Kahuna : Rififi dans l’archipel

S’il est coutume de dire que le jeu de société est un plaisir qui se partage à plusieurs, rien n’empêche deux personnes de se réunir autour d’un plateau et de faire quelques parties. Certains éditeurs ont même fait du jeu à deux une spécialité, à l’image de Kosmos, à qui l’on doit entre autres Les Cités Perdues. Mais il n’est point question d’expéditions au fin fond de l’Himalaya aujourd’hui, mais plutôt d’un voyage vers Kahuna, un archipel perdu au beau milieu de l’océan.

Votre main de départ est constituée de trois cartes.

Entourées d’eau bleu turquoise et de plages de sable fin, les îles de l’archipel de Kahuna sont un véritable paradis sur Terre. Pourtant, elles sont également le théâtre d’une lutte de territoires sans merci. Afin d’asseoir votre suprématie, vous devrez prendre le contrôle d’un maximum d’îles en les reliant par des ponts. Pour ce faire, rien de plus simple, il suffit de jouer la carte portant le nom de l’île que vous souhaitez contrôler. Vous pourrez ainsi poser un pont sur une des liaisons disponibles (matérialisées par des pointillés). Une fois que vous avez construit des ponts sur plus de la moitié des liaisons, vous prenez le contrôle de l’île en y plaçant un pion de votre couleur (blanc ou noir).

Mais il y a fort à parier que votre adversaire ne vous laissera pas étendre votre emprise sur l’archipel aussi facilement. En jouant deux cartes (par exemple Lale/Lale ou bien Elai/Bari), il détruira un de vos ponts, ce qui pourra engendrer une réaction en chaîne vous faisant perdre le contrôle d’une ou plusieurs îles. En outre, lorsqu’il prend le contrôle d’un territoire, il détruit automatiquement vos ponts précédemment construits sur l’île en question et réduit par la même vos chances de dominer Kahuna. Il vous faudra donc constamment jongler entre expansion et attaque mais aussi songer à vous défendre en bloquant toutes les liaisons.

Le joueur noir aura du mal à s’emparer d’Elai.

Cela est d’autant plus important qu’une partie se déroule en trois manches, chacune attribuant des points selon un barème différent. Dès que toutes les cartes ont été piochées, la manche se termine (à l’exception de la troisième, où les joueurs peuvent encore jouer une fois chacun) et laisse place au décompte des points. Le joueur contrôlant le plus d’îles à l’issue de la première manche remporte un point, contre deux points au terme de la deuxième. À la fin de la troisième, les joueurs comptent le nombre d’îles qu’ils contrôlent ; celui qui en a le plus marque un point pour chaque île possédée en sus de son adversaire. Chaque manche est donc propice à un type de stratégie bien précis.

Il est important de construire des ponts sur toutes les liaisons.

Évidemment, la mécanique de base du jeu reposant sur la pose et la pioche de cartes, le facteur chance est bien présent, mais il est réduit par le fait qu’il est autorisé de ramasser une carte face visible parmi trois (on la remplace à chaque fois qu’un joueur en prend une). Il est donc possible avec un minimum de mémoire et de réflexion de connaître la main de votre adversaire, d’anticiper ses actions et d’agir en fonction.

De même, sachant qu’il n’y a que deux exemplaires de cartes pour chaque île, vous pouvez protéger votre domaine en les piochant afin de neutraliser toute attaque potentielle. Le jeu révèle alors toutes ses qualités et se montre bien plus stratégique qu’il n’y paraît. Une très bonne pioche en somme, qui saura convaincre les joueurs occasionnels comme les amateurs de tactique (même si elle reste relativement basique).