur possédant le total de points le plus élevé est déclaré vainqueur.

Mais revenons au cœur du jeu, en commençant par la station de commande Odyssey. Celle-ci se compose de plusieurs postes de contrôle, dans lesquels les joueurs vont répartir leurs ingénieurs pour obtenir des points d’action (une mécanique de placement d’ouvriers, en somme). Comme son nom l’indique, le poste des modules permet d’ajouter des modules (des salles) à votre base. Chacune de ces salles remplit une fonction bien particulière, à condition qu’elle ait été ouverte au préalable (nous y reviendrons) : accueil de nouveaux colons, recrutement de nouveaux ingénieurs dans la station de commande, téléportation des colons vers les planètes, etc. Au fil de la partie, vous allez ainsi agrandir votre base en juxtaposant les salles les unes aux autres. Mais ne vous y trompez pas, cette étape relève bien souvent du casse-tête si vous ne voulez pas perdre du temps ou vous retrouver bloqué à cause d’un mauvais choix de couleur de salle.

Les postes de contrôle d’eau, d’énergie et de végétation, respectivement de couleur bleue, rose et verte, vous permettent de déplacer les colons de votre base vers une salle de la couleur correspondante. En plaçant un ingénieur dans le poste d’eau, vous pouvez déplacer un colon vers une salle bleue, etc. L’intérêt de cette action est double : faire circuler vos pions pour qu’ils rejoignent par exemple une salle de téléportation et commencent à coloniser une planète, ou encore ouvrir des salles nouvellement construites (elles arrivent fermées dans votre base) et ainsi bénéficier de leurs effets (recruter un nouvel ingénieur dans la station pour multiplier les actions, par exemple). Enfin, le poste de contrôle des sas permet de “recharger” votre base en colons et de combler le vide laissé par ceux qui ont été téléportés sur les planètes.

Là où ce système d’actions devient particulièrement intéressant, c’est que lorsque vous placez votre ingénieur à un poste pour obtenir des points d’action, vous allez également en donner à vos adversaires si ces derniers ont disposé au moins un des leurs à ce même poste. Il va donc falloir réfléchir à vos propres intérêts tout en évitant de trop avantager vos concurrents, ce qui fait tout le sel du jeu. De même, il est indispensable de répartir vos ingénieurs sur l’ensemble des postes, afin de toujours disposer de points d’action, même lorsque ce n’est pas votre tour. Cette idée de gameplay est censée apporter du dynamisme au jeu, mais tend en réalité à parasiter le déroulement de la partie. En effet, il n’est pas rare de devoir attendre de longues minutes avant de pouvoir accomplir ses actions, le joueur dont c’est le tour se triturant le cerveau pour ne pas vous avantager ou cherchant à tout prix à optimiser la construction de sa base. À ce sujet, sachez qu’un jeton “joker” peut être utilisé à tout moment pour réorganiser entièrement sa base (on sépare toutes les salles, puis on les réassemble comme bon nous semble pour créer une nouvelle base).

Présenté comme un outil pour les débutants, il revêt à notre sens une importance capitale pour gérer de façon optimale l’intégralité de la partie. En effet, la stratégie qui nous a paru la plus efficace consiste dans un premier temps à construire sa base de façon à recruter un maximum d’ingénieurs, à créer des couloirs de même couleur pour faciliter le déplacement et l’ouverture des salles, etc. Cette optique n’étant pas forcément compatible avec une colonisation rapide des planètes en début de partie (les stratégies agressives ayant de toute façon tendance à s’essouffler à moyen terme), il est quasi indispensable de se servir de ce fameux jeton “joker” pour réorganiser sa base et lancer une phase de colonisation intensive en plaçant ses modules sas (qui accueillent les nouveaux colons) juste à côté des salles de téléportation. La gestion du tempo étant cruciale dans Space Gate Odyssey, le tout est de le faire au moment opportun : ni trop tôt, sans quoi vous n’aurez pas les ressources nécessaires pour marquer des points ; ni trop tard, sous peine de vous faire dépasser par vos adversaires. En résulte un moteur de jeu à deux vitesses engendrant une perte d’intérêt progressive dans la partie : l’excitation est forte au début, les joueurs cherchant à construire la base la plus optimisée possible, puis celle-ci s’étiole au fur et à mesure, les fins de session se résumant essentiellement à remplir les sas de colons pour ensuite les téléporter sur les planètes et marquer des points. Au final, Space Gate Odyssey est à l’image de sa couverture : alléchant de prime abord, mais quelque peu décevant par la suite. Et il n’y a rien de plus regrettable que de laisser un petit goût amer dans la bouche des joueurs, annihilant toute envie de relancer une partie, tout du moins avant un certain temps.

L'avis d'extralife
  1. Auteur : Cédric Lefebvre
  2. Illustrateur : Vincent Dutrait
  3. Éditeur : Ludonaute
  4. Genre : Placement d'ouvriers et colonisation spatiale
  5. Nombre de joueurs : 2 à 4 joueurs
  6. Durée : 90 minutes
  7. Date de sortie : Février 2019
  • Loin d'être un mauvais jeu, Space Gate Odyssey possède même de sérieux atouts dans sa manche, à commencer par des mécaniques solides et une appétence certaine pour l'optimisation. Malheureusement, quelques problèmes de rythme et un moteur à deux vitesses viennent plomber le plaisir du joueur, qui ressort de l'expérience à moitié satisfait et avec une certaine amertume...
3

A voir aussi

Réponse