Et si certains jeux allaient trop loin ?Opinion

Et si certains jeux allaient trop loin ?

Je joue depuis que j’ai six ans. J’en ai trente-six aujourd’hui. En près de trente ans de jeu, dont plus de quatorze passées au sein de la rédaction d’un grand site web, je pensais avoir à peu près tout vu en matière de violence, de mauvais goût ou tout simplement de niaiserie. Simulateurs de hooligans, gestion de prisons, snuff movies interactifs… avec le temps, j’ai fini par ne même plus prêter attention à ces productions qui tentent ponctuellement de se démarquer en jouant la carte de la provocation. En réalité, ces provocations restent toujours aussi puériles que l’attitude d’un enfant qui lâcherait son premier gros mot à la face de ses parents, juste pour tester les limites de l’acceptable. Il y a deux ans, la sortie de GTA 5 m’a toutefois un peu bousculé. Je suis convaincu que le jeu vidéo, au même titre que la littérature, le cinéma, ou la musique, ne rend pas violent. Cependant, je suis tout aussi convaincu que cette réalité ne doit surtout pas dédouaner les développeurs de leurs responsabilités. Ce serait dangereux de se cacher derrière cette bannière pour justifier tout et n’importe quoi simplement parce qu’il ne s’agit que d’un jeu vidéo, et qu’un jeu vidéo ne fait de mal à personne.

gta5_los_santos

Grand Theft Auto 5 (Rockstar, 2013)

Dans le cas de GTA 5, c’est le personnage de Trevor qui m’a dérangé. Incarner un héros dénué de toute morale, simplement guidé par ses instincts les plus primaires, soulève un énorme problème d’implication et d’identification. C’est peut-être très personnel, mais il me faut quelque chose sur lequel m’appuyer et qui saura me porter durant le jeu. Un trait de caractère, une motivation scénaristique… Je ne demande pas beaucoup. Juste une justification quelconque capable d’expliquer pourquoi le personnage que l’on me propose d’incarner agit comme il agit – quelque chose qui me fasse comprendre pourquoi moi, le joueur, doit réaliser telle ou telle action. Même si cette motivation va à l’encontre de mes convictions personnelles, il me faut quelque chose. Avec Trevor, j’ai beau avoir été patient au point de terminer l’aventure, je n’ai rien eu de tout cela. Le type est fou. Point barre. Pour en avoir discuté avec d’autres joueurs, je sais que je ne suis pas le seul à avoir été gêné par le personnage mais je sais aussi que ce même Trevor est la raison pour laquelle d’autres adorent le jeu. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas aimé GTA 5 mais Trevor n’est pas le seul responsable. La critique sociale du m’as-tu-vu californien déjà très parodique de base, ne m’a pas convaincu non plus. À vouloir justement dénoncer cette culture de la superficialité, Rockstar semble lui-même être tombé dans le piège d’une caricature facile et dénuée de toute subtilité. Le studio s’est noyé dans son propos, en développant un titre jouant la carte de la surenchère, dans l’unique but… de jouer la carte de la surenchère parce qu’il en a les moyens, pas parce qu’il tente de défendre un propos ou une vision des choses. GTA 5 reste donc pour moi un jeu passé à côté de son sujet, et à mille lieues de la justesse dont faisait preuve l’épisode précédent. En réalité, ce cinquième volet n’a pas seulement été une déception, mais une sorte de révélation. Alors que le titre continue aujourd’hui d’être acclamé, et qu’il reçoit les louanges de la presse et des joueurs, le jeu me fait me sentir en décalage avec ce que les jeux vidéo sont vraisemblablement censés proposer de mieux. En fait, GTA 5 est réellement le premier jeu à me faire me demander si je n’étais pas soudainement devenu un vieux con.

