Batman Arkham Knight : Batou d’honneur Test JV

Batman Arkham Knight : Batou d’honneur

Depuis 2009, les anglais de Rocksteady sont devenus les nouveaux maîtres de Gotham City, ceux en qui les bat-fans ont placé leur confiance pour suivre de nouvelles aventures du Chevalier Noir. Avec Batman Arkham Asylum et sa suite directe Arkham City, le studio s’est effectivement mis en tête de prouver qu’il est toujours possible de proposer des adaptations (de films, de livres ou en l’occurrence de comics) à la fois fidèles au matériau de base, mais suffisamment différentes pour sans cesse étonner et passionner les joueurs. Après avoir passé le témoin à Warner Bros. Montréal le temps d’un épisode prologue, Rocksteady reprend la barre pour clore sa série avec Batman Arkham Knight.

Depuis la fin d’Arkham City, le calme est revenu dans les rues de Gotham. Tout le monde vit son petit train-train quotidien sans se douter qu’un complot se prépare dans l’ombre. Menés par l’Epouvantail, les grands vilains projettent de mettre la ville à feu et à sang, et d’en finir une bonne fois pour toutes avec Batman. Le coup d’envoi de ce festival du crime est donné au soir du 31 octobre, laissant finalement peu d’options aux réfractaires d’Halloween ; qu’ils le veuillent ou non, ils passeront eux aussi une nuit d’angoisse. Alors que l’Epouvantail menace de lâcher son gaz terrifiant dans les rues de Gotham, la ville est aussitôt évacuée, laissant le champ libre aux criminels de tous bords face à des forces de l’ordre totalement dépassées. Le décor est planté, Batman peut entrer en scène.

Le guide du routard : Gotham City

Le survol de la ville reste l'un des grands plaisirs du jeu.

Le survol de la ville reste l’un des grands plaisirs de la série Arkham.

Ville ouverte, des tas de missions à effectuer à droite à gauche, la formule de Batman Arkham Knight reprend le format bien rôdé des deux précédents volets (City et Origins) sur une surface de jeu encore revue à la hausse. C’est indéniable, le Gotham de Batman Arkham Knight est plus vaste que le Gotham de Batman Arkham Origins et le passage à la nouvelle génération de consoles permet de visiter une ville regorgeant de milles détails à même de donner du caractère à chacun de ses différents quartiers : Chinatown, le vieux Gotham, le zone industrielle, et d’autres. Les effets de lumière, les posters placardés ça et là, les pas de portes décorés pour Halloween, les devantures de magasins… Rien n’est laissé au hasard et absolument tout participe à donner de la vie à cette ville tout juste désertée. Cependant, l’augmentation de la carte ne signifie pas forcément une ville plus riche, ni plus dense. En réalité, en dépit de sa taille et de la minutie avec laquelle elle a été pensée, la ville de Gotham façon Arkham Knight semble avoir perdu une partie de son charme gothique. Précisément, on perd les enchevêtrements de ruelles claustrophobiques au profit de grands axes plus aérés diminuant clairement le sentiment d’oppression que dégageaient les versions antérieures. Mais alors pourquoi ce changement ? Tout simplement pour s’adapter à la grande nouveauté de cet épisode : la Batmobile.

Batmobile Arkham Knight

La Batmobile vole souvent la vedette à Batman lui-même.

La Batmobile vole souvent la vedette à Batman lui-même.

Réclamée depuis le tout premier volet de la série, la voiture de Batman fait cette fois-ci partie intégrante de l’aventure. En fait, le jeu semble même avoir été construit autour du véhicule, plaçant l’engin au centre d’une bonne partie des missions. C’est d’autant plus vrai dans les premières heures de jeu qui donnent presque littéralement le premier rôle à la Batcaisse, comme s’il s’agissait de rattraper son absence dans les trois premiers jeux. La Batmobile ne se limite heureusement pas à patrouiller les rues de Gotham d’un bout à l’autre, loin de là ! Grâce à sa capacité à se transformer en tank, l’engin participe à de vraies séquences d’action au milieu de drones ennemis qui le prennent pour cible. Ces moments de bravoure, peut-être un poil trop nombreux et parfois aussi un peu longs, mettent systématiquement à l’épreuve les réflexes et le sang froid de Batman qui se retrouve littéralement encerclé et canardé de toutes parts. Par chance, la Batmobile jouit d’une maniabilité exemplaire ; souple vive et nerveuse, la voiture peut esquiver les tirs croisés qui lui arrivent dessus, aligner ses propres rafales, déployer des ondes électromagnétiques pour immobiliser ses assaillants ou même infecter un drone pour que ce dernier se retourne contre ses semblables. A l’instar de Batman, la Batmobile peut compter sur son propre arbre technologique et débloquer des améliorations à choisir parmi une vaste liste de joyeusetés.

