Les Cités Perdues : Expéditions en terrain connu

Auteur prolifique depuis une bonne vingtaine d’années, Reiner Knizia s’est illustré dans de nombreux genres, notamment le placement avec le célèbre Tigre & Euphrate, mais aussi les jeux à deux. Intéressons-nous aujourd’hui à un grand classique sorti en 1998, Les Cités Perdues. Vous aimez les titres où la chance et la prise de risque priment sur le reste ? Vous avez frappé à la bonne porte…

Tracez des routes d’expédition en posant des cartes.

Les Cités Perdues vous propose d’incarner un explorateur en quête de richesses et de mener jusqu’à cinq expéditions simultanément. Des sommets de l’Himalaya jusqu’aux profondeurs océaniques, en passant par les forêts tropicales, les déserts et les volcans, vous accomplirez un véritable tour du monde pour récolter un maximum de points de gloire. Ces derniers s’obtiennent en créant des routes ou plus exactement des colonnes de cartes de couleur identique (jaune, bleue, blanche, verte et rouge) sous chaque expédition du plateau. Numérotées de 2 à 10, ces cartes doivent être posées dans l’ordre croissant et ne sont disponibles qu’en un seul et unique exemplaire.

Le déroulement d’un tour et les mécaniques de jeu des Cités Perdues sont on ne peut plus basiques et classiques. Sur les huit cartes de votre main, vous devez en jouer une pour former ou étoffer vos colonnes ou bien en défausser une en la posant sur le plateau, toujours en respectant la couleur de l’expédition. Puis, vous piochez une carte de la pile face cachée ou en ramassez une précédemment défaussée par un joueur. Lorsque la pile est épuisée, le jeu s’arrête immédiatement et on procède au décompte des points en additionnant la valeur des cartes de chaque expédition. Le joueur avec le plus gros score remporte la partie.

Les illustrations des cartes et du plateau sont plutôt réussies.

Sachez néanmoins que lancer une expédition, c’est-à-dire poser la première carte d’une colonne, engendre irrémédiablement des coûts d’entretien. Ainsi, 20 points sont retirés au total de chaque colonne. À l’inverse, il est possible de recevoir 20 points de bonus si l’on parvient à poser au moins huit cartes dans une expédition, ou bien encore de bénéficier de multiplicateurs (x2, x3 et x4) en jouant des cartes paris en tout début d’expédition (avant les cartes numérotées). Tous ces éléments sont à prendre en compte afin d’obtenir le score le plus élevé.

Évitez donc de vous lancer dans une expédition sans être certain d’atteindre la barre fatidique des 20 points, sous peine d’obtenir des points négatifs, qui seront multipliés par 2, 3 ou 4 en cas de paris ! La mécanique de jeu s’appuyant uniquement sur la pioche (et donc sur la chance), il faudra régulièrement faire le choix de défausser une carte de valeur plus ou moins forte (en sachant qu’elle pourra être piochée par votre adversaire) ou de prendre le risque de commencer une colonne avec une carte élevée et de ne pas pouvoir marquer suffisamment de points. Petite anecdote : les plus nerveux d’entre vous auront bien du mal à garder leur calme en piochant par exemple un 6 juste après avoir posé le 7 de la même couleur ou en voyant l’adversaire jouer le 10 que vous attendiez depuis plusieurs tours… Le coup classique !

N’oubliez pas qu’il n’existe qu’un seul exemplaire de chaque carte !

Certes, les règles sont faciles à prendre en main mais le jeu se révèle au final très limité en termes de stratégie et beaucoup trop dépendant du hasard (enchaînez plusieurs parties afin de limiter ce facteur). Un peu plus d’interaction entre les protagonistes aurait été la bienvenue : par exemple, on aurait souhaité avoir la possibilité de bloquer temporairement une expédition pour ralentir son opposant lorsque les cartes ne viennent pas. Au lieu de cela, chacun se concentre sur sa partie de jeu sans réellement se préoccuper des actions de son adversaire (exception faite des cartes que l’on défausse sur le plateau). Dommage, car avec des mécaniques un poil plus poussées, Les Cités Perdues élargirait considérablement son panel de joueurs et séduirait un peu plus les adeptes de jeu de réflexion et les amateurs de coups bas.