Moonstone de Mindscape (1991)

Moonstone (Mindscape, 1991)

Je joue pourtant depuis ma plus tendre enfance. J’ai connu BurgerTime sur Intellivision, gagné des médailles d’or aux Jeux Olympiques sur Apple II, et bien sûr suivi la glorieuse ascension du charpentier devenu plombier en jetant un œil discret mais peu intéressé à son concurrent le hérisson en baskets. J’ai trainé mes clics sur Amiga dans l’ombre de la bête et baigné dans le sang de Moonstone, avant de me prendre la tête sur la meilleure configuration PC, celle qui permettrait de faire tourner sans problèmes Doom 2 – jeu que je n’aurai finalement pratiqué qu’une seule après-midi, faute de motivation. J’ai traversé Sanitarium, parcouru les premiers Resident Evil, survécu aux horreurs de la plupart des Silent Hill et même flâné dans les rues de Liberty City sans but précis que celui de semer la zizanie derrière moi. La violence ou le malsain ne m’ont jamais offusqué et pourtant je ne me suis jamais tant senti en décalage par rapport au média que j’aime tant qu’avec le cas GTA 5. Donc oui, suis-je réellement devenu un vieux con prompt à condamner un jeu pour son propos ?

Cette question, je me la suis récemment posée de nouveau en découvrant, avec stupeur, la bande-annonce d’un autre titre nous faisant incarner un psychopathe prêt à descendre dans la rue pour tuer le plus d’innocents possible. Et là, on touche un point sensible. Non, le jeu vidéo ne rend pas violent, mais encore une fois, cela peut-il justifier toutes les dérives ? Alors qu’il ne se passe pas une semaine sans que les journaux américains ne rapportent un nouveau shooting, alors même que le mot shooting est devenu un nom commun directement associé à la folie meurtrière d’un fou dans la rue, dans une école ou dans un cinéma, un studio ne trouve-t-il rien de mieux à faire que de développer un titre pour nous faire contrôler l’auteur du massacre ? Vraiment ? Un tour sur le site officiel dudit studio précise avec un smiley qu’il ne s’agit que d’un jeu, et qu’il ne faut bien entendu pas reproduire cela à la maison… Oui, c’est pathétique, et même flippant si vous voulez tout savoir.

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Alors que faire ? Dénoncer la pratique et donc passer pour un censeur en colère dès qu’un jeu vidéo sort des clous ? Ou ne rien dire et laisser couler en tentant de se convaincre qu’après tout, le jeu concerné sera certainement très mauvais et que les joueurs l’oublieront bien vite ? Jusqu’à présent, mon radar interne prenait généralement le contrôle pour me mettre en mode veille et me permettre de passer outre le politiquement incorrect. Et puis, il y avait toujours une part de justification, même cachée dans les jeux qui ont défrayé la chronique. Prenez Manhunt, par exemple. Oui, c’est un jeu violent. Mais nous sommes ici entre crapules. Le héros est une ordure qui tue d’autres ordures. Ce n’est pas bien malin, mais j’arrive à comprendre la “logique”. Même chose dans Hotline Miami ou même dans Hitman. L’agent 47 est un tueur à gages qui ne s’en prend finalement qu’à des cibles baignant déjà dans le crime. Dans un sens, cela devient acceptable. Surtout qu’à aucun moment, il n’est demandé à l’assassin de briser la nuque d’un parfait innocent. Et à sa défense, c’est la même chose dans un GTA. S’il est possible d’écraser les piétons, ce n’est pas le but du jeu. Il ne s’agit pas d’une fin en soi, “juste” d’un à côté – crétin, mais non obligatoire. Et c’est exactement ce qui coince avec le simulateur de shooting où l’entièreté de l’expérience repose justement sur le massacre d’innocents. Comment peut-on sincèrement penser que le meurtre de masse puisse se prêter à un jeu vidéo ? Et par extension, peut-on réellement adapter n’importe quel sujet en jeu vidéo ? Car c’est plutôt cela la vraie question. Les développeurs jouissent-ils d’une liberté totale ou sont-ils au contraire soumis à une limite à ne surtout pas franchir ? Dans ma jeunesse, j’aurai certainement penché pour la première option, justifiant mes propos par la sacro-sainte liberté d’expression. Mais le vieux con que je suis devenu semble moins catégorique.

do_not_crossCar si tout est réellement permis, pourquoi n’a-t-on jamais eu droit à un simulateur de camp de concentration ? Et faut-il un jour s’attendre à un jeu où il s’agira d’abord de capturer puis de décapiter le plus de journalistes possible ? J’espère sincèrement ne pas me tromper en déclarant que jamais aucun de ces titres ne verra le jour. Mais je me pose la question. Qu’est-ce qui distingue ces deux concepts de celui du “simple shooting” ? Si ces deux exemples sont proscrits, c’est qu’il existe bien une limite à ne pas franchir. Où se situe donc cette limite ? Avant ou après le simulateur de meurtres en masse ? Combien d’autres provocations faudra-t-il subir avant qu’une loi ne vienne clairement définir la limite ? Et surtout, souhaite-t-on réellement en arriver là ?