Certains défis de l'Homme Mystère requièrent quelques dons de pilotage.

Certains défis de l’Homme Mystère requièrent quelques dons de pilotage.

Lorsqu’elle ne sert pas de moyen de transport, et qu’elle n’est pas utilisée en char d’assaut, la voiture est assimilée à un gadget supplémentaire dans l’attirail du justicier masqué. Par exemple, son treuil peut s’agripper à certains points d’attache pour tirer et détruire des pans de murs entiers, manipuler des structures pour les placer autrement ou même descendre en rappel le long d’un mur. La Batmobile est également un contrepoids tout trouvé pour maintenir un balancier en place, ou encore une solution de soutien idéal lorsqu’il s’agit de prendre à revers des canons braqués plein phares sur la chauve-souris. A de nombreuses reprises, le héros se retrouve ainsi piégé face à d’insurmontables barrages ennemis. Son unique salut consiste alors à appeler son destrier à la rescousse qui, par chance, peut être piloté à distance. Aussi inattendu que cela puisse paraître, la Batmobile devient quasiment un deuxième personnage jouable, un fidèle compagnon mécanique, toujours là quand il le faut. Et au final, en dépit de sa légère surexploitation sur l’ensemble du jeu, le véhicule réussi plutôt bien son entrée dans la série en réservant pas mal de jolies séquences d’action et de réflexion dans les rues de Gotham. Au passage, félicitons Rocksteady de ne pas avoir cédé à la facilité en implémentant des courses à tire-larigot histoire de justifier la présence de la voiture. Il y en a bien quelques unes, mais finalement très peu et généralement non-obligatoires pour terminer le jeu.

La bande à Batman

La bagarre en binome donne toujours lieue à quelques enchaînements spéctaculaires. C'est également un moyen de régler les combats un peu plus vite.

La bagarre en binome donne toujours lieue à quelques enchaînements spéctaculaires. C’est également un moyen de régler les combats un peu plus vite.

Si la Batmobile pose pour un vrai sidekick, Batman Arkham Knight n’oublie pas les vrais compagnons du héros. Le jeu permet ainsi de retrouver Robin, Nightwing et Catwoman, tous jouables le temps de missions bien spécifiques. Robin est par exemple l’allié de choix pour capturer Harley Quinn, tandis que Nightwing traque un par un les agissements de Pingouin à travers Gotham. De son côté, Catwoman est la victime de l’Homme Mystère et aide Batman à résoudre quelques unes des énigmes que le Sphinx a préparées. La constante durant ces trois situations ? La possibilité d’alterner à tout moment entre Batman et son équipier, même en plein combat. On peut ainsi débuter un combo et passer la main à l’autre héros pour continuer l’enchaînement et réaliser des finish moves en binôme. La manipulation est toute simple et apporte une bonne dose de dynamisme durant les combats, comme si tout était parfaitement chorégraphié à l’avance. C’est vrai, l’ajout de personnages secondaires n’est pas nouveau dans la série – on pouvait par exemple incarner Catwoman dans Arkham City – mais leur utilisation dans Arkham Knight est opérée de façon un peu plus intelligente. Même si leurs interventions sont très sporadiques, la nécessité d’alterner entre deux héros met en avant le fait que Batman ne peut plus seulement compter sur ses gadgets, au contraire, il doit apprendre à compter sur ses alliés, et surtout apprendre à leur faire confiance.

La cité de la peur

Le commissaire Gordon se montre plus présent au cours de l'aventure.

Le commissaire Gordon se montre plus présent au cours de l’aventure.

