King of Thieves : C’est du vol !Test JV

King of Thieves : C’est du vol !

Il y a quelques années, le studio russe Zeptolab nous gratifiait du très prenant Cut the Rope pour un tarif dérisoire. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Les apps gratuites avec achats intégrés sont devenues si rentables que le studio russe a décidé de développer sa nouvelle production, King of Thieves, autour de ce modèle économique. Méfiants, nous avons néanmoins laissé le bénéfice du doute à cet improbable mélange de Clash of Clans et de Super Meat Boy.

Les hybridant volontiers avec leurs cousins assassins, les concepteurs de jeux vidéo ont souvent tendance à faire de nos bons vieux voleurs d’infâmes coupes-jarrets adeptes de l’attaque sournoise. Zeptolab avait à coeur de les réhabiliter en revenant aux fondamentaux : athlètes accomplis, artistes raffinés, les voleurs aiment avant tout s’infiltrer dans des lieux protégés et en ressortir les bras chargés de richesses. Et si le titre de roi des voleurs n’a que peu de sens pour qui est condamné à la discrétion et à l’anonymat, c’est pourtant bien le but que vous vous êtes fixé dans King of Thieves.

Ça sent la viande.

Ça sent la viande.

D’ici là, l’ombre furtive que vous contrôlez devra dépouiller de leurs richesses de nombreux donjons, matérialisés dans le style d’un plateformer 2D au graphisme cartoon attrayant. Mais entre la porte par laquelle elle pénètre – dont il lui aura fallu préalablement crocheter la serrure – et le coffre qu’elle doit atteindre, son périple est pavé de pièges retors. Pour ne rien arranger, il faut savoir que votre petit personnage avance tout seul dans la direction dans laquelle il fait face, et que ses possibilités d’action se résument à sauter, s’accrocher aux murs et glisser le long des parois. Le gameplay à la fois simple et technique, l’inertie très travaillée, les scies circulaires à esquiver… Les joueurs avertis auront décelé sans peine les emprunts à Super Meat Boy, y compris l’aspect die & retry prépondérant : vous réussirez rarement un casse du premier coup, sachant que le contenu du coffre diminue par paliers à mesure de vos échecs ! Une fois que vous aurez fait vos armes sur les 80 donjons du mode solo, vous pourrez aborder la principale dimension du titre : le multijoueur. Car à l’instar d’un Clash of Clans dont il reprend la mécanique, King of Thieves vous confie le développement et la protection de votre propre donjon, tout en vous incitant à aller dépouiller ceux des autres. Le jeu fourmille d’options communautaires, réseaux sociaux à l’appui, permettant d’attaquer d’autres joueurs, de vous venger de ceux qui vous ont dévalisé, d’intégrer une guilde, d’aider un ami à récupérer ses biens (ou de lui demander de récupérer les vôtres), sans oublier la participation à des ligues, trophées à la clé.

Les gemmes, le nerf de la guerre.

Les gemmes, le nerf de la guerre.

Votre progression dans le jeu est matérialisée par une seconde ressource plus précieuse encore que l’or : les gemmes. Produites périodiquement par les mines débloquées dans la campagne solo, les gemmes doivent être régulièrement fusionnées afin de permettre à votre coffre – limité – d’en contenir toujours plus. Mais c’est au risque de vous les faire chaparder pendant le processus, relativement long. D’où l’intérêt de configurer au mieux les défenses de votre donjon afin de les protéger de la convoitise des autres joueurs. Attention, tout de même : pour que cela reste fair-play, il faut que votre donjon reste « faisable » ; vous ne pourrez donc le valider que si vous parvenez vous-même à le vaincre deux fois consécutivement. C’est sans doute la meilleure idée de ce titre, car aucune des configurations auxquelles vous vous frotterez n’est insurmontable – non vraiment, pas même celle sur laquelle vous buttez depuis vingt minutes, n’insistez pas ! Vous pouvez aussi améliorer les défenses de votre donjon afin de dissuader les autres de s’y frotter : nombre de fausses serrures sur la porte, pourcentage de défense de gemmes… Les voleurs les plus talentueux devraient se montrer impuissants devant le caractère aléatoire de certains aspects du jeu. Sauf que dans King of Thieves, la chance, ça s’achète.

Les crochets se régénèrent trop lentement à votre goût ? Vous voudriez profiter des meilleurs pièges, accélérer la fusion des gemmes, bénéficier de nouveaux emplacements ? Vous aimeriez pouvoir relancer la roue qui détermine la réussite de vos cambriolages ou l’attribution de matériaux rares à l’issue des fusions (nécessaires pour crafter les meilleures tenues de voleur) ? Allez, hop ! Direction la boutique, tentaculaire et fort chère, qui innerve les différents compartiments du jeu, et qui devient vite incontournable pour outrepasser les terribles défenses des joueurs de haut niveau et réduire la part d’aléatoire sournoisement distillée par les concepteurs. Bref, si King of Thieves se laisse jouer agréablement, la nécessité de recourir en permanence aux achats intégrés aura raison de vous.

Mise à jour du 23/05/2015 : King of Thieves vient de connaître sa première grosse mise à jour avec l’apparition de “combats de guildes”, qui vous invitent à participer à un effort commun en tentant de rassembler plus de gemmes que la guilde concurrente, récompense à la clé. Sympathique. En revanche, cet update a aussi ouvert une faille permettant aux tricheurs de tout poil de valider impunément des donjons “infaisables”. Dépassé par les événements, Zeptolab semble plus affairé à mettre en avant sa boutique payante qu’à essayer de corriger ce bug rédhibitoire. En l’état, le jeu n’en vaut même plus la chandelle.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Zeptolab UK Limited
  2. Editeur : Zeptolab
  3. Genre : Plates-formes
  4. Date de sortie : 11 février 2015
  5. Supports : iOS, Android
  • King of Thieves logoPeu innovant si l'on considère individuellement chacun de ses aspects, King of Thieves a toutefois le mérite de concilier astucieusement le principe accrocheur de Clash of Clans avec le gameplay ciselé de Super Meat Boy, dans le cadre de sessions de jeu courtes et amusantes. Hélas, l'impossibilité de progresser dignement dans les ligues sans recourir à la boutique envahissante lui ôte une grande partie de son capital sympathie.
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2 commentaires

  1. Openyourmind
    Openyourmind
    25 septembre 2015 à 17 h 53 min

    Jeu qui ne m’intéresse absolument pas à la base mais pour lequel je porte un intérêt au moins pour votre test, et je dois dire qu’après avoir trouvé sympathique le concept du jeu l’histoire du fameux bug de la mise à jour permettant de valider des donjons infaisables, si elle est encore d’actualité, m’a fait froid dans le dos! Merci pour votre professionnalisme.

  2. hardegans
    hardegans
    8 octobre 2015 à 22 h 05 min

    Personnellement , j y ai joué pendant un moment , j ai bien aimé , quant au bug des donjons infaisables , ca n existait pas encore

Réponse