Jihem

La découverte de BurgerTime aux débuts des années 80 aura clairement affecté la vie de ce grand bonhomme. Non seulement, Jihem a développé une passion pour les jeux vidéo, mais il a également choisi de s'installer au pays du hamburger. Sa mère est plutôt heureuse qu'il n'ait pas découvert les jeux avec Boogerman.

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101 commentaires

  1. Xitam
    Xitam
    22 septembre 2015 à 16 h 48 min

    Oui, tu es devenu un vieux con, tu oublies les nombreux scandales tel que Wolfenstein 3D.
    Les JDR papier où on peut incarner un parangon de vertu ou à l’opposé une ordure commettant les pires abominations juste parce que c’est cool, ca fait longtemps que ca existe. Les ados n’ont pas attendu GTA pour ça.
    Ce qui me dérange plutôt, ce sont les titres manichéens sans réflexion et abaissant l’intellect au possible. Mais ca n’est pas commun qu’au seul monde vidéo-ludique.

    Et sinon, autant un simulateur de camp serait stupide et particulièrement retord, autant un jeu où on doit shooter du journaliste de média mainstream nous refourguant la propagande officielle serait assez agréable, le genre de jeu qui soulage. Et ca doit surement déjà exister.

  2. Kazuhira
    Kazuhira
    22 septembre 2015 à 17 h 32 min

    Trop loin je ne sais pas…

    En revanche il y a carément du mauvais gout dans certaines scènes de jeu. GTA n’est vraiment pas le premier exemple qui me vient à la tête, le joueur reste assez responsable de ses actes dans le jeu et sais généralement faire la part des chose.

    Par contre l’inexplicable c’est obliger au joueur d’agir salement et surtout sans raison. L’exemple qui me vient en tête ces clairement COD MW2. J’oublierai jamais le choc que ça été de rentrer dans l’aéroport et de massacrer gratuitement des centaines de civiles… juste comme ça.

    Aussi il serait intéressant de mettre correctement et sérieusement en place le système PEGI. Les ages devraient être plus contrôlé je pense.

    Une personne seine d’esprit fait très nettement la part entre la réalité et le jeu-video. Les autres n’ont tout de manière pas besoin de ce support pour commettre des atrocités dans la vie réèlle…

  3. Birdman
    Birdman
    22 septembre 2015 à 19 h 19 min

    Encore un article intéressant , merci …
    J’ai tendance à penser qu’on peut à peu près tout faire dans le JV . Que les personnes équilibrées feront toujours la part des choses et que les gens non équilibrées trouveront toujours un prétexte pour passer à l’acte (après tout on a déjà vu quelqu’un essayer de tuer le président des USA parce que “Jodie Foster lui a dit de le faire” .
    Je pense aussi que dans une société violente par nature (concrètement ou non) , le pouvoir cathartique du JV n’est pas à négliger , non plus …

    Après , je crois que chacun a ses repères moraux , qui évoluent au fil du temps , mon cher Jihem .
    Je ne me prononcerai pas sur le Trevor de GTA5 , n’ayant pas jouer au jeu . Mais j’aime d’autres GTA et ils ne me dérangent , parce que contrairement au cliché , le but du jeu n’est pas de “tuer des prostituées” :)
    Mais c’est vrai que c’est une possibilité , le joueur a le choix de commettre des crimes gratuits ou non .
    Par contre , je crois que tu évoques Hatred et ce jeu là me dérange , moralement . Je n’aime pas l’idée d’un jeu dont le principe , et le but et de massacrer un maximum d’innocents .
    Je n’aime qu’un studio exploite cet argument de vente pour faire du chiffre , surtout à une époque ou les massacres à la kalach se multiplie “IRL” .

    Je sais que je ne jouerai jamais à ce jeu qui me débecte , pour autant je ne crois pas une seconde qu’il créera des vocations de tueurs de masse .

  4. marmot84
    marmot84
    22 septembre 2015 à 22 h 18 min

    Article très intéressant de la part de Jihem !!
    Pour GTA V personnellement j’ai aussi préféré le IV car le fait de pouvoir switcher entre 3 perso c’est une bonne idée sur le papier mais au final on rentre moins dans les l’histoire car on arrive pas à se lier à un perso comme cela était le cas avec Niko Bellic. Pour le coté “ils sont allés trop loin avec Trevor” je dirais peut être pas; ok il est très violent et complètement dérangé mais il a son coté marrant lors de sa romance avec la vielle qu’il kidnappe etc… Pour la violence les deux autres perso sont quand même pas des anges !! Au final le perso qui m’a le plus déranger c’est Michael car sous ses air de père de famille il n’a rien à faire de Franklin, c’est un profiteur et en plus il a trahit la confiance et l’amitié de Trevor sans aucun remords.

    Pour Hatred le trentenaire que je suis me suis fait la même réflexion à son annonce “c’est écoeurant, ils sont allé trop loin…”. Puis j’ai oublié ce jeux malgré les différentes annonces: retrait de Steam puis retour bla bla bla. A sa sortie j’ai regardé un GL par curiosité pour me dire c’est plutôt sympa comme gameplay. Mais final avec du recul ça reste un jeux de shoot en 3D iso comme il en existe plein et je me suis rendu compte que ma première réaction était celle attendu par le service marketing du développeur, c’est à dire faire du buzz pour attirer l’attention sur ce jeux au milieu de la masse, avec un relais par Steam pour sa fausse interdiction temporaire. Alors ok on tue des innocents mais des jeux comme Payday nous sommes des braqueurs et tuons des agents de police à tour de bras est ce bien plus moral ? Ok ils sont armés et peuvent se défendre mais d’un point de vu de la société ils sont des représentant de l’ordre et nous éliminons des agents supposer protéger des personnes sans défenses… Ce jeux est dans la même veine de ces jeux polémiques comme Carmageddon qui avait fait grand bruit quand j’était au collège. La différence viens peut être plutôt de graphismes plus réels, photo réaliste…

    En conclusion je vais reprendre une phrase de Jihem “Je suis convaincu que le jeu vidéo, au même titre que la littérature, le cinéma, ou la musique, ne rend pas violent.”
    Je suis entièrement d’accord avec toi et j’irais même plus loin en disant que dans un film nous subissons la violence en tant que spectateur, dans les jeux vidéo nous y prenons part manette en mains mais au final n’est ce pas la littérature la plus violente ? Car c’est en vente libre (sans PEGI) et de simples mots d’un auteur nous laissent imaginer la propre scène et nous ne sommes plus simplement spectateur ou acteur mais créateur de la scène dans notre propre imaginaire…
    à méditer ;)

  5. ghaladriel
    ghaladriel
    23 septembre 2015 à 1 h 08 min

    Je ne pense pas non plus que le jeu vidéo rende violent en lui-même mais comme beaucoup de médias, il a tendance à la banaliser et à la justifier à tout va ou même à l’accepter sans justifications. Je trouve que cela a tendance à insensibiliser les gens à la violence ou à la cruauté. On est de plus en plus noyé dans une violence banalisée, et insidieusement, cela donne des gens qui seront beaucoup plus “tolérants” envers les actes de violence n’y voyant même plus de la violence en fait. C’est là où le piège guette.
    Alors souvent l’excuse dans les jeux vidéo ou même films et autre, c’est de dire que ce n’est pas réel. le fameux “on est pas c*ns, on fait la différence” Ok mais par ces biais-là, par tout ce que les médias drainent comme images, comme scènes de violence, devenir capable par exemple de regarder aux infos des cadavres déchiquetés lors d’un attentat sans sourciller parce qu’on a tout vu dans des mises en scène virtuelles ou même réelles ailleurs, là moi cela me pose question. Quelle est votre tolérance à la violence? C’est ça la vraie question. Des bouts de chair qui trainent, des mares de sang sur des trottoirs aux infos, cela ne vous choque plus et en plus cela ne vous dérange pas que cela ne vous choque plus? C’est la vie? Non c’est la mort.. enfin surtout des morts qu n’auraient peut-être pas dû être si la violence n’était pas un recours facile pour imposer des idées aux autres. ^^ Au moins peut-on faire en sorte que ces morts servent à ce que cela ne se reproduise plus?
    Alors, est-il normal de rendre “fun” la violence et d’en faire un spectacle réjouissant par certains aspects? Je n’en suis pas du tout sûre. La violence devrait toujours d’une certaine manière déranger qu’elle semble justifiée ou non. Un exemple perso (oui je prends comme exemple mais je suis un cas justement dans mon rapport à la violence xD ), j’ai joué à la trilogie Mass Effect que j’ai adoré et refait plusieurs fois. On mène une guerre, on tue des gens et des aliens à la pelle. Cela semble justifié pour assurer notre survie et celle de la galaxie mais j’ai toujours eu mal pour mes persos de les voir confronter aux violences de la guerre et aux drames qui l’accompagnent se semblant pas avoir d’autre choix. Perso, c’était bien virtuel mais j’en ai pourtant tué des mouchoirs!! xD C’est dans ce sens-là que je dis que la violence ne devrait jamais être une solution de facilité et toujours déranger comme cela m’a dérangé dans ce jeu même si l’histoire était prenante, je dois bien l’admettre. Mais dans ma partie pragma, dans le 3, comme vous pour GTA5, je n’ai pas trouvé de justification aux traitrises et à la violence auxquelles a eu recours ma Shepard. Comme je l’ai détestée!! :/ Mais moi je trouve ça sain d’être dérangée ainsi. Et dans ma partie concil, j’étais dérangée d’envoyer ma Shepard au casse pipe, c’était trop violent pour moi aussi.
    Et dans un autre genre dans Guild Wars 2, pas un membre de ma guilde ne s’est pas fichu de ma tronche car j’étais incapable de tuer les mobs blancs, ceux qui ne demandaient rien à personne comme des petits lapinoux blancs!! xD ( je vous ai prévenu que j’étais un cas xD ) Ben non, la violence pour moi n’est pas un recours facile ou fun même lorsque c’est virtuel et encore moins quand il ne semble y avoir aucune justification. =)
    Ainsi, pour moi, la violence ne devrait vraiment n’être qu’un dernier recours ultime de la fin de tous les recours (et quand il n’y a plus d’espoir, on appelle Capitaine Flam!! xD ). Et je pense qu’elle devrait être présentée comme telle et surtout pas comme quelque chose de naturel et allant de soit ou de possiblement distrayant. Et même si le denier recours ne peut être que violence, il devrait être mûrement réfléchi et présenté ainsi. La violence draine dans son sillage quoi qu’il arrive des drames et cela, on ne devrait jamais l’oublier.
    Donc oui, je pense qu’il est de la responsabilité de chacun de faire en sorte qu’on se rappelle que la violence n’est pas quelque chose de normal peu importe sur quel support elle nous est présentée. Cela éviterait par exemple qu’un jeune meurt parce qu’il ne voulait pas passer une clope à un inconnu qui a pensé que cela méritait naturellement un coup de canif mortel parce que noyé dans une violence ordinaire. On ne tue pas pour une clope il me semble. Cet inconnu aurait dû en avoir conscience, pourquoi ne l’a-t-il pas eu?

    1. Clément Le Hyaric (Pixelpirate)
      Pixelpirate
      23 septembre 2015 à 10 h 38 min

      Amen !

  6. Tunkasina
    Tunkasina
    23 septembre 2015 à 20 h 13 min

    J’ai bien apprécié l’article, tant sur le fond que la forme, c’est très bon !

    Un point me fait cependant hausser le sourcil :
    ” Je suis convaincu que le jeu vidéo, au même titre que la littérature, le cinéma, ou la musique, ne rend pas violent. ”

    J’ai envie de dire, “en effet, mais on ne peut pas nier que cela est totalement neutre sur nos comportement ou notre perception du monde”.

    Un article sur la question, en forme de note de synthèse des travaux de recherches réalisés, m’a pour ma part fait énormément réfléchir :

    http://liberalisme-democraties-debat-public.com/spip.php?article131

    Voilà, j’espère que cela pourra apporter au débat.

  7. cKei
    cKei
    24 septembre 2015 à 11 h 06 min

    “Je ne demande pas beaucoup. Juste une justification quelconque capable d’expliquer pourquoi le personnage que l’on me propose d’incarner agit comme il agit”
    –> “Le type est fou. Point barre”

    Voilà la justification. Contrairement aux autres héros des GTA, TRévor n’est pas juste un type normal vaguement criminel dont les exactions meurtrières ne sont finalement que des dommages collatéraux à son but, causées par le joueur lui-même. Je me souviens avoir lu un papier présentant trévor comme l’avatar révé pour le joueur, et c’est exactement ça. Avec lui, plus de dissonance entre le personnage et ses agissements puisque sa psyché est à l’image des désirs bac-à-sable du joueur de GTA, qui va rouler sur un piéton pour le plaisir, détruire une voiture à coup de roquette pour un refus de priorité ou voler un avion pour aller cherche sa petite amie. Il est là pour ça, lui, contrairement aux deux autres.