L’entraide, ou plutôt la confiance représente d’ailleurs un thème sous-jacent à l’ensemble de l’aventure que l’on peut voir comme un fil conducteur discret, mais bel et bien présent. Difficile de donner plus de détails à ce sujet sans l’illustrer précisément, mais pour ne rien gâcher, mieux vaut en rester là. L’autre grand thème développé à travers l’intrigue concerne évidemment la peur. Le sujet est hautement intéressant puisqu’il s’agit de “l’arme” de prédilection utilisée par l’Epouvantail, mais également par Batman lui-même. Les deux formes de peur s’opposent et laissent place à de grandes idées de mises en scènes. A ce titre, Rocksteady ne cesse de gagner du galon dans l’art délicat de la narration et parvient une nouvelle fois à nous surprendre par des scènes réellement bien pensées, faisant avancer l’intrigue sans jamais oublier d’impliquer le joueur. En d’autres termes, là où nombre de studios auraient choisi de balancer une cinématique à chaque moment clé de l’aventure, Rocksteady tente autant que possible de laisser les commandes au joueur, quitte à bouleverser totalement le gameplay pendant quelques minutes. Là encore, mieux vaut rester aussi vague que possible pour ne pas briser les effets de surprises. Reste qu’avec Arkham Knight, Rocksteady livre une petite leçon de narration pensée pour impliquer le joueur d’un bout à l’autre de son épopée. Pour le coup, le slogan “Be the Batman” utilisé lors de la campagne publicitaire, résonne parfaitement avec le titre car on se sent réellement porter le costume de Batman, prêt à tout pour sauver Gotham et nettoyer la ville de tous ses criminels. On est Batman lorsqu’Alfred nous informe qu’une prise d’otages est en cours à quelques rues de là. On est Batman lorsque l’on suit la piste d’un tueur en série. On est Batman lorsque l’on voit les cellules de la prison se remplir peu à peu, et que les voyous nous interpellent et nous narguent derrière leurs barreaux. Le couloir pénitencier du commissariat est à ce titre l’une des meilleures idées du jeu pour traduire la progression du joueur. S’il y a bien un compteur dans les menus pour indiquer ce qu’il reste encore à faire, et qu’il y a aussi un tableau affichant le taux de remplissage des cellules, c’est en traversant ce couloir que l’on se rend réellement compte du travail effectué et du nombre de crapules appréhendés. C’est clairement à travers ce genre de détails, et tant d’autres, que Rocksteady parvient à nous immerger totalement dans l’univers poisseux de Gotham.

Les défis RA

Batman Arkham Knight n’oublie certainement pas d’inclure une belle brochette de défis de Réalité Augmentée pour tester les compétences du joueur dans diverses situations. Parmi les défis, on retrouve les habituels modes prédateur et combat auxquels viennent évidemment s’ajouter des courses poursuites ou des éliminations de drones au volant de la Batmobile. Chaque défi permet de gagner des points afin de débloquer plus rapidement de nouvelles améliorations pour le héros ou son véhicule. Gardez à l’esprit qu’il ne s’agit là que d’un moyen supplémentaire pour avancer dans l’arbre technologique puisque la montée en niveau s’effectue également à travers les missions régulières du mode histoire ou à travers les quêtes secondaires. Pour tout débloquer à 100%, il faudra par contre batailler dur et obtenir la note maximale de trois étoiles sur chaque défi. Encore de quoi rallonger la durée de vie déjà énorme du titre.

Un casting prestigieux

Créé pour le jeu, Arkham Knight est un puissant ennemi qui en sait décidément beaucoup sur Batman.

Créé pour le jeu, Arkham Knight est un puissant ennemi qui en sait décidément beaucoup sur Batman.

Comme toujours, l’un des petits plaisirs du jeu consiste à découvrir qui interviendra dans l’aventure, et surtout de quelle façon. Bien sûr, on retrouve de nombreuses figures connues dans ce volet dont Pingouin, Double-Face, Harley Quinn, Poison Ivy, ou encore l’Homme-Mystère et ses fameux trophées plus ou moins bien cachés dans la ville. Mais on y croise aussi d’autres personnages plus confidentiels tels que Stagg, Azrael, Man-Bat et d’autres. Et puis, il y a quelques nouveaux venus créés spécialement pour le jeu dont celui qui donne son titre à cet épisode. Car non, Arkham Knight ne désigne pas Batman, mais un tout nouveau personnage masqué qui semble visiblement bien connaître le justicier et qui fera tout pour l’éliminer. L’Arkham Knight prétend connaître les méthodes de Batman, il dit savoir comment la chauve-souris pense et opère, et se dresse donc comme l’antagoniste principal, reléguant du coup l’Epouvantail au second plan pendant une bonne partie du jeu. Tout ce beau monde, ou presque, profite d’un doublage de grande qualité dans sa version originale (seule version testée). On retrouve le casting d’origine de la série avec notamment Kevin Conroy pour interpréter un Batman plus taciturne que jamais. Seule la voix de Harley Quinn tranche un peu. Le timbre haut perché de l’actrice Tara Strong peine à rendre le personnage crédible, celle-ci joue plus dans le registre cartoon que dans l’univers sombre et menaçant dans lequel baigne le reste du jeu.

Une structure plus éclatée

Le système de combat FreeFlow reste un délice et permet encore plus d'interactions avec le décor.

Le système de combat FreeFlow reste un délice et permet encore plus d’interactions avec le décor.