    Après je comprends que le personnage ne passe pas, mais ça n’a pas grand rapport avec la violence ou la surenchère pour moi. C’est juste qu’il arrive qu’on se pose des questions même sur des choses pour lesquelles ont a habituellement des affinités vidéoludiques, simplement parce qu’à un moment on fait une indigestion. Quelque chose qui nous paraissait normale ne passe plus.

    Pour moi ces derniers temps, c’est le ecchi dans le JRPG. Je vais être honnête, certains de mes manga préférés appartiennent totalement à ce genre-là, je pense à Love Hina notamment. Sur pas mal de jeux, le fan-service même bas du front ne me dérange pas. Seulement je veux que ça soit justifié un minimum, original et/ou drôle et pas seulement racoleur. Or ces dernières années plus ça va moins ça va.

    J’avais poussé un mini-coup de gueule sur Agarest 2, même si je savais que le genre s’y prêtait et que ça jouait là dessus. J’avais aussi expliqué dans mon test de Demon Gaze (http://www.jeuxvideo.com/test/411160/demon-gaze.htm) pourquoi je trouve que le fan service dessert le jeu, sans toutefois vouloir qu’on le place trop en vue.
    Et dernièrement c’est celui de Sword Art Online Re: Hollow Fragment qui m’a un peu ulcéré. Non qu’il soit plus crade que les autres, je dirais que c’est du très basique (la fille qui tombe sur le héros, le harem etc.). Le problème étant qu’il remplace purement et simplement toute phase un tant soit peu narrative, c’est la seule interaction qui vous soit offerte durant tout le jeu. Tu pars sur une scène avec un personnage, c’est pour qu’elle se retrouve trempée et obligée de s’enrouler dans une serviette comme de par hasard. C’est vraiment le degré zéro de l’imagination, le stéréotype même de l’animation japonaise no-brain. Et ça ça me gonfle…

  8. Theo
    Theo
    24 septembre 2015 à 18 h 09 min

    Selon moi, pour qu’un jeu devienne un hit, il faut y incorporér une idée de délire. Prenez Skyrim par exemple, qui n’a jamais voulu foncer dans le tas et faire un massacre ? Même chose avec GTA et la ribambelle de policiers à chaque coin de rue.

    C’est cette petite pincée de fun qui permet à un jeu de perdurer, car malgré qu’il y ait par moments la fin du jeu à cause d’un histoire, le coté fun permet de prolonger la durée de vie (Minecraft s’y prête très bien).

    Alors oui un jeu doit avoir un vrai scénario une bonne durée de vie, et tout le tsoin-tsoin, mais après avoir fini le jeu s’il reste encore quelque chose à faire on continuera sans doute à y jouer encore un peu.

  9. Stark
    Stark
    24 septembre 2015 à 23 h 08 min

    Dès qu’il y a le pegi 18 normalement nous savons ce qui peut nous attendre. Mais puisque tu cites GTA certains sont tellement ” obsédés ” par ce jeu que ça infecte leurs vies privées.

  10. Openyourmind
    Openyourmind
    25 septembre 2015 à 11 h 22 min

    Quote : ” Intéressant.

    Lorsque j’écris que j’ai besoin d’une justification, je ne souhaite pas justifier la violence mais la contextualiser. Un fou qui tue n’importe qui, sans logique est tout aussi flippant qu’un fou qui tue en suivant une certaine logique. Réalistiquement, je ne souhaite incarner ni l’un ni l’autre dans un jeu vidéo. ”

    => Mais quel est l’intérêt pour toi d’une contextualisation de la violence si ce n’est de la justifier? Est-ce simplement un goût pour l’approfondi, le background du jeu, des personnages?

    Dans ce cas j’ai peut-être mal compris ton opinion car ce n’est pas du tout ce que j’avais ressenti en lisant ton opinion. Qu’est-ce que tu reproches à Trevor spécifiquement, dans ce cas? Si Trevor, qui est un psychopathe sans idéologie en background, te dérange autant que, disons, n’importe quel héros issus d’un jeu de guerre pendant la seconde guerre mondiale contre les nazis, pourquoi avoir tant parlé de GTA V? Qu’est-ce qui fait dans ce cas que tu as eu cette “révélation” comme quoi le jeu vidéo allait trop loin?

    Quote : ” En fait, je ne souhaite tout simplement pas incarner de tueur qui s’en prend à des innocents.

    Je suppose donc que tout se résume à la victime, et non pas au tueur. Comme je l’explique dans ma réponse précédente, un criminel accepte implicitement les risques de son métier, dont celui de se faire abattre. Ce n’est pas le cas d’une victime innocente qui n’a rien demandé à personne.”

    => Intéressant. Tu affirmes que tu ne cherches pas à justifier la violence, mais les concepts même des gentils vs méchants, des coupables vs des innocents etc. ne sont-ils pas l’outil philosophique typique, classique, éternel permettant de justifier la violence?

    Lorsque les nazis se sont battus contre les forces alliées, penses-tu qu’ils se voyaient ( parlons de ceux qui n’étaient pas enrôlés de force mais qui agissaient par conviction ) comme des méchants, penses-tu qu’ils pensaient tuer des innocents? En réalité, la position de victime ou de monstre est foncièrement culturelle dès lors qu’elle est rattachée à une tentative de rationalisation des choses ( nazisme, stalinisme, massacre des indigènes dans le nouveau monde comme avec La controverse de Valladolid ), il n’y a, selon moi, que la violence gratuite qui arrive à convaincre tout le monde.

    En quoi est-ce que tu échappes à cette réalité en disant vouloir contextualiser, soit poser des méchants et des gentils, des coupables et des innocents, et non pas justifier la violence?

    Quote: ” La question de la désensibilisation est effectivement un point très intéressant. J’y ai beaucoup réfléchi en fin d’année dernière lorsque j’ai commencé à écrire cet article. J’avoue honteusement que cet élément m’a totalement échappé lorsque j’ai repris l’écriture il y a quelques jours pour finaliser le texte. Cette désensibilisation semble s’accélérer au fil des années avec des émissions de télé, des livres, des films et des jeux de plus en plus violents et/ou explicites. Les enfants d’aujourd’hui sont exposés à bien plus d’horreur que les enfants d’hier, et c’est un point qui m’inquiète. ”

    => J’en reviens à mon point principal, il y a une évolution quantitative de l’exposition à la violence, mais il y a également une évolution qualitative. Les jeux comme les émissions, les films sont de plus en plus manichéens ou profonds dans leur explication de la violence, et des jeux comme GTA V, qui sont justement plus “gratuits” sont fortement décriés, notamment par toi.

    Or, pour moi, c’est précisément ces jeux qui sont les moins dangereux. Toutes les critiques que tu as adressé à GTA V sont pour moi ses plus grandes qualités. Son côté superficiel parfois, sa surenchère d’autres fois sont les éléments parfaits qui font que la frontière entre le jeu vidéo et la réalité sont parfaitement visibles, car elles nous choquent.

    En revanche, dans un jeu qui se veut réaliste, ces frontières disparaissent, et la violence nous paraît alors plus tolérable. Je vais te donner un exemple très simple qui est absolument révélateur : L’armée US a développé pour former ses soldats des simulations de combat très réalistes qui sont des jeux vidéo et qui permettent donc aux recrues de s’habituer à la violence et sa pression, et au centre de ces simulations, il y a la contextualisation dont tu parles en la dissociant d’une quelconque justification de la violence.

    Cette contextualisation, c’est la mise en scène réaliste et tragique de terroristes à tuer, de ce qu’ils appellent l’axe du mal ( merci à Bush au passage ) comme force d’opposition à couvrir sous un tapis de bombe..

    Si la simulation était gratuite et infondée, elle ne serait pas aussi efficace, c’est ce qu’ont conclu les américains qui se sont penchés sur ce projet.

    A méditer.

    Quote : ” Je pense toutefois qu’il est possible de faire la distinction entre le réel et l’imaginaire. ”

    => Je le crois aussi, mais au plus la violence est banalisée, rationalisée, et au plus il est difficile de s’en émouvoir.

    Ensuite, les causes que tu cites ( déséquilibre psychologique initial etc ) existent, mais elles sont minoritaires à mon sens.

    Merci pour ta réponse. :)

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