En dépit de toutes les bonnes choses à dire sur Batman Arkham Knight, il est un point qui ne plaira probablement pas à tout le monde. Jusqu’à présent, la série était parvenue à marier convenablement l’exploration d’environnements plus ou moins ouverts (l’asile d’Arkham, la ville de Gotham, etc.), à des zones plus restreintes faisant pour ainsi dire office de niveaux (le repaire de Killer Croc, le musée de Pingouin, etc.). Malheureusement, cette structure explose dans Batman Arkham Knight. S’il y a bien quelques rares semblants de niveaux, la grande majorité du jeu se déroule désormais dans les rues de la ville elle-même ou dans des zones confinées à une ou deux pièces seulement. Par exemple, tandis que Double-Face braque plusieurs banques toutes aussi petites les unes que les autres, Pingouin s’occupe de blanchir de l’argent dans de minuscules entrepôts aux quatre coins de la ville. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de traverser Gotham pour se rendre au lieu indiqué, mettre les hommes de mains à terre et finalement remplir l’objectif. Il n’y a donc plus ce plaisir d’avoir à se frayer un chemin dans un petit dédale de couloirs jusqu’à pouvoir enfin affronter le maître des lieux. D’ailleurs, les combats de boss ont eux-aussi pratiquement disparu. Dans Batman Arkham Knight, la plupart des rencontres se règlent très rapidement et, à une ou deux exceptions près, de façon bête et méchante en frappant dans le tas sans se poser de question. On perd donc là aussi une composante essentielle des précédents jeux qui consistait à observer les ennemis, et à comprendre comment ils se battaient, avant d’agir.

Certes, ces dernières remarques sont importantes, mais pas au point non plus de ternir l’ensemble du travail fourni par Rocksteady. Au final, il convient donc de retenir la réalisation graphique et sonore absolument irréprochables (du moins sur consoles) et surtout la narration ultra-maîtrisée qui nous guide pas à pas vers l’inévitable conclusion de la série. On attend désormais le studio sur d’autres projets non liés à Batman pour confirmer le talent déployé à travers les jeux Arkham.

Batman Arkham Knight a été testé sur PS4. SI la version Xbox One est identique, l’édition PC connaît elle de gros problèmes techniques. Warner Bros a d’ailleurs choisi de retirer cette version de Steam pendant un moment, le temps de corriger ce qui ne va pas.

L'avis d'extralife
  1. Développeur : Rocksteady
  2. Editeur : Warner Bros. Interactive Entertainment
  3. Genre : Action / Aventure
  4. Date de sortie : 23 juin 2015
  5. Supports : PS4, Xbox One, PC
  • Batman Arkham Knight JaquetteTout en se montrant très respectueux de la licence, Rocksteady est parvenu au fil des ans à s'approprier les clés de Gotham, jusqu'à pouvoir, avec cet épisode, créer de nouveaux personnages s'insérant parfaitement dans l'univers. On pense notamment à l'Arkham Knight qui joue un important rôle dans l'histoire, au point de donner son nom à ce volet. Tout n'est cependant pas parfait dans le jeu. Par exemple, si la ville est bien plus grande, on y trouve bizarrement moins de niveaux à explorer. La progression suit du coup une structure plus éclatée et décousue que ses prédécesseurs. Il n'en reste pas moins que le titre réserve aussi d'excellentes surprises aux joueurs et offre un bien beau final à la saga qui conserve sans mal son statut de meilleure adaptation de comics.
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Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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4 commentaires

  1. Shoyu
    Shoyu
    8 septembre 2015 à 13 h 53 min

    Excellent test, peut être un peu long mais il ne manque rien!

    1. Jihem
      Jihem
      8 septembre 2015 à 17 h 13 min

      Merci :)

  2. daworm23
    daworm23
    19 septembre 2015 à 3 h 44 min

    Je suis d’accord, très bon test. Différent de ce que j’ai pu lire jusqu’à présent et c’est complètement mon ressenti quand j’ai joué au jeu !

  3. Openyourmind
    Openyourmind
    21 septembre 2015 à 16 h 10 min

    De manière générale c’est vraiment un test agréable à parcourir et je retrouve un plaisir que j’avais perdu depuis un bon moment, celui de lire des tests pour le simple plaisir de lire des tests et non pas forcément dans l’optique d’acheter. Au passage la longueur ne me rebute absolument pas, par contre il y a eu un vrai parti-pris sur la question des niveaux à explorer et des boss à combattre qui disparaissent dans le jeu mais qui passent dans le test comme une contrainte mineure. Pour ma part, je trouve cela vraiment dommage, et cela aurait un impact énorme sur mon expérience de jeu vu les autres opus de la série, mais ce n’est qu’un avis subjectif et je ne reproche rien.

    C’est du bon travail, il faut continuer comme cela